LA CHRONIQUE DES ARTS
. Les reproductions en bronze comprendront:
Lieutenant-colonel Froidevaux, par Début,
6.000 fr.; le Travail, par Le Bourg, 5.500 fr.;
Y Aveugle et le Paralytique, de Michel, 7.000
francs.
Les reproductions en marbre comporteront
les suivantes : Y Abandonnée, de Vital Cornu,
7.C00 fr.; le Triomphe de la République, de
Dalou, 50.000 fr.; Une vieille histoire, de
Guglielmi, 8.000 fr.; Daphws et Chloé, de
Guibert, 1^.000 fr.; YUno avulso non déficit
aller, de Tony Noël, 18.000 fr.
Un amateur, M. Constantini, a donne
dernièrement au musée du Louvre une statue
de Pigalle, connue sus le nom de YEnfant à
la cage. Cette statue est placée dans la salle
de Bernard Palissy.
sur le mot « églomisé »
Dans son excellente notice sur les verreries
de la collection Spitzer (dernier numéro de la
Gazette des Beaux-Arts), M. Edouard Gar-
nier, parlant des verres dits églomisés, men-
tionne — avec réserves et sous bénéfice d'in-
ventaire — l'étymologie de ce déplorable
barbarisme que j'ai signalée dans la Gazette
du 1er janvier dernier.
J'en demande pardon à mon confrère, mais
l'origine de ce mot singulier, qui a longtemps
tourmenté les Saumaises modernes, est au-
jourd'hui parfaitement établie
Tous les amateurs du xvin6 siècle connais-
sent Remy et Orlomy, les deux experts les plus
occupés de leur temps. Ce dernier, qui s'inti-
tule « dessinateur, au coin des rues de Bour-
bon et -S. Claude, » était, en outre, un enca-
dreur fort habile. Les deux exr erts, après avoir
été associés, s'étaient séparés dans d'assez
mauvais termes et ne manquaient pas, à l'oc-
casion, d'entretenir le public de leurs petites
querelles. Ainsi, le sieur Glomy ayant avancé
(catalogue de Bailly) que son ancien associé
« n'avait d'autre part à ce travail que d'avoir
donné la mesure des tableaux », Remy s'em-
presse de riposter (catalogue de Julienne) : a Je
n'imiterai pas M. Glomy; la preuve que je
prends plaisir à lui rendre justice, c'est que je
m'en fais un d'annoncer ici au public qu'il est
un des premiers pour coller les dessins et
pour les ajuster avec des filets de papier
doré. »
En réalité, la spécialité de Glomy consistait
à encadrer le verre de filets peints et dorés sur
le verre lui-même, à Venvers. Ce nouvel ar-
rangement eut tant de succès auprès des ama-
teurs, qu'on lui donna le nom de son inven-
teur; on disait glomiser ou èglomiser un des-
sin, une estampe, c'est-à-dire l'encadrer sous
verre à la façon de Glomy. M. Alfred Darcel
m'a signalé une note, insérée dans Y Intermé-
diaire, tome XIV, col. 5l/i, par un correspon-
dant anonyme qui signe C S: « J'ai une aqua-
relle, sous verre, qui est entourée d'un enca-
drement.noir bordé de filets d'or. Ces filets
ont été peints à l'envers du verre, ainsi que
la bande noire, au vernis d'or et au vernis
noir ; il y a au bas, écrit à la pointe sèche
dans le noir: Eglomisé par Hoeth, à Lyon.
Le mot se rencontre quelquefois orthographié
églomissé. »
Voilà donc le mot entré dans l'argot des
marchands, et passant de Paris à Lyon. Or,
c'est précisément à Lyon que M. Carrand père
l'a imprimé, en 18215, je crois. Ayant à décrire
dans un catalogue, des verres peints et dorés à
Venvers au moyen âge, il a pris, sans pus de
façons, le mot qu'il avait sous ^amain, qui ser-
vait à désigner un procédé à peu près analogue,
et dont il ignorait lui-même l'origine toute
moderne.
Patronné par Carrand, le vocable a fait for-
tune; il s'est naturalisé chez les amateurs, le
catalogue du musée de Cluny lui a fait une si-
tuation officielle, et les Italiens, en l'écrivant
agglomizzato, lui ont donné je ne sais quelle
tournure archaïque qui lui sied à merveille et
lui assure un avenir.
Edmond BonnaffÉ.
Quelques expositions à Londres
Trois expositions d'importance secondaire ont
presque simultanément ouvert leurs portes à Lon-
dres : ce sont celles deM. Wallis(the French Gallery),
de MM. Foothet de M. Mac-Lean. La majorité des
tableaux exposés sont d'origine étrangère, sans ex-
clure cependant entièrement l'école anglaise,et ainsi
ces expositions offrent, cette année , un intérêt
particulier en mettant sous les yeux de l'amateur
des échantillons assez caractéristiques de la plu-
part des écoles actuelles Ce ne sont pas, il est
vrai, des exemples importants ; mais, néanmoins,
la comparaison est fort intéressante. A la French
Gallery, c'est l'école de Munich qui a dominé, re-
présentée par Kaulbach, Leibl, le paysagiste Garl
Heffner, etc. Du premier il y a un grand portrait
en pied d'une dame en toilette sombre, la main
appuyée sur un grand chien. Cette toile est appe-
lée à avoir un certain succès en Angleterre, car ce
peintre a su fort bien exprimer l'élégance et la
distinction de son modèle. La pose et l'arrange-
ment général rappellent Van Dyck. Là cependant
doivent s'arrêter le^ éloges, car le faire manque
de franchise et de largeur, la couleur est désa-
gréable et la tête manque absolument de physiono-
mie. Leibl expose une toile représentant trois pay-
sannes agenouillées dans une église, dans laquelle
il s'efforce d'imiter la manière de l'éço e flamande
de la fin du xve siècle. Cela rappelle d'assez loin
A.Legros, qui a traité un sujet analogue avec bien
plus de sentiment et de dignité. Le paysagiste
Heffner, de Munich, est momentanément très à la
mode à Londres. Il expose1, comme d'habitude, une
grande quantité de toiles représentant plu3 ou
moins le même sujet : un pays plat et maréca-
geux couvert d'eau, d'où émergent, de loin en
loin, des îlots couverts d'arbres et de verdure, le
tout vu sous un ciel d'un gris transparent. Toutes
ces toiles sont dessinées et arrangées avec beau-
coup d'habileté et très soigneusement peintes. Au
premier abord on est frappé par l'étrangeté du
sujet; mais oh s'aperçoit bientôt que "tout cela
n'est pas senti et que le peintre est resté froid de-
. Les reproductions en bronze comprendront:
Lieutenant-colonel Froidevaux, par Début,
6.000 fr.; le Travail, par Le Bourg, 5.500 fr.;
Y Aveugle et le Paralytique, de Michel, 7.000
francs.
Les reproductions en marbre comporteront
les suivantes : Y Abandonnée, de Vital Cornu,
7.C00 fr.; le Triomphe de la République, de
Dalou, 50.000 fr.; Une vieille histoire, de
Guglielmi, 8.000 fr.; Daphws et Chloé, de
Guibert, 1^.000 fr.; YUno avulso non déficit
aller, de Tony Noël, 18.000 fr.
Un amateur, M. Constantini, a donne
dernièrement au musée du Louvre une statue
de Pigalle, connue sus le nom de YEnfant à
la cage. Cette statue est placée dans la salle
de Bernard Palissy.
sur le mot « églomisé »
Dans son excellente notice sur les verreries
de la collection Spitzer (dernier numéro de la
Gazette des Beaux-Arts), M. Edouard Gar-
nier, parlant des verres dits églomisés, men-
tionne — avec réserves et sous bénéfice d'in-
ventaire — l'étymologie de ce déplorable
barbarisme que j'ai signalée dans la Gazette
du 1er janvier dernier.
J'en demande pardon à mon confrère, mais
l'origine de ce mot singulier, qui a longtemps
tourmenté les Saumaises modernes, est au-
jourd'hui parfaitement établie
Tous les amateurs du xvin6 siècle connais-
sent Remy et Orlomy, les deux experts les plus
occupés de leur temps. Ce dernier, qui s'inti-
tule « dessinateur, au coin des rues de Bour-
bon et -S. Claude, » était, en outre, un enca-
dreur fort habile. Les deux exr erts, après avoir
été associés, s'étaient séparés dans d'assez
mauvais termes et ne manquaient pas, à l'oc-
casion, d'entretenir le public de leurs petites
querelles. Ainsi, le sieur Glomy ayant avancé
(catalogue de Bailly) que son ancien associé
« n'avait d'autre part à ce travail que d'avoir
donné la mesure des tableaux », Remy s'em-
presse de riposter (catalogue de Julienne) : a Je
n'imiterai pas M. Glomy; la preuve que je
prends plaisir à lui rendre justice, c'est que je
m'en fais un d'annoncer ici au public qu'il est
un des premiers pour coller les dessins et
pour les ajuster avec des filets de papier
doré. »
En réalité, la spécialité de Glomy consistait
à encadrer le verre de filets peints et dorés sur
le verre lui-même, à Venvers. Ce nouvel ar-
rangement eut tant de succès auprès des ama-
teurs, qu'on lui donna le nom de son inven-
teur; on disait glomiser ou èglomiser un des-
sin, une estampe, c'est-à-dire l'encadrer sous
verre à la façon de Glomy. M. Alfred Darcel
m'a signalé une note, insérée dans Y Intermé-
diaire, tome XIV, col. 5l/i, par un correspon-
dant anonyme qui signe C S: « J'ai une aqua-
relle, sous verre, qui est entourée d'un enca-
drement.noir bordé de filets d'or. Ces filets
ont été peints à l'envers du verre, ainsi que
la bande noire, au vernis d'or et au vernis
noir ; il y a au bas, écrit à la pointe sèche
dans le noir: Eglomisé par Hoeth, à Lyon.
Le mot se rencontre quelquefois orthographié
églomissé. »
Voilà donc le mot entré dans l'argot des
marchands, et passant de Paris à Lyon. Or,
c'est précisément à Lyon que M. Carrand père
l'a imprimé, en 18215, je crois. Ayant à décrire
dans un catalogue, des verres peints et dorés à
Venvers au moyen âge, il a pris, sans pus de
façons, le mot qu'il avait sous ^amain, qui ser-
vait à désigner un procédé à peu près analogue,
et dont il ignorait lui-même l'origine toute
moderne.
Patronné par Carrand, le vocable a fait for-
tune; il s'est naturalisé chez les amateurs, le
catalogue du musée de Cluny lui a fait une si-
tuation officielle, et les Italiens, en l'écrivant
agglomizzato, lui ont donné je ne sais quelle
tournure archaïque qui lui sied à merveille et
lui assure un avenir.
Edmond BonnaffÉ.
Quelques expositions à Londres
Trois expositions d'importance secondaire ont
presque simultanément ouvert leurs portes à Lon-
dres : ce sont celles deM. Wallis(the French Gallery),
de MM. Foothet de M. Mac-Lean. La majorité des
tableaux exposés sont d'origine étrangère, sans ex-
clure cependant entièrement l'école anglaise,et ainsi
ces expositions offrent, cette année , un intérêt
particulier en mettant sous les yeux de l'amateur
des échantillons assez caractéristiques de la plu-
part des écoles actuelles Ce ne sont pas, il est
vrai, des exemples importants ; mais, néanmoins,
la comparaison est fort intéressante. A la French
Gallery, c'est l'école de Munich qui a dominé, re-
présentée par Kaulbach, Leibl, le paysagiste Garl
Heffner, etc. Du premier il y a un grand portrait
en pied d'une dame en toilette sombre, la main
appuyée sur un grand chien. Cette toile est appe-
lée à avoir un certain succès en Angleterre, car ce
peintre a su fort bien exprimer l'élégance et la
distinction de son modèle. La pose et l'arrange-
ment général rappellent Van Dyck. Là cependant
doivent s'arrêter le^ éloges, car le faire manque
de franchise et de largeur, la couleur est désa-
gréable et la tête manque absolument de physiono-
mie. Leibl expose une toile représentant trois pay-
sannes agenouillées dans une église, dans laquelle
il s'efforce d'imiter la manière de l'éço e flamande
de la fin du xve siècle. Cela rappelle d'assez loin
A.Legros, qui a traité un sujet analogue avec bien
plus de sentiment et de dignité. Le paysagiste
Heffner, de Munich, est momentanément très à la
mode à Londres. Il expose1, comme d'habitude, une
grande quantité de toiles représentant plu3 ou
moins le même sujet : un pays plat et maréca-
geux couvert d'eau, d'où émergent, de loin en
loin, des îlots couverts d'arbres et de verdure, le
tout vu sous un ciel d'un gris transparent. Toutes
ces toiles sont dessinées et arrangées avec beau-
coup d'habileté et très soigneusement peintes. Au
premier abord on est frappé par l'étrangeté du
sujet; mais oh s'aperçoit bientôt que "tout cela
n'est pas senti et que le peintre est resté froid de-