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LA CHRONIQUE DES ARTS
clans la Creuse. Récemment encore on a mis
à jour une muraille semi-circulaire d'un dé-
veloppement de soixante-dix mètres environ
et indiquant vraisemblablement l'emplace-
ment d'un théâtre. On a découvert également
une statue représentant une divinité celtique
qui paraît être un « Dieu au marteau », dont
on peut admirer do rares spécimens aux anti-
ques du musée du Louvre.
*** Un Comité vient de se former sous la
présidence d'honneur de M. Georges Hoent-
schel, en vue d'ériger, par voie de souscrip-
tion publique, sur l'une des places d'Arquian
(Nièvre), le buste du céramiste Jean Carriès.
Les dons, souscriptions et adhésions (dont la
liste sera publiée), peuvent être adressés dès
maintenant au comité d'inauguration, présidé
par M. Edmond Frottier, maire d'Arquian.
**# Il sera fait à Florence, au printemps
prochain, au siège do la Société « Lconardo
da Vinci », les conférences suivantes :
Ëdmerido Solmi, Introduction, le 3 mars ;
— Marcel Reymond, Léonard et Verrocchio,
le 10 mars ; Ângelo Conti, Léonard peintre,
le 1,4 mars, et Léonard architecte, le 17 mars ;
Gabricle d'Annunzio, La vie intérieure de
IÂonard, le 84 mars ; — Antonio Favaro,
Léonard dans l'histoire des sciences expéri-
mentales, le 34 mars ; Renedctto Croce, Léo-
nard philosophe, le 4 avril ; — Isidoro del
Lungo, Léonard écrivain, le 7 avril ; — José-
pbin Péladan, Epilogue, le 10 avril.
Le texte de ces conférences sera réuni en
volume.
L'Inventaire des Biens des Églises
Une circulaire du 10 décembre et un décret du
20 décembre sont déjà venus expliquer et compléter
les dispositions do la loi de séparation promulguée
le 9 décembre, relatives aux objets d'art. Peut-être
n'est-ce pas les derniers éclaircissements dont on
aura besoin ]>our régler sans trouble, dans la pra-
tique, une question complexe.
La circulaire du 10 décembre, dont la Chronique a
publié le texte (1), avait pour objet essentiel de rap-
peler l'article 10 de la loi qui classe d'office, pour
une période do trois ans, les objets mobiliers et
d'ordonner le classement définitif de ceux qui ont
un intérêt artistique. Elle mentionnait en même
temps les sanctions établies par la loi do 1905, et
qui sont plus fortes que celles de la loi do 1887 sur
les monuments historiques.
Ces mesures ont pour effet de faire passer sous
la protection do la loi tous les objets, sans distinc-
tion, actuellement appartenant à l'État, aux dépar-
tements et aux communes, et l'on s'est demandé
s'il n'y avait pas quelque excès dans cette sauve-
garde uniforme d'ouvrages historiques et d'usten-
siles sans valeur. Y a-t-il intérêt, a-t-on dit, à im-
mobiliser trois ans un vase de fleurs artificielles ?
lin réalité il y aurait là quelque chose d'inutile-
ment rigoureux si le déclassement no pouvait se
faire avant les trois années prévues. La liste dos
objets classés établie par les soins des Monuments
(1) V. Chronique des Arts du 16 décembre 1905,
p. 326.
historiques est heureusement assez avancée pour
que dans bien des cas le travail se trouve simplifié.
Ouels sont, d'une mauière précise, les objets
mobiliers qui devront être classés '? La circulaire,
comme les articles 13 et 10 de la loi qu'elle vise,
parle uniquement des objets appartenant à l'Etat,
aux départements, aux communes. Elle no men-
tionne pas ceux appartenant aux fabriques. Gom-
ment distinguer les uns des autres d'après la légis-
lation antérieure à 1905 '.'
L'article 3 de la loi ordonne précisément qu'il
soit procédé à un inventaire des biens des églises
et le décret du 29 décembre fixe les conditions de
cet inventaire. C'est le personnel des Domaines qui
on sera chargé, et comme il serait insuffisant,
d'autres fonctionnaires des services financiers pour-
ront être commissionnés. Le décret détermine
quelles sont les personnes qui auront qualité pour
assister à l'inventaire, dans quel délai elles seront,
convoquées; il ajoute qu'une copie de l'inventaire
sera délivrée, sans frais, au représentant légal de
chaque établissement et que les intéressés pour-
ront prendre connaissance de l'original à la pré-
fecture. Il n'y a qu'à signaler ces dispositions fort
simples et à renvoyer, pour plus de détail, au texte
même du décret.
Mais les difficultés commencent dès que, lais-
saut de côté les questions de forme, on en arrive
à l'établissement de l'inventaire lui-même. Cet in-
ventaire, d'après la loi, sera descriptif et estimatif.
11 faudra donc que les agents des Domaines, qui
sont sans doute peu préparés à une pareille tâche,
fassent œuvre d'histoire d'abord, et ensuite d'ex-
pert. Pour peu que l'on connaisse la variété et la
richesse des tableaux, sculptures et objets de tous
genres qui remplissent les églises, on comprendra
que les inventaires seront longs à achever.
Mais admettons que ces inventaires soient plus des-
criptifs qu'estimatifs, admettons qu'on ne se mêle
pas de fixer la valeur de tel tableau d'église attribué
à Ghirlandajo, par exemple, et que l'on se contente,
pour faire vite, de chiffrés fort approximatifs. 11
restera encore, et ce sera le plus délicat, à séparer
ce qui appartient aux fabriques, — et ce qui appar-
tient aux communes, aux départements, à l'Etat.
11 ne faut pas se le dissimuler : on se trouvera
ici en présence de difficultés inextricables. 11 y
aura lieu, en effet, de distinguer, pour chaque
objet, si l'établissement ecclésiastique en avait la
jouissance ou si l'objet était la propriété de la
fabrique, de la mense, du consistoire. Point de
controverses pour ceux dos objets qui auront un
titre, qui auront été acquis à titre onéreux ou à
litre gratuit et pour lesquels il y aura des pièces
certaines. Mais il est trop clair que c'est l'excep-
tion, et que, dans un grand nombre de cas, les
biens des églises, la plupart très anciens, anté-
rieurs à la Révolution, sont confondus sans qu'on
ait d'indications précises sur leur provenance.
Comment se reconnaitra-t-on parmi celte diversité ?
La jurisprudence admet généralement que les
objets mobiliers devenus immeubles par destination
dans les conditions de l'article 524 du Code civil,
antérieurement à la restitution des édifices du culte,
sont à l'État ou aux communes. Elle admet aussi
que les objets mobiliers se trouvant dans les égli-
ses avant la restitution dos édifices du culte et
ayant une individualité propre et une valeur artis-
tique sont à l'État. En résumé, les autels, tribunes,
tableaux, statues sur socles, se trouvant en 1802
LA CHRONIQUE DES ARTS
clans la Creuse. Récemment encore on a mis
à jour une muraille semi-circulaire d'un dé-
veloppement de soixante-dix mètres environ
et indiquant vraisemblablement l'emplace-
ment d'un théâtre. On a découvert également
une statue représentant une divinité celtique
qui paraît être un « Dieu au marteau », dont
on peut admirer do rares spécimens aux anti-
ques du musée du Louvre.
*** Un Comité vient de se former sous la
présidence d'honneur de M. Georges Hoent-
schel, en vue d'ériger, par voie de souscrip-
tion publique, sur l'une des places d'Arquian
(Nièvre), le buste du céramiste Jean Carriès.
Les dons, souscriptions et adhésions (dont la
liste sera publiée), peuvent être adressés dès
maintenant au comité d'inauguration, présidé
par M. Edmond Frottier, maire d'Arquian.
**# Il sera fait à Florence, au printemps
prochain, au siège do la Société « Lconardo
da Vinci », les conférences suivantes :
Ëdmerido Solmi, Introduction, le 3 mars ;
— Marcel Reymond, Léonard et Verrocchio,
le 10 mars ; Ângelo Conti, Léonard peintre,
le 1,4 mars, et Léonard architecte, le 17 mars ;
Gabricle d'Annunzio, La vie intérieure de
IÂonard, le 84 mars ; — Antonio Favaro,
Léonard dans l'histoire des sciences expéri-
mentales, le 34 mars ; Renedctto Croce, Léo-
nard philosophe, le 4 avril ; — Isidoro del
Lungo, Léonard écrivain, le 7 avril ; — José-
pbin Péladan, Epilogue, le 10 avril.
Le texte de ces conférences sera réuni en
volume.
L'Inventaire des Biens des Églises
Une circulaire du 10 décembre et un décret du
20 décembre sont déjà venus expliquer et compléter
les dispositions do la loi de séparation promulguée
le 9 décembre, relatives aux objets d'art. Peut-être
n'est-ce pas les derniers éclaircissements dont on
aura besoin ]>our régler sans trouble, dans la pra-
tique, une question complexe.
La circulaire du 10 décembre, dont la Chronique a
publié le texte (1), avait pour objet essentiel de rap-
peler l'article 10 de la loi qui classe d'office, pour
une période do trois ans, les objets mobiliers et
d'ordonner le classement définitif de ceux qui ont
un intérêt artistique. Elle mentionnait en même
temps les sanctions établies par la loi do 1905, et
qui sont plus fortes que celles de la loi do 1887 sur
les monuments historiques.
Ces mesures ont pour effet de faire passer sous
la protection do la loi tous les objets, sans distinc-
tion, actuellement appartenant à l'État, aux dépar-
tements et aux communes, et l'on s'est demandé
s'il n'y avait pas quelque excès dans cette sauve-
garde uniforme d'ouvrages historiques et d'usten-
siles sans valeur. Y a-t-il intérêt, a-t-on dit, à im-
mobiliser trois ans un vase de fleurs artificielles ?
lin réalité il y aurait là quelque chose d'inutile-
ment rigoureux si le déclassement no pouvait se
faire avant les trois années prévues. La liste dos
objets classés établie par les soins des Monuments
(1) V. Chronique des Arts du 16 décembre 1905,
p. 326.
historiques est heureusement assez avancée pour
que dans bien des cas le travail se trouve simplifié.
Ouels sont, d'une mauière précise, les objets
mobiliers qui devront être classés '? La circulaire,
comme les articles 13 et 10 de la loi qu'elle vise,
parle uniquement des objets appartenant à l'Etat,
aux départements, aux communes. Elle no men-
tionne pas ceux appartenant aux fabriques. Gom-
ment distinguer les uns des autres d'après la légis-
lation antérieure à 1905 '.'
L'article 3 de la loi ordonne précisément qu'il
soit procédé à un inventaire des biens des églises
et le décret du 29 décembre fixe les conditions de
cet inventaire. C'est le personnel des Domaines qui
on sera chargé, et comme il serait insuffisant,
d'autres fonctionnaires des services financiers pour-
ront être commissionnés. Le décret détermine
quelles sont les personnes qui auront qualité pour
assister à l'inventaire, dans quel délai elles seront,
convoquées; il ajoute qu'une copie de l'inventaire
sera délivrée, sans frais, au représentant légal de
chaque établissement et que les intéressés pour-
ront prendre connaissance de l'original à la pré-
fecture. Il n'y a qu'à signaler ces dispositions fort
simples et à renvoyer, pour plus de détail, au texte
même du décret.
Mais les difficultés commencent dès que, lais-
saut de côté les questions de forme, on en arrive
à l'établissement de l'inventaire lui-même. Cet in-
ventaire, d'après la loi, sera descriptif et estimatif.
11 faudra donc que les agents des Domaines, qui
sont sans doute peu préparés à une pareille tâche,
fassent œuvre d'histoire d'abord, et ensuite d'ex-
pert. Pour peu que l'on connaisse la variété et la
richesse des tableaux, sculptures et objets de tous
genres qui remplissent les églises, on comprendra
que les inventaires seront longs à achever.
Mais admettons que ces inventaires soient plus des-
criptifs qu'estimatifs, admettons qu'on ne se mêle
pas de fixer la valeur de tel tableau d'église attribué
à Ghirlandajo, par exemple, et que l'on se contente,
pour faire vite, de chiffrés fort approximatifs. 11
restera encore, et ce sera le plus délicat, à séparer
ce qui appartient aux fabriques, — et ce qui appar-
tient aux communes, aux départements, à l'Etat.
11 ne faut pas se le dissimuler : on se trouvera
ici en présence de difficultés inextricables. 11 y
aura lieu, en effet, de distinguer, pour chaque
objet, si l'établissement ecclésiastique en avait la
jouissance ou si l'objet était la propriété de la
fabrique, de la mense, du consistoire. Point de
controverses pour ceux dos objets qui auront un
titre, qui auront été acquis à titre onéreux ou à
litre gratuit et pour lesquels il y aura des pièces
certaines. Mais il est trop clair que c'est l'excep-
tion, et que, dans un grand nombre de cas, les
biens des églises, la plupart très anciens, anté-
rieurs à la Révolution, sont confondus sans qu'on
ait d'indications précises sur leur provenance.
Comment se reconnaitra-t-on parmi celte diversité ?
La jurisprudence admet généralement que les
objets mobiliers devenus immeubles par destination
dans les conditions de l'article 524 du Code civil,
antérieurement à la restitution des édifices du culte,
sont à l'État ou aux communes. Elle admet aussi
que les objets mobiliers se trouvant dans les égli-
ses avant la restitution dos édifices du culte et
ayant une individualité propre et une valeur artis-
tique sont à l'État. En résumé, les autels, tribunes,
tableaux, statues sur socles, se trouvant en 1802