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La chronique des arts et de la curiosité — 1891

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Nr. 27 (8 Août)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19739#0223
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ET DE LA CURIOSITÉ

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L'administration du British Muséum
vient de remettre au gouvernement son rap-
port pour l'année 1890. Elle se plaint que les
visiteurs se fassent de plus en plus rares dans
tes galeries contenant les admirables marbres
du Parthénon et les collections égyptiennes.
Par contre, la salle de lecture est encombrée,
et le musée zoologique devient de plus en plus
populaire, ainsi que la salle des autographes.

Les achats ont été nombreux. Le départe-
ment des imprimés a acquis, entre autres
ouvrages curieux, un exemplaire très rare
des lettres de Sixte IV à la république de
Venise, édité en Angleterre en U83 ; il a
acheté, à la vente du baron Seillière, un vieux
roman de chevalerie espagnol, Caballero Pla-
tir, dont il est question dans 'Bon Quichotte.
Quant aux manuscrits, ils se sont enrichis
d'un trésor d'une valeur inappréciable : le
texte de la Constitution d'Athènes, ouvrage
attribué à Aristote qu'on croyait à jamais
perdu, Mais le département le plus heureux
est, parait-il, celui de l'histoire naturelle : il a
enlevé à l'Allemagne la plus belle collection
d'araignées du monde entier: 10.000araignées,
dans le plus parfait état de conservation, ré-
parties en 2.000 espèces différentes. Emin-Pa-
cha lui a fait également des envois nombreux
et intéressants de mammifères de l'Afrique
centrale encore inconnus.

Un nouveau Rembrandt au Mauritshuijs

M. A. Bredius vient d'acquérir pour le Musée
royal de La Haye un portrait signé : Rembrandt
f. 1650. qui, sorti en 1808 de la galerie Lebrun,
était passé en Angleterre. Il faisait encore partie,
l'an dernier, de la riche collection de M. Charles
Robinson. Le personnage représenté dans ce ta-
bleau est en buste et tourné de trois quarts à
droite du spectateur. 11 ressemble beaucoup à
Rembrandt, mais avec des différences dans les
traits qui ne permettent pas d'erreur. M. Bode
croit pouvoir l'identifier avec Adriaen Harmentz,
un des frères de Rembrandt, né en 1597 ou 1598.
L'hypothèse est très probablement vraie, étant
donné que ce type se retrouve plusieurs fois dans
l'œuvre gravé ou peint de Rembrandt. En tout
cas, le portrait est une étude vivement faite, d'une
exécution large et libre. On ne peut que féliciter
le directeur d'avoir su l'acquérir pour le musée
dont il a déjà renouvelé la décoration et aug-
menté les richesses. E. D.-Gr.

Qui est Rembrandt?

(Suite et fin.)

II nous paraît évident que toute la partie his-
torique et psychologique du livre de M. Lautner
est sortie de la constatation imaginaire des signa-
tures. Si, réellement, les chefs-d'œuvre de Rem-
brandt devaient être attribués à F. Bol de par
les signatures, un peu d'imagination suffisait
pour prouver qu'a priori il ne pouvait pas en
être autrement.

M. Lautner no craint pas Va priori, la méthode
déductive, qui est si bien à sa place dans les
matliémathiques ou dans les branches les plus
avancées de la physique, mais qui n'a rien à
faire avec des sciences plus compliquées, l'his-
toire, par exemple. Rien n'est plus facile que ce
procédé; rien n'est plus dangereux. M. Lautner ad-
mire beaucoup une œuvre qui nous parait seule-
ment agréable et secondaire, le Sonne de Jacob,
de F. Bol, au Musée de Dresde. Pour lui, ce ta-
bleau est un des ouvrages les plus considérables
que l'art hollandais ait jamais produits; non-
settleïnerit il y voit au plus haut degré toutes les
qualités pittoresques : composition, dessin, cou-
leur clair-obscur, mais encore, l'artiste ayant mis
dans le fond du tableau une vague forme symbo-
lique de croix au lieu de l'échelle traditionnelle,
M. Lautner en conclut que c'est l'œuvre d'un « pro-
fond penseur, d'un grand poète, d'une imagina-
tion puissante » et « par conséquent » d'un homme
qui a dû « beaucoup, beaucoup produire ». Or, il
ne reste que 60 à 70 ouvrages de Bol; donc,
l'œuvi e de Bol a passé sous un faux nom, celui
de Rembrandt.

Même chose pour le caractère du grand hol-
landais. Il a vendu, en 16:2, après sa faillite, le
morceau do terrain où sa femme était enterrée
depuis vingt ans; donc, c'est un homme sans
cœur. Il a tardé cinq ans à remettre un tableau
dont le prix lui était payé d'avance, donc c'était
un «vulgaire trompeur». En conséquence, M. Laut-
ner accepte, en les exagérant encore, toutes les
histoires qu'au xvm" siècle ou a racontées sur
Rembrandt; en revanche, il laisse de côté les té-
moignages des contemporains qui louaient son
désintéressement, la libéralité avec laquelle il
prêtait ses costumes et même ses dessins, la
bonté poussée jusqu'à l'extravagance que lui
attribue Baldinucci.

Au point de vue psychologique, le livre de
M. Lautner pèche donc par la base. Pour le juger
au point de vue historique, résumons sa théorie
concernant la Ronde de Nuit.

D'après lui, la Ronde de Nuit n'est pas de
Rembrandt. Celui-ci avait fait, on le sait, un ta-
bleau qui a été longtemps dans la salle du Tir
des Arquebusiers, et c'est J. Van Dijk qui, ayant
restauré la Ronde de Nuit, a confondu les deux
tableaux. Van Dijk, en 1758, parle de la mutila-
tion do la toile nettoyée comme d'un fait très an-
cien, dont personne n'avait conservé le souvenir
et dont il ne s'est aperçu que par la comparaison
avec « l'esquisse originale », preuve que la Ronde
de Nuit était depuis très longtemps à l'Hôtel-de-
Ville; elle ne peut avoir rien de commun avec le
tableau de Rembrandt, qui n'avait pas quitté le
Tir des Arquebusiers en 1748, « comme le prouve »
une gravure de Fokke.

Du reste, Frans Banning Gock n'a jamais pu
être peint par Rembrandt pour le Tir des Arque-
busiers, car « il n'a jamais été capitaine des ar-
quebusiers ». Un tableau aujourd'hui au Rijks-
Museum, peint en 1653 par Van der Helst,
représentait les quatre syndics de St-Sébastien,
c'est-à-dire du Tir des archers, parmi lesquels
Frans Banning Gock. Celui-ci ne pouvait pas être
du Tir des arquebusiers, puisqu'il était du Tir
des archers... Donc, si la liste de noms de la
Ronde de Nuit est vraie, « le tableau n'est pas de
Rembrandt », puisqu'il représenterait une compa-
 
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