N* 30. — 1893
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT Ll SAMEDI MATIN
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
PARIS ET DÉPARTEMENTS I
Un an. .7......12 fr. | Six mois.........8 fr.
CONCOURS ET EXPOSITIONS
Exposition Universelle de 1900
Rapport aie Président de la République
française
Monsieur le Président.
Un décret du 13 juillet 1892 a décidé l'ouver-
ture à Paris, en 1900, d'une Exposition univer-
selle des œuvres d'art et des produits indus-
triels.
Peu après, mon honorable prédécesseur,
M. Jules Roche, a institué, par arrêté du 5 no-
vembre 1892, une Commission préparatoire
ayant pour mission d'étudier les moyens pro-
pres à réaliser la future Exposition.
Cette Commission sera sans doute bientôt
en mesure de se prononcer sur les questions
qui lui ont été soumises, c'est-à-dire sur le
choix de remplacement, sur le programme
général des constructions et sur le régime
financier de l'entrepiise.
Malgré le délai qui nous sépare de la fin du
siècle, il me paraît utile de fixer dès aujour-
d'hui, dans ses grandes lignes, l'organisation
des services de l'Exposition. En effet, l'impor-
tance exceptionnelle de l'œuvre, les difficultés
auxquelles peut donner lieu la conservation
partielle des monuments du Champ-de-Mars,
les problèmes délicats qui se rattachent aux
voies d'accès et de transport, quel que doive
être l'emplacement choisi pour nos grandes
assises pacifiques de 1900, tout exige une pé-
riode d'élaboration plus longue que lors des
précédentes Expositions.
Les dispositions que j'ai l'honneur de sou-
mettre à votre haute approbation sont dictées
par l'expérience du passé. Elles reproduisent
celles de 1889, sauf quelques changements qui
portent en eux-mêmes leur justification.
Comme en 1889, les services seraient placés
sous l'autorité du Ministre du Commerce, de
l'Industrie et des Colonies. Mais, suivant la
tradition pour ainsi dire constante, qui n'a été
interrompue qu'une fois, ils auraient à leur
tête un commissaire général doté de pouvoirs
étendus et d'une large initiative. Sans porter
atteinte à l'action essentielle du Ministre, res-
ponsable devant le Parlement, l'institution du
commissariat général assurerait plus complè-
tement l'unité de direction et l'esprit de suite
indispensables au succès ; elle établirait mieux
l'harmonie entre les diverses parties d'un or-
gane éminemment complexe par sa nature
même et par les éléments dont il est formé ;
elle dégagerait le chef d'un département mi-
nistériel qui voit son rôle s'élargir incessam-
ment et auquel sont attachés des devoirs in-
compatibles avec le souci des détails d'une
exposition.
La répartition des services diffère peu de
celle qui a fait ses preuves en 1889. Il me suf-
fira de signaler la division des travaux en
deux groupes distincts correspondant: l'un à
l'architecture, l'autre à l'art de l'ingénieur.
L'homme éminent n'est plus qui, grâce à un
savoir, à un talent et à une autorité indiscu-
tables, avait su réunir et diriger l'ensemble
des travaux de la dernière Exposition. On
peut se demander où seraient les épaules as-
sez robustes pour porter un tel fardeau.
Parallèlement aux services actifs, une Com-
mission supérieure, une sorte de grand Con-
seil apporterait au gouvernement le concours
de ses lumières et de ses avis pour les ques-
tions importantes qui lui seraient déférées par
le Ministre. Cette Commission supérieure,
très fortement constituée, se recruterait dans
les Chambres, le Conseil d'Etat, le Conseil gé-
néral de la Seine, le Conseil municipal de Pa-
ris, les Académies, la haute Administration,
les Chambres de commerce, les grands éta-
blissements de crédit, les corps savants, le
haut enseignement professionnel, les entre-
prises de transport, l'industrie des construc-
tions métalliques. Toutes les compétences,
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CONCOURS ET EXPOSITIONS
Exposition Universelle de 1900
Rapport aie Président de la République
française
Monsieur le Président.
Un décret du 13 juillet 1892 a décidé l'ouver-
ture à Paris, en 1900, d'une Exposition univer-
selle des œuvres d'art et des produits indus-
triels.
Peu après, mon honorable prédécesseur,
M. Jules Roche, a institué, par arrêté du 5 no-
vembre 1892, une Commission préparatoire
ayant pour mission d'étudier les moyens pro-
pres à réaliser la future Exposition.
Cette Commission sera sans doute bientôt
en mesure de se prononcer sur les questions
qui lui ont été soumises, c'est-à-dire sur le
choix de remplacement, sur le programme
général des constructions et sur le régime
financier de l'entrepiise.
Malgré le délai qui nous sépare de la fin du
siècle, il me paraît utile de fixer dès aujour-
d'hui, dans ses grandes lignes, l'organisation
des services de l'Exposition. En effet, l'impor-
tance exceptionnelle de l'œuvre, les difficultés
auxquelles peut donner lieu la conservation
partielle des monuments du Champ-de-Mars,
les problèmes délicats qui se rattachent aux
voies d'accès et de transport, quel que doive
être l'emplacement choisi pour nos grandes
assises pacifiques de 1900, tout exige une pé-
riode d'élaboration plus longue que lors des
précédentes Expositions.
Les dispositions que j'ai l'honneur de sou-
mettre à votre haute approbation sont dictées
par l'expérience du passé. Elles reproduisent
celles de 1889, sauf quelques changements qui
portent en eux-mêmes leur justification.
Comme en 1889, les services seraient placés
sous l'autorité du Ministre du Commerce, de
l'Industrie et des Colonies. Mais, suivant la
tradition pour ainsi dire constante, qui n'a été
interrompue qu'une fois, ils auraient à leur
tête un commissaire général doté de pouvoirs
étendus et d'une large initiative. Sans porter
atteinte à l'action essentielle du Ministre, res-
ponsable devant le Parlement, l'institution du
commissariat général assurerait plus complè-
tement l'unité de direction et l'esprit de suite
indispensables au succès ; elle établirait mieux
l'harmonie entre les diverses parties d'un or-
gane éminemment complexe par sa nature
même et par les éléments dont il est formé ;
elle dégagerait le chef d'un département mi-
nistériel qui voit son rôle s'élargir incessam-
ment et auquel sont attachés des devoirs in-
compatibles avec le souci des détails d'une
exposition.
La répartition des services diffère peu de
celle qui a fait ses preuves en 1889. Il me suf-
fira de signaler la division des travaux en
deux groupes distincts correspondant: l'un à
l'architecture, l'autre à l'art de l'ingénieur.
L'homme éminent n'est plus qui, grâce à un
savoir, à un talent et à une autorité indiscu-
tables, avait su réunir et diriger l'ensemble
des travaux de la dernière Exposition. On
peut se demander où seraient les épaules as-
sez robustes pour porter un tel fardeau.
Parallèlement aux services actifs, une Com-
mission supérieure, une sorte de grand Con-
seil apporterait au gouvernement le concours
de ses lumières et de ses avis pour les ques-
tions importantes qui lui seraient déférées par
le Ministre. Cette Commission supérieure,
très fortement constituée, se recruterait dans
les Chambres, le Conseil d'Etat, le Conseil gé-
néral de la Seine, le Conseil municipal de Pa-
ris, les Académies, la haute Administration,
les Chambres de commerce, les grands éta-
blissements de crédit, les corps savants, le
haut enseignement professionnel, les entre-
prises de transport, l'industrie des construc-
tions métalliques. Toutes les compétences,