La chronique des arts et de la curiosité (1906)

N° 27. — 1906.

BUREAUX : 8, RUE FAVART (2C Arr.)

11 Août.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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PROPOS DU JOUR

* e déplorable incendie de Milan est
venu faire une fois encore la dé-

monstration du péril que courent
les œuvres d'art dans les Exposi-
tions. Des documents uniques ont été dé-
truits; des objets rares, appartenant aux sec-
tions italiennes et hongroises, sont à jamais
perdus, et, pour ne citer qu'un exemple, il ne
reste plus rien des plans ni de la maquette
de la cathédrale de Milan. Ce sont à la fois
des richesses d'art précieuses par leur beauté
et des monuments utiles à la critique et à
l'histoire qui disparaissent.

Une pareille épreuve doit être retenue. Les
pièces rares que les galeries particulières ou
les musées gardent jalousement contre le feu
et contre le vol ne sont pas faites pour être
livrées au hasard des expositions. Ni les
constructions, élevées hâtivement pour un
spectacle éphémère, ni les gardiens, assem-
blés au hasard et peu habitués souvent à la
tâche qui leur incombent ne sont des garan-
ties qui puissent suffire à autoriser un prêt.
Il y a quelque chose de paradoxal à confier
aux aventures multiples d'une exposition des
ouvrages que l'on s'empresse à l'ordinaire
d'environner de tous les soins possibles.

On dira que cette théorie, si elle élait appli-
quée rigoureusement, serait la ruine des
expositions. Elle peut être, en effet, excessive
lorsqu'il s'agit de collaborer à des manifesta-
tions installées dans des musées, par des
connaisseurs, avec toutes garanties, comme
celle de Bruges ou celle des Primitifs Fran-
çais, et en ce cas l'administration des Beaux-
Arts demeure, comme les particuliers, mai-
tresse de consentir des exceptions qu'elle sait
justifiées. La règle, cependant, doit être que
lé tableau, la statue, l'ouvrage et le document

rares restent au musée. S'il est besoin, les
reproductions photographiques et les fac-
similés peuvent compléter les séries consti-
tuées, où manquent certaines pièces, mais les
chefs-d'œuvre ne sont pas faits pour les asiles
improvisés de ces fêtes d'un jour qui sont
les expositions.

NOUVELLES

**# La promotion dans l'ordre de la Lé-
gion d'honneur du ministère de l'Instruction
publique et des Beaux-Arts à l'occasion du
14 juillet a paru au Journal Officiel le
3t juillet. Aux noms de MM. Le Sidaner,
Foéillon, Paul Dukas. M"10 RoseCaron et An-
toine Taravel dit Xavier Privas, il faut ajou-
ter ceux de MM. Anatole Perrault-Dabot, ins-
pecteur général adjoint des Monuments his-
toriques, Jean Laronzc, peintre, et Armand
Parent, violoniste, nommés également cheva-
liers de la Légion d'honneur.

M. Fallu de la Barrière, publiciste, conser-
vateur du château de la Malmaison, a été
promu officier de la Légion d'honneur.

Un autre décret a nommé chevalier de la
Légion d'honneur, à titre étranger, M. Maurice
Romberg, artiste peintre, sujet belge.

*** Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :

Le 29 juillet, à Paris, sous les arcades du
Théâtre-Français, à l'entrée de la galerie de
Nemours, un monument du critique Gustave
Larroumet, œuvre du sculpteur Paul Boussel
et de l'architecte Fétouillard-Pémoriane ;

Le 6 août, à Cluny (Saône-et-Loire), un
buste de Victor Duruy.

*** M. Jules Maciet vient de faire don au
musée du Louvre d'une pièce très rare : une
peinture de l'Anglais Charles Howard Hod-
ges, plus connu comme graveur: Fortran,
dhine femme âgée.