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Musées Royaux du Cinquantenaire [Hrsg.]
Bulletin des Musées Royaux du Cinquantenaire — 11.1912

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No 2 (Février 1912)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24677#0019
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11e ANNÉE

PARAISSANT TOUS LES MOIS

N° 2. FÉVRIER 1912

BULLETIN

DES MUSÉES ROYAUX

DU CINQUANTENAIRE

(Antiquités, Industries d'Art, Art monumental et décoratif. Armes et Armures, Ethnographie)

A BRUXELLES

Ce bulletin sert d'organe à la Société des Amis des Musées royaux de l'État, à Bruxelles.

Il est distribué gratuitement aux Membres de la Société.

ABONNEMENTS :

Pour la Belgique . . 5 francs. — Pour l'étranger . . 6 fr. 50. — Le numéro . . 50 centimes.

FORME ET DÉCOR

Le système de l’ilote ivre dont usent avec per-
sévérance, sous des formes graphiques, les
ligues antialcooliques, ne semble pas avoir été
employé, consciemment du moins, dans le domaine
esthétique.

Trop nombreuses en sont cependant les appli-
cations involontaires, tant aux expositions des
beaux-arts, qu’aux expositions universelles. (Faut-
il rappeler la grande majorité des produits expo-
sés sous l’étiquette d’art industriel dans la Section
belge, de la dernière exposition de Bruxelles ?) Mais,
elles restent sans effet sur le grand public, chez
qui le goût est hésitant et fort mal dirigé, pour ne
pas dire plus.

A ce titre, elle est intéressante, la tentative de
M. Pazaurek, qui au Landesgewerbe Muséum de
Stuttgart, dont il est directeur, a créé une salle
des égarements du goût (Geschmackverwir-
rungen) (1).

Mais le tout n’est pas de déporter des objets
dans cette « chambre des horreurs » il faut encore
motiver son jugement (2), et c’est ce qu’a fait, dans
un cadre élargi, M . Pazaurek, en un livre fort
amusant et abondamment illustré (3).

(1) A Londres en i852, au Muséum of Manufacture, l’on
organisa là une salle analogue. Mais elle dut être fermée, à
la suite des protestations des fabricants qui y trouvèrent
leurs produits.

(2) “ La laideur n’est pas beaucoup plus facile â analyser
que la beauté », Bergson, Le Rire, p. 23.

(3) Guter und sclilechter Gesmack in Kunstgewerbe.
Stuttgart et Berlin. Deutsche Verlagsanstallt 1912.

Plusieurs centaines d’objets de tous pays et
de toutes époques y sont passés au crible d’un
jugement sévère. La matière mise en œuvre,
l’usage et la technique, la forme et l’ornemen-
tation, sont autant de points de vue qui dirigent
l’œil critique de l’auteur — et l’on peut recon-
naître qu’il a presque toujours raison. Certes ce
n’est pas sans regrets que Ton verra condamner
certains objets charmants, mais absurdes : dura
lex, sed lex et les lois esthétiques sont aussi
inflexibles que les autres.

Mais Ton peut se demander si M. Pazaurek ne
les a pas appliquées dans des cas où elles n’avaient
que faire. Que diraient nos folkloristes si je leur
apprenais que l’auteur a des paroles sévères pour
les édiles bruxellois, qui, en permettant d’habiller
de sa grande tenue le plus vieux bourgeois de
Bruxelles, violeraient à la fois le bon goût et la
décence? Cela est peut-être vrai, mais qui a parlé
de goût et de décence à ce propos?

L’on m’a conté que naguère, à Tantah, ville
populeuse du Delta du Nil, Ton promenait, par
les rues, à de certaines fêtes, un grand manequin
d’osier, cousin de nos géants, mais qu’un attribut
volumineux et mobile, désignait à toute personne
quelque peu versée dans l’histoire des religions
antiques, comme un descendant direct du dieu
égyptien Min. Cela faisait la joie de la population
indigène sans distinction de sexe ni d’âge, et l’édi-
fication des égyptologues. Un beau jour de fête,
débarqua à Tantah un jeune officier anglais, qui
venait prendre le commandement de la police
locale et qui n’avait que des rapports très vagues
avec « l’hiérologiecomparée ». Il rencontra le dieu
 
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