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La chronique des arts et de la curiosité — 1867

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Nr. 170 (3 février)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26659#0046
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36

LA CHRONIQUE DES ARTS

maculer sur le dos les unes des autres. Vous
cherchez vainement ce léger relief de la taille qui
accroche la lumière et fait miroiter les noirs.
Cette maudite encre est devenue pâle, mourante,
jaunâtre. L’huile qui la saturait s’est bue dans le
papier, et les parties de noir de fumée qu’elle
tenait en suspens n’étant point assez homogènes
ne donnent plus qu’un ton sans vigueur et sans
couleur!

Et cependant, quel merle rare qu’une belle
épreuve sur papier du Japon ou sur vergé hollan-
dais! Les dilettanti de la collection savent seuls
quelles bassesses le plus honnête homme ferait
pour l’obtenir et quelles sueurs il essuierait pour
la poursuivre 1

Troublé, mais non découragé, nous portions
d’imprimerie en imprimerie quelques cuivres que
nous a confiés M. H. Leys, et nous recevions avec
humilité les reproches mérités qu’il nous ren-
voyait d’Anvers en échange de nos expéditions
d’épreuves d’essai. Nous racontions nos douleurs
à tous les échos. Même nous en parlions à notre
ami Seymour Haden qui, pour plus de garanties,
fit imprimer son œuvre, chez lui, à Londres,
avec ses encres, sa presse et ses papiers merveil-
leux, par un ouvrier fort intelligent de l’atelier
d’Auguste Delâtre.

Voici ce que Seymour Iladen nous a répondu.

« Mon cher ami, ce n’est pas le noir, c’est
l’huile qui est mauvaise à Paris. Ce n’est qu’à
moitié brûlé et encore c’est mauvais.

« Voici les proportions dans lesquelles je pré-

pare mes encres.

Noir de Boujou.. 2/3

« de Francfort. 1/6

« Léger. 1/6

« De l’huile bien brûlée, assez pour faire une
encre très-ferme. L’exacte proportion et la con-
sistance de l’huile dépendent en grande partie
de la saison. En hiver, il faut une huile plus
mince et en été plus épaisse. C’est une affaire
d’observation, et cela dépend aussi de l’état de la
planche. Achetez vos noirs à Paris et vos huiles
en Angleterre. »

Et maintenant si quelqu’un de nos clients con-
naît une recette meilleure que celle-ci, après l’a-
voir expérimentée, nous le prions instamment de
nous l’envoyer, car, nous ne l'apprendrons à per-
sonne, la qualité matérielle, intime, d’une eau-
forte, indue singulièrement sur la valeur absolue
de cette œuvre d’art.

Ph. B.

EXPOSITION DES AMIS DES ARTS DE LYON.

L’Exposition des Amis-des-Arts est ouverte au
public depuis samedi. Je voudrais bien de tout I

mon cœur me tromper, et je serais heureux que
ma première impression méritât d’être rangée
dans la catégorie des âneries des critiques, car
après une première visite au salon annuel de la
Société, j’ai eu le regret de constater que l’en-
semble des œuvres envoyées par les artistes était
ou paraissait sensiblement inférieur à la moyenne
des années précédentes.

Peu de tableaux marquants qui appellent l’at-
tention, qui sollicitent la critique, mais en revan-
che une foule de toiles où domine la plus franche
médiocrité. Il y a à ce fait une explication. Les
artistes les plus aimés du public ont réservé leurs
forces pour la grande Exposition parisienne. Ils
ne se sont pas amusés à détailler, pour ainsi dire,
leurs productions. Ils ont préféré se concentrer
pour frapper un grand coup. Nous connaissons
plusieurs artistes très-bien notés qui n’ont pas
voulu, cette fois, nous donner la mesure de leur
talent que l’on pourra mieux et plus complète-
ment apprécier au palais des Champs-Elysées.

Il est à espérer, d’ailleurs, que Si l’approche
de l’Exposition universelle et sa coïncidence avec
l’Exposition artistique ont déterminé peintres et
sculpteurs à travailler pour une scène plus vaste
que notre salon lyonnais, et si, par conséquent,
nous sommes obligés, cette année, de nous con-
tenter de l’à peu près que l’on veut bien nous
laisser, l’année prochaine nous aurons la contre-
partie de cette maigre exhibition. 11 y aura un
srrrcrobbd’envois intéressants qui enrichiront sin-
gulièrement le salon de la Société, ainsi, du
reste, que cela arriva en 1856, où le reflux de la
grande exhibition de l’année précédente avait
rempli le palais Saint-Pierre d’une foule d’œuvres
marquantes soit en peinture, soit en sculpture.
Signalons en attendant, et au pas de course, les
diverses productions qui frappent tout d’abord
les yeux.

M. Tissot a un grand tableau représentant le
Départ de l'Enfant prodigue, où il a largement
donné carrière à ses goûts archaïques.

MM. Corot et Français sont représentés cha-
cun par un paysage qui ne répond guère à la
réputation de ces deux maîtres.

En revanche, M. Antigna a deux beaux pen-
dants, un Mendiant breton et une Jeune ber-
gère. Il est grand dommage que la Société des
Amis des Arts ne soit pas assez riche pour les
acquérir tous deux, tout aussi dommage qu’il
soit difficile de les séparer.

M. Comte nous montre un corps de garde au
xvnc siècle, peinture finie et léchée. M. Comte
n’est guère le peintre des soudards.

Parmi les Lyonnais, MM. Allemand et Appian
ont de bons paysages. M. Carrey a exposé une
nature morte d’une force de couleur étonnante.
 
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