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LA CHRONIQUE DES ARTS
de France; cette citation ne diffère de celle que
j'ai faite que par un seul mot : j'ai écrit tués et
M. Maindron écrit liés. Ma citation a été em-
pruntée à l'ouvrage de l'abbé P. Decagny sur
l'Arrondissement de Péronne (1844, p. 515-517 ;
2° éd., 1867, II, 522-525). L'auteur, né à Nesle,
ayant passé une grande partie de sa longue exis-
tence aux environs de cette ville, était mieux
placé que tout autre pour étudier ce point d'his-
toire ; au reste, il déclare que ses extraits « ont
été copiés sur le texte même du manuscrit nota-
rié. » J'espère pouvoir vérifier ce texte moi-même
très prochainement.
Je maintiens donc ce que j'ai dit dans ma pre-
mière note.
Quant à l'accusation qui m'est faite d'avoir
« altéré le texte pour les besoins de la cause »,
je ne la relèverai pas. Je n'ai aucun intérêt per-
sonnel dans cette question que M. Maindron a
soulevée. Au surplus, je me réserve de traiter
ailleurs le point d'histoire avec tous les dévelop-
pements qu'il comporte.
Aldus Ledieu.
Académie des Inscriptions
Antiquités assyriennes. — M. Oppert continue
la lecture de son étude sur un document assyrien
du quinzième siècle avant notre ère, relatif au
roi Adadnirar
Il donne la traduction de ce monument, le com-
mente et rectifie sur plusieurs points les inter-
prétations qui en ont déjà été publiées.
Antiquités chaldéennes. — M. Heuzey entre-
tient l'Académie de quelques monuments chal-
déens provenant des récentes découvertes de
M. de Sarzec, qu'il a étudiées au Musée de Con-
stantinople. Ce sont d'abord des statuettes magi-
ques du très ancien roi Our-Nina. Ces figurines
sont en cuivre ; elles reproduisent des bustes de
femmes terminés en pointe. M. de Sarzec les a
trouvées plantées directement dans le sol et sou-
tenant sur leurs têtes des tablettes votives en
pierre. Elles étaient évidemment destinées à tenir
en respect les esprits infernaux ou du monde
inférieur.
M. Glermont-Ganneau entretient l'Académie
d'un sujet assez nouveau : Les portiers ou plutôt
les portières dans l'antiquité. Ge savant rappelle
qu'un auteur du septième siècle appelé Barbarus
nous a donné sur la Passion du Christ des dé-
tails curieux, entre autres le nom de la portière
qui, par son indiscrète question, provoqua le
reniement de saint Pierre. Elle s'appelait Ballia,
paraît-il, nom qui signifie celle qui demande!
M. Glermont-Ganneau montre que ce mot a
une étymologie grecque, Badcia, et que Baàia est
l'exacte transcription d'un mot syriaque qui
signifie également « celle qui demande».
^ Il ressort de cela que la portière de l'antiquité
était tout au moins indiscrète, si elle n'était pas
déjà quémandeuse.
M. Glermont-Ganneau mentionne plusieurs au-
tres détails du récit de la Passion par Barbarus,
dont plusieurs s'écartent quelque peu des récits
canoniques.
En l'absence du secrétaire perpétuel, M. Maxi-
min Deloche donne lecture de la correspondance.
Elle comprend une lettre du Ministre de l'Ins-
truction publique annonçant à l'Académie qu'il
vient de conférer l'exécution du buste de M. Al-
fred Maury au statuaire G.-J. Thomas. Il prie la
compagnie de bien vouloir désigner deux de ses
membres chargés de fournir à l'artiste tous les
renseignements qui lui seront nécessaires et
d'examiner ce travail après son achèvement.
— M. Maximin Deloche commence la lecture
de la première partie d'un mémoire sur le port
des anneaux dans l'antiquité romaine et durant
le Moyen Age.
Le savant archéologue expose en commençant
la législation et les usages en vigueur à diverses
époques de l'antiquité romaine.
L'anneau de fer fut réservé d'abord à ceux qui
s'étaient signalés à la guerre par une action
d'éclat ou bien à ceux qui avaient rendu à l'Etat
un service important; plus tard, il devint le pri-
vilège des patriciens, des chevaliers et des magis-
trats.
Quand, dans la suite, l'usage des bagues se fut
généralisé, le métal employé servit de signe
clistinctif à chaque catégorie de citoyens ; la nais-
sance détermina la nature des métaux. Les mé-
taux les plus précieux étaient réservés aux ingé-
nu i : les sénateurs et les chevaliers eurent seuls
le droit d'avoir des anneaux d'or; la plèbe avait
des anneaux de fer.
Les affranchis émirent bientôt la prétention de
porter de l'or. Une Constitution de l'empereur
Justinien leur conféra ce droit. Cet état de choses
dura tout le temps de la domination romaine.
Dans la prochaine séance, M. Maximin Deloche
continuera la lecture de son intéressante commu-
nication.
La séance s'est terminée par la lecture, faite
par M. Glermont-Ganneau, de quelques notes sur
certains noms de villes de la Palestine.
NÉCROLOGIE
M. Louis Julien dit Jules Franceschi, le
sculpteur bien connu, a succombé vendredi der-
nier à Paris, aux suites d'une longue maladie, à
l'âge de soixante-huit ans. Né de parents italiens
à Bar-sur-Aube, le 11 janvier 1825, il se fit
naturaliser de bonne heure et fut élève de Rude
et de l'Ecole des Beaux-Arts.
Il a exposé souvent. Citons : Jeune berger
soignant un chien malade, groupe de plâtre
(1850) ; Mieceslas Kamienski tué à Magenta,
statue en bronze destinée à son tombeau au cime-
tière Montmartre (1861); Danaïde, marbre; le
Réveil, plâtre (1869), dont le marbre a reparu au
Salon de 1873; Mort du commandant Baroche
au Bourg et (1874), bas-relief destiné à l'église
du Bourget. Citons parmi ses bustes celui de Mme
Garvalho, en marbre, en 1878.
M. Franceschi avait obtenu une médaille de
troisième classe en 1861, deux autres médailles
en 1864 et 1869; il était décoré depuis 1874. Son
talent facile et gracieux lui avait conquis la faveur
du public. 11 laisse un fils et deux tilles, MMmcs
Adrien Poiré et Henri Grauney, qui toutes deux
étaient élèves de leur père et ont exposé au Salon
des Champs-Elysées.
LA CHRONIQUE DES ARTS
de France; cette citation ne diffère de celle que
j'ai faite que par un seul mot : j'ai écrit tués et
M. Maindron écrit liés. Ma citation a été em-
pruntée à l'ouvrage de l'abbé P. Decagny sur
l'Arrondissement de Péronne (1844, p. 515-517 ;
2° éd., 1867, II, 522-525). L'auteur, né à Nesle,
ayant passé une grande partie de sa longue exis-
tence aux environs de cette ville, était mieux
placé que tout autre pour étudier ce point d'his-
toire ; au reste, il déclare que ses extraits « ont
été copiés sur le texte même du manuscrit nota-
rié. » J'espère pouvoir vérifier ce texte moi-même
très prochainement.
Je maintiens donc ce que j'ai dit dans ma pre-
mière note.
Quant à l'accusation qui m'est faite d'avoir
« altéré le texte pour les besoins de la cause »,
je ne la relèverai pas. Je n'ai aucun intérêt per-
sonnel dans cette question que M. Maindron a
soulevée. Au surplus, je me réserve de traiter
ailleurs le point d'histoire avec tous les dévelop-
pements qu'il comporte.
Aldus Ledieu.
Académie des Inscriptions
Antiquités assyriennes. — M. Oppert continue
la lecture de son étude sur un document assyrien
du quinzième siècle avant notre ère, relatif au
roi Adadnirar
Il donne la traduction de ce monument, le com-
mente et rectifie sur plusieurs points les inter-
prétations qui en ont déjà été publiées.
Antiquités chaldéennes. — M. Heuzey entre-
tient l'Académie de quelques monuments chal-
déens provenant des récentes découvertes de
M. de Sarzec, qu'il a étudiées au Musée de Con-
stantinople. Ce sont d'abord des statuettes magi-
ques du très ancien roi Our-Nina. Ces figurines
sont en cuivre ; elles reproduisent des bustes de
femmes terminés en pointe. M. de Sarzec les a
trouvées plantées directement dans le sol et sou-
tenant sur leurs têtes des tablettes votives en
pierre. Elles étaient évidemment destinées à tenir
en respect les esprits infernaux ou du monde
inférieur.
M. Glermont-Ganneau entretient l'Académie
d'un sujet assez nouveau : Les portiers ou plutôt
les portières dans l'antiquité. Ge savant rappelle
qu'un auteur du septième siècle appelé Barbarus
nous a donné sur la Passion du Christ des dé-
tails curieux, entre autres le nom de la portière
qui, par son indiscrète question, provoqua le
reniement de saint Pierre. Elle s'appelait Ballia,
paraît-il, nom qui signifie celle qui demande!
M. Glermont-Ganneau montre que ce mot a
une étymologie grecque, Badcia, et que Baàia est
l'exacte transcription d'un mot syriaque qui
signifie également « celle qui demande».
^ Il ressort de cela que la portière de l'antiquité
était tout au moins indiscrète, si elle n'était pas
déjà quémandeuse.
M. Glermont-Ganneau mentionne plusieurs au-
tres détails du récit de la Passion par Barbarus,
dont plusieurs s'écartent quelque peu des récits
canoniques.
En l'absence du secrétaire perpétuel, M. Maxi-
min Deloche donne lecture de la correspondance.
Elle comprend une lettre du Ministre de l'Ins-
truction publique annonçant à l'Académie qu'il
vient de conférer l'exécution du buste de M. Al-
fred Maury au statuaire G.-J. Thomas. Il prie la
compagnie de bien vouloir désigner deux de ses
membres chargés de fournir à l'artiste tous les
renseignements qui lui seront nécessaires et
d'examiner ce travail après son achèvement.
— M. Maximin Deloche commence la lecture
de la première partie d'un mémoire sur le port
des anneaux dans l'antiquité romaine et durant
le Moyen Age.
Le savant archéologue expose en commençant
la législation et les usages en vigueur à diverses
époques de l'antiquité romaine.
L'anneau de fer fut réservé d'abord à ceux qui
s'étaient signalés à la guerre par une action
d'éclat ou bien à ceux qui avaient rendu à l'Etat
un service important; plus tard, il devint le pri-
vilège des patriciens, des chevaliers et des magis-
trats.
Quand, dans la suite, l'usage des bagues se fut
généralisé, le métal employé servit de signe
clistinctif à chaque catégorie de citoyens ; la nais-
sance détermina la nature des métaux. Les mé-
taux les plus précieux étaient réservés aux ingé-
nu i : les sénateurs et les chevaliers eurent seuls
le droit d'avoir des anneaux d'or; la plèbe avait
des anneaux de fer.
Les affranchis émirent bientôt la prétention de
porter de l'or. Une Constitution de l'empereur
Justinien leur conféra ce droit. Cet état de choses
dura tout le temps de la domination romaine.
Dans la prochaine séance, M. Maximin Deloche
continuera la lecture de son intéressante commu-
nication.
La séance s'est terminée par la lecture, faite
par M. Glermont-Ganneau, de quelques notes sur
certains noms de villes de la Palestine.
NÉCROLOGIE
M. Louis Julien dit Jules Franceschi, le
sculpteur bien connu, a succombé vendredi der-
nier à Paris, aux suites d'une longue maladie, à
l'âge de soixante-huit ans. Né de parents italiens
à Bar-sur-Aube, le 11 janvier 1825, il se fit
naturaliser de bonne heure et fut élève de Rude
et de l'Ecole des Beaux-Arts.
Il a exposé souvent. Citons : Jeune berger
soignant un chien malade, groupe de plâtre
(1850) ; Mieceslas Kamienski tué à Magenta,
statue en bronze destinée à son tombeau au cime-
tière Montmartre (1861); Danaïde, marbre; le
Réveil, plâtre (1869), dont le marbre a reparu au
Salon de 1873; Mort du commandant Baroche
au Bourg et (1874), bas-relief destiné à l'église
du Bourget. Citons parmi ses bustes celui de Mme
Garvalho, en marbre, en 1878.
M. Franceschi avait obtenu une médaille de
troisième classe en 1861, deux autres médailles
en 1864 et 1869; il était décoré depuis 1874. Son
talent facile et gracieux lui avait conquis la faveur
du public. 11 laisse un fils et deux tilles, MMmcs
Adrien Poiré et Henri Grauney, qui toutes deux
étaient élèves de leur père et ont exposé au Salon
des Champs-Elysées.