ET DE LA CURIOSITE
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res principales sont suffisamment conservées pour
montrer ud artiste habile et s'attachant à rendre
minutieusement les moindres traits du visage et
tous les plis des vêtements. La couleur claire et
légère n'est pas sans présenter quelque analogie
avec le portrait de Guillaume de Montmorency,
conservé au musée du Louvre, dont la tête est
traitée avec le même sentiment exact et naïf.
L'intérêt particulier de ces tableaux se trouve
dans les accessoires qui accompagnent les deux
sujets et qui nous ont conservé l'aspect de la vieille
cité, berceau de notre capitale, vers la fin du
xve siècle. Dans le premier panneau, le saint
évèque est placé sur les degrés d'un édifice de style
roman qui n'est autre que l'église Saint-Jean-le-
Rond; le peuple, auquel il adresse ses exhortations,
et au premier rang duquel est le catéchumène que
nous retrouverons plus tard dans la piscine avec
la couronne en tête, est répandu sur Ja place du
parvis ; à la suite se trouvent les trois porches de
Notre-Dame, dont les détails, quoique sommaire-
ment indiqués,sont très facilement reconnaissables;
devant la porte Sainte-Anne, un possédé est se-
couru par les assistants et un prêtre sortant de la
cathédrale ; de l'autre côté du parvis sont les bâti-
ments de l'ancien Hôtel-Dieu, avec leurs grandes
baies ogivales ; entre les deux édifices est une voie
conduisant au quai, sur le parapet duquel est ac-
coudé un flâneur; au delà on aperçoit les édifices
de l'Université et, dans le fond, la tour de l'abbaye
de Sainte-Geneviève, alors surmontée de la flèche
qu'elle a perdue depuis. La cérémonie du baptême
se passe dans l'intérieur de la cathédrale, près de
la porte centrale, dont les vantaux en bois sculpté,
on sait qu'ils n'avaient pas reçu de pentures en
fer forgé, sont ouverts pour laisser apercevoir le
revers du trumeau central et la place du Parvis.
Au-dessus de la cuve en pierre où le roi est plongé
et près de laquelle se tiennent des courtisans et
une femme, est représenté le buffet d'orgues avec
des curieux, que le peintre s'est permis de faire
dévier de l'axe central où il devait être pour le
reporter vers la droite. Le fond du tableau est
occupé par un graud édifice à pignon aigu et à
cheminée élevée, accompagné d'une large porte
d'entrée et d'une tourelle d'angle, dans lequel il
faut peut-être reconnaître le palais de justice, an-
cienne résidence royale, préférablement aux con-
structions de la place qui ne semblent pas avoir
jamais eu cette importance, bien que les anciens
plans indiquent l'existence d'une tourelle au dé-
bouché de la rue Saint-Pierre-aux-Bœufs, sur la
place du Parvis.
Il est évident que l'auteur de ces peintures, dont
on retrouvera probablement la destination primi-
tive, habitait Paris, et qu'il y travaillait vers les
dernières année du xve siècle. Les costumes des
personnages présentent trop de rapports avec les
miniatures de la fin du règne de Charles VIII ou
du commencement de Louis XII pour qu'il soit
possible de leur fixer une autre date On ne con-
naissait jusqu'ici qu'un seul tableau représentant
l'aspect de Paris dans les dernières années du
moyen-âge, le rétable du palais de justice exécuté
sous Louis XL; les deux.panneaux de la collection
Beurnonville viendront désormais prendre place
entre celte œuvre magistrale et le retable de Saint-
Germain -des-Prés, aujourd'hui déposé au Louvre
qui ne remonte pas au delà des premières années
du xvie siècle. Nous ajouterons que ces peintures
avaient figuré dans la collection de M. le comte
Lestang-Parade d'Aix, vendue en 1882, avant d'être
acquisesparM.de Beurnonville; nous croyons
qu'elles font actuellement partie du cabinet d'un
amateur parisien, M. Watel.La dimension de cha-
cun de ces panneaux est de 62 centimètres de
hauteur sur 48 centimètres de largeur.
De Ciiampeaux.
NÉGROLO GIE
Notre collaborateur M. Maxime Lalanue vient
d'avoir la douleur de perdre son père, Antoine
Lalanne, ancien greffier de la Cour d'appel de
Bordeaux, décédé à l'âge de 84 ans. M. Lalanne
est l'auteur d'un petit poème didactique, intitulé
« Le Billard ». Cette brochure, publiée vers 1865,
a pour frontispice une eau-forte de Maxime
Lalanne.
M. Alessandro Castellani, l'archéologue
bien connu, vient de mourir à Portici. M. Castel-
lani s'était adonné aux recherches archéologiques,
et il avait commencé à former cette merveilleuse
collection de bijoux anciens que connaissent tous
les amateurs de l'Europe.
La mort de M. Castellani sera vivement ressenti»
dans toute la colonie française de Rome, car les
élèves de l'Académie aussi bien que les artistes et
les écrivains de passage en Italie étaient assurés
de trouver toujours dans son bel hôtel de la « via
Poli » l'accueil le plus cordial.
M. Jacob Felsing, le célèbre graveur alle-
mand, est mort récemment; il était né le 22 juillet
1802. Fils et petit-fils de graveurs, il embrassa ia
profession de son père et étudia successivement
à Milan, à Rome et à Parme, où il eut pour
maître le célèbre graveur Toschi. Il vint ensuite à
Paris et se lia particulièrement avec le baron
Desnoyers. De retour à Darmstadt, il devint
directeur de l'Ecole des beaux-arls de cette ville,
puis graveur de la cour. Il appartenait à l lnstitut
de France depuis 1854.
Parmi les remarquables planches de M. Fel-
sing, nous citerons particulièrement : le Christ
au jardin des Oliviers, d'après Carlo Dolce ; la
Madone, d'André del Sarte ; le Joueur de violon,
d'après Raphaël ; la Sai?ite Famille d'Overbek et le
Salvalor mundi de Léonard de Vinci.
Le Duc de Ripalda, vient de mourir à Rome.
On sait qu'il était propriétaire du palais de la
Farnésine et que, de son vivant, la villa du Tibre
était dilfiolement accessible aux visiteurs. Il faut
espérer, dans l'intérêt de l'art, qu'il en sera autre-
ment dans l'avenir.
-«sCXX*»--
BIBLIOGRAPHIE
Une Cigale au Salon de 1883, par Emmanuel Ducros.
Un vol. in-8° de 160 pages, illustré de dessins
hors texte et dans le texte. L. Baschet, éditeur.
Il faut vraiment qu'un poète ait une grande
chaleur d'imagination pour trouver matière à
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res principales sont suffisamment conservées pour
montrer ud artiste habile et s'attachant à rendre
minutieusement les moindres traits du visage et
tous les plis des vêtements. La couleur claire et
légère n'est pas sans présenter quelque analogie
avec le portrait de Guillaume de Montmorency,
conservé au musée du Louvre, dont la tête est
traitée avec le même sentiment exact et naïf.
L'intérêt particulier de ces tableaux se trouve
dans les accessoires qui accompagnent les deux
sujets et qui nous ont conservé l'aspect de la vieille
cité, berceau de notre capitale, vers la fin du
xve siècle. Dans le premier panneau, le saint
évèque est placé sur les degrés d'un édifice de style
roman qui n'est autre que l'église Saint-Jean-le-
Rond; le peuple, auquel il adresse ses exhortations,
et au premier rang duquel est le catéchumène que
nous retrouverons plus tard dans la piscine avec
la couronne en tête, est répandu sur Ja place du
parvis ; à la suite se trouvent les trois porches de
Notre-Dame, dont les détails, quoique sommaire-
ment indiqués,sont très facilement reconnaissables;
devant la porte Sainte-Anne, un possédé est se-
couru par les assistants et un prêtre sortant de la
cathédrale ; de l'autre côté du parvis sont les bâti-
ments de l'ancien Hôtel-Dieu, avec leurs grandes
baies ogivales ; entre les deux édifices est une voie
conduisant au quai, sur le parapet duquel est ac-
coudé un flâneur; au delà on aperçoit les édifices
de l'Université et, dans le fond, la tour de l'abbaye
de Sainte-Geneviève, alors surmontée de la flèche
qu'elle a perdue depuis. La cérémonie du baptême
se passe dans l'intérieur de la cathédrale, près de
la porte centrale, dont les vantaux en bois sculpté,
on sait qu'ils n'avaient pas reçu de pentures en
fer forgé, sont ouverts pour laisser apercevoir le
revers du trumeau central et la place du Parvis.
Au-dessus de la cuve en pierre où le roi est plongé
et près de laquelle se tiennent des courtisans et
une femme, est représenté le buffet d'orgues avec
des curieux, que le peintre s'est permis de faire
dévier de l'axe central où il devait être pour le
reporter vers la droite. Le fond du tableau est
occupé par un graud édifice à pignon aigu et à
cheminée élevée, accompagné d'une large porte
d'entrée et d'une tourelle d'angle, dans lequel il
faut peut-être reconnaître le palais de justice, an-
cienne résidence royale, préférablement aux con-
structions de la place qui ne semblent pas avoir
jamais eu cette importance, bien que les anciens
plans indiquent l'existence d'une tourelle au dé-
bouché de la rue Saint-Pierre-aux-Bœufs, sur la
place du Parvis.
Il est évident que l'auteur de ces peintures, dont
on retrouvera probablement la destination primi-
tive, habitait Paris, et qu'il y travaillait vers les
dernières année du xve siècle. Les costumes des
personnages présentent trop de rapports avec les
miniatures de la fin du règne de Charles VIII ou
du commencement de Louis XII pour qu'il soit
possible de leur fixer une autre date On ne con-
naissait jusqu'ici qu'un seul tableau représentant
l'aspect de Paris dans les dernières années du
moyen-âge, le rétable du palais de justice exécuté
sous Louis XL; les deux.panneaux de la collection
Beurnonville viendront désormais prendre place
entre celte œuvre magistrale et le retable de Saint-
Germain -des-Prés, aujourd'hui déposé au Louvre
qui ne remonte pas au delà des premières années
du xvie siècle. Nous ajouterons que ces peintures
avaient figuré dans la collection de M. le comte
Lestang-Parade d'Aix, vendue en 1882, avant d'être
acquisesparM.de Beurnonville; nous croyons
qu'elles font actuellement partie du cabinet d'un
amateur parisien, M. Watel.La dimension de cha-
cun de ces panneaux est de 62 centimètres de
hauteur sur 48 centimètres de largeur.
De Ciiampeaux.
NÉGROLO GIE
Notre collaborateur M. Maxime Lalanue vient
d'avoir la douleur de perdre son père, Antoine
Lalanne, ancien greffier de la Cour d'appel de
Bordeaux, décédé à l'âge de 84 ans. M. Lalanne
est l'auteur d'un petit poème didactique, intitulé
« Le Billard ». Cette brochure, publiée vers 1865,
a pour frontispice une eau-forte de Maxime
Lalanne.
M. Alessandro Castellani, l'archéologue
bien connu, vient de mourir à Portici. M. Castel-
lani s'était adonné aux recherches archéologiques,
et il avait commencé à former cette merveilleuse
collection de bijoux anciens que connaissent tous
les amateurs de l'Europe.
La mort de M. Castellani sera vivement ressenti»
dans toute la colonie française de Rome, car les
élèves de l'Académie aussi bien que les artistes et
les écrivains de passage en Italie étaient assurés
de trouver toujours dans son bel hôtel de la « via
Poli » l'accueil le plus cordial.
M. Jacob Felsing, le célèbre graveur alle-
mand, est mort récemment; il était né le 22 juillet
1802. Fils et petit-fils de graveurs, il embrassa ia
profession de son père et étudia successivement
à Milan, à Rome et à Parme, où il eut pour
maître le célèbre graveur Toschi. Il vint ensuite à
Paris et se lia particulièrement avec le baron
Desnoyers. De retour à Darmstadt, il devint
directeur de l'Ecole des beaux-arls de cette ville,
puis graveur de la cour. Il appartenait à l lnstitut
de France depuis 1854.
Parmi les remarquables planches de M. Fel-
sing, nous citerons particulièrement : le Christ
au jardin des Oliviers, d'après Carlo Dolce ; la
Madone, d'André del Sarte ; le Joueur de violon,
d'après Raphaël ; la Sai?ite Famille d'Overbek et le
Salvalor mundi de Léonard de Vinci.
Le Duc de Ripalda, vient de mourir à Rome.
On sait qu'il était propriétaire du palais de la
Farnésine et que, de son vivant, la villa du Tibre
était dilfiolement accessible aux visiteurs. Il faut
espérer, dans l'intérêt de l'art, qu'il en sera autre-
ment dans l'avenir.
-«sCXX*»--
BIBLIOGRAPHIE
Une Cigale au Salon de 1883, par Emmanuel Ducros.
Un vol. in-8° de 160 pages, illustré de dessins
hors texte et dans le texte. L. Baschet, éditeur.
Il faut vraiment qu'un poète ait une grande
chaleur d'imagination pour trouver matière à