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La chronique des arts et de la curiosité — 1894

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Nr. 30 (22 Septembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19742#0248
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238

LA CHRONIQUE DES ARTS

étaient masquées par le terrain qui se relève
brusquement, ou par des degrés qui longeaient
la voie Sacrée et regagnaient le niveau du monu-
ment. A l’ouest, un terre-plain soutenu par un
mur polygonal formait en avant comme une pe-
tite place, reliée aussi à la route par des degrés.

Sur cette espèce de tour reposait un édifice en
forme de temple prostyle, qui avait sa façade
tournée du côté de l’ouest, seul accessible. C’était
encore un Trésor, et, à cette place, Pausanias
(X, 11, 2) indique précisément celui des Siph-
niens. L’identification est encore justifiée par
cette remarque d’Hérodote (III, 57) que le Trésor
des Siphniens était parmi les plus beaux et les
plus riches de Delphes. Or, outre que la situation
de celui-ci est merveilleuse au premier tournant
de la voie Sacrée, à l’angle d’une grande place
magnifiquement décorée, au sommet du mur
d’enceinte, les restes de sculptures décoratives
(ornements d’architecture, frise) donnent l’idée
d’un édifice élevé à grands frais et avec un sin-
gulier souci de la perfection.

Je ne connais pas de motifs d’architecture d’un
dessin plus gracieux et plus ferme, d’une plus
heureuse composition, d’une exécution plus ser-
rée et plus élégante que les oves, les chapelets de
perles, les rais de coeur qui surmontaient les
épistyles et les frises, que les rinceaux alternants
de palmettes et de lotus qui encadraient la porte.
C’est la perfection même de l’archaïsme finissant.
Des débris de cette décoration ont été recueillis
de tous les côtés du sanctuaire ; mais comme les
pièces entières n’ont été trouvées qu’autour du
Trésor des Siphniens, réparties sur les quatre
faces, que les morceaux d’angle gisent anx angles
de l’édifice, comme ils étaient tombés, on ne peut
avoir de doute sur leur provenance.

Un chantier supplémentaire a été ouvert en
juin-juillet dans l’espace compris entre la mai-
son 138 et la maison 169, qui est extérieur au
sanctuaire, paraissait libre de ruines et qu’on
destinait au Musée. En cet endroit a été déblayé
un tombeau gréco-romain, creusé dans le sol et
maçonné avec un escalier, deux caveaux voûtés
de très bel appareil et plusieurs sarcophages ;
mais il était depuis longtemps pillé.

Les fouilles ont mis au jour un ensemble très
compliqué de constructions qui ressemblent à des
maisons d’habitation, un grand aqueduc, des
puits et nombre de tombeaux taillés dans une
terre jaune et facile à travailler, mais de peu de
résistance et souvent éboulée. On a recueilli près
de l’aqueduc une charmante statue de bronze,
très oxydée malheureusement, du type du Dory-
phore, et un Apollon archaïque, en bronze d’une
belle patine, intact, sauf les avant-bras, haut de
40 centimètres et d’un style excellent ; dans les
puits, nombreux fragments de poteries ou de
bronzes (cuve de trépied, oiseau à tête humaine) ;
dans les tombeaux, presque tous dépouillés, à
part quelques objets : un vase à figures rouges
du iv° siècle, un lot de vases mycéniens, au nom-
bre de quarante, presque tous de la forme 50 de
Furtwængler. Ils sont vernis, décorés de raies
parallèles, d’ornements géométriques ; le plus
beau porte deux grandes octapodes d’un superbe
dessin, accompagnées d’ornements géométriques.
A côté se trouvaient une épée brisée, une dague

et une fibule d’un type représenté jusqu’ici par un
seul exemplaire.

Au dernier moment, on vient de découvrir, au
chantier du temple, une tête romaine, d’excel-
lente facture et intacte, sans une éraflure ; une
figurine de bronze et une grande statue d’Anti-
noüs en marbre, à laquelle il ne manque que les
bras, d’une préciosité rare d’exécution et encore
dans sa fleur.

Le Congrès des Orientalistes

Le dixième Congrès international des Orienta-
listes, qui s’est ouvert ces jours-ci à Genève, a été
très suivi. Près de six cents savants ont répondu
à l’appel du Comité. La France compte parmi
eux soixante-quinze membres, tous savants d’une
grande notoriété.

Parmi les lectures qui ont été faites, on a beau-
coup remarqué celie de M. Perrot, l’auteur de
Y Histoire de V Art dans V Antiquité, qui a traité
la question des inhumations et des incinérations
aux temps homériques ; il paraît, d’après l’éru-
dit écrivain, qu’à cette époque, les inhumations
étaient plus fréquentes que les incinérations.
M. de Morgan, directeur du service des Antiqui-
tés égyptiennes au Caire, a parlé des dernières
fouilles qui ont mis au jour des bijoux, des pier-
res pi’éeieuses, des statues, des instruments di-
vers et autres objets d’un haut intérêt. M. de
Morgan a donné ensuite quelques détails sur la
réorganisation projetée des Musées d’Egypte, sur
les publications entreprises avec le concours de
tous les égyptologues et sur l’activité de l’Institut
égyptien.

La Commission consultative du Congrès inter-
national des Orientalistes a désigné, à l’unani-
mité, Paris comme siège du prochain Congrès
qui se tiendra en 1897.

-xOOCoc-

Académie des Inscriptions

Séances des 7 et 14 septembre

Les Illustrations de l’Ancien Testament. —
M. Müntz continue la lecture de son travail sur
les «Illustrations de l’Ancien Testament dans les
oeuvres d’art appartenant aux premiers temps de
l’Eglise ».

Le cinquième siècle peut être appelé l’âge d’or
de la peinture biblique. Grâce aux nombreux
poèmes qui furent consacrés vers cette époque à
la Genèse, une foule d’épisodes auparavant in-
connus des Romains devinrent populaires aussi
bien en Italie qu’en Gaule. Plusieurs cycles im-
portants font connaître l’attitude prise par les
artistes vis-à-vis des souvenirs du peuple d’Is-
raël ; telles sont, entre autres, les mosaïques de
la basilique de Sainte-Majeure à Rome, exécutées
entre les années 432 et 440. M. Müntz constate
que ces compositions sont absolument indépen-
dantes (contrairement à l’opinion reçue) du célè-
bre poème de Prudence, le Dittochœon. Leurs
auteurs ont puisé directement dans la Bible ; de
 
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