DOI Heft:
Nr. 29 (8 Septembre)
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.19761#0255
S» 29. - 19Û6. 'BURÉÀÛX : 8, kÛÉ FAVAR.T (2e Arr.) 8 Septen&rà
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l'abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements........... 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale)......... 15 £r«
Le isrurtxéro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
^Jf^JWTjN' groupe d'écrivains, d'amateurs
(jBftir^ et d'artistes réclame avec insis-
^•AzjN/JB tance depuis quelque temps le
î^àrs^V transfert de YOlympia de Manet
au Louvre. Cette campagne part assurément
d'intentions excellentes. Mais si le sentiment
l'explique, la raison la condamne.
Il est à peine besoin de dire que, ce n'est
pas l'idée de rendre un hommage à Manet qui,
prise en soi, est faite pour nous déplaire. Le
grand artiste a eu ici des admirateurs et des
défenseurs à l'époque où les uns ni les autres
n'étaient légion, et il en aurait encore s'il en
avait besoin. Mais pour lui les temps sont
révolus ; il est entré dans l'histoire, et l'ex-
position de ses œuvres qui était faite, il y a
quelques mois, achevait do le mettre à son
rang. L'Olympia, que l'on veut en toute hâte
arracher au Luxembourg, ira nécessairement
occuper un jour sa place au Louvre. On no
voit pas ce que la gloire de Manet gagnerait à
tant de précipitation. On voit, au contraire,
très clairement quel intérêt ordonne d'atten-
dre. Sans parler des difficultés secondaires
qui tiennent aux locaux et qui d'une toile
mise en valeur au Luxembourg feraient une
toile perdue au Louvre, il y a une différence
capitale entre le transfert qui se ferait au-
jourd'hui et celui qui se fera domain : c'est
qu'aujourd'hui l'Olympia entrerait au Lou-
vre seule; si elle attend, elle entrera avec tout
le groupe impressionniste.
La question passe de beaucoup l'intérêt
particulier d'une manifestation en l'honneur
d'un artiste. Parce que Manet a été, grâce à
la vigueur de sa personnalité, le représentant
éminent d'un groupe, ce n'est pas une raison
pour l'isoler de son temps, ni pour oublier la
loi historique qui d'âge en âge ouvre les
portes de notre Louvre à ceux qui, rappro-
chés les uns des autres, représentent une
époque. D'autres que Manet, pour qui no sont
pas encore accomplis les délais réglemen-
taires, ou ne s'est pas achevé complètement le
stage devant l'opinion publique, entreront un
jour avec lui et occuperont la même salle de
notre galerie nationale. Une sage méthode
conseille de ne pas séparer ce qui fait partie
d'un même ensemble, et de laisser quelque
temps encore l'Olympia au,Luxembourg. A
ceux qui auraient quelque regret de la mani-
festation projetée, la pensée doit venir que
les polémiques sont apaisées, que la victoire
a rendu les démonstrations inutiles, et que
nous sommes, à cette heure plus sereine où
la gloire étant venue, il en faut savoir attendre
du temps la consécration.
NOUVELLES
*** Le dimanche 2 septembre, ont été inau-
gurés: à Saint-Pantaléon de Larche (Corrèze)
un busto du général Couloumy et un mé-
daillon de l'académicien Féletz, dus au sculp-
teur Boverie;
A Plouaret (Côtes-du-Nord), un buste du
folkloriste Luzel, œuvre du sculpteur Jean
Boucher.
*** Une plaque eommémorative a été posée
récemment à Paris, sur la maison dans
laquelle mourut Puvis do Chavannes, 89, ave-
nue de Villiers.
*** Le Journal officiel du 25 août a publié
la liste des œuvres d'art achetées ou comman-
dées par l'Etat en 190G. Cette nomenclature,
qui comprend plus de 330 numéros, est trop
longue pour que nous puissions la reproduire.
D'ailleurs nous avons mentionné en leur
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PROPOS DU JOUR
^Jf^JWTjN' groupe d'écrivains, d'amateurs
(jBftir^ et d'artistes réclame avec insis-
^•AzjN/JB tance depuis quelque temps le
î^àrs^V transfert de YOlympia de Manet
au Louvre. Cette campagne part assurément
d'intentions excellentes. Mais si le sentiment
l'explique, la raison la condamne.
Il est à peine besoin de dire que, ce n'est
pas l'idée de rendre un hommage à Manet qui,
prise en soi, est faite pour nous déplaire. Le
grand artiste a eu ici des admirateurs et des
défenseurs à l'époque où les uns ni les autres
n'étaient légion, et il en aurait encore s'il en
avait besoin. Mais pour lui les temps sont
révolus ; il est entré dans l'histoire, et l'ex-
position de ses œuvres qui était faite, il y a
quelques mois, achevait do le mettre à son
rang. L'Olympia, que l'on veut en toute hâte
arracher au Luxembourg, ira nécessairement
occuper un jour sa place au Louvre. On no
voit pas ce que la gloire de Manet gagnerait à
tant de précipitation. On voit, au contraire,
très clairement quel intérêt ordonne d'atten-
dre. Sans parler des difficultés secondaires
qui tiennent aux locaux et qui d'une toile
mise en valeur au Luxembourg feraient une
toile perdue au Louvre, il y a une différence
capitale entre le transfert qui se ferait au-
jourd'hui et celui qui se fera domain : c'est
qu'aujourd'hui l'Olympia entrerait au Lou-
vre seule; si elle attend, elle entrera avec tout
le groupe impressionniste.
La question passe de beaucoup l'intérêt
particulier d'une manifestation en l'honneur
d'un artiste. Parce que Manet a été, grâce à
la vigueur de sa personnalité, le représentant
éminent d'un groupe, ce n'est pas une raison
pour l'isoler de son temps, ni pour oublier la
loi historique qui d'âge en âge ouvre les
portes de notre Louvre à ceux qui, rappro-
chés les uns des autres, représentent une
époque. D'autres que Manet, pour qui no sont
pas encore accomplis les délais réglemen-
taires, ou ne s'est pas achevé complètement le
stage devant l'opinion publique, entreront un
jour avec lui et occuperont la même salle de
notre galerie nationale. Une sage méthode
conseille de ne pas séparer ce qui fait partie
d'un même ensemble, et de laisser quelque
temps encore l'Olympia au,Luxembourg. A
ceux qui auraient quelque regret de la mani-
festation projetée, la pensée doit venir que
les polémiques sont apaisées, que la victoire
a rendu les démonstrations inutiles, et que
nous sommes, à cette heure plus sereine où
la gloire étant venue, il en faut savoir attendre
du temps la consécration.
NOUVELLES
*** Le dimanche 2 septembre, ont été inau-
gurés: à Saint-Pantaléon de Larche (Corrèze)
un busto du général Couloumy et un mé-
daillon de l'académicien Féletz, dus au sculp-
teur Boverie;
A Plouaret (Côtes-du-Nord), un buste du
folkloriste Luzel, œuvre du sculpteur Jean
Boucher.
*** Une plaque eommémorative a été posée
récemment à Paris, sur la maison dans
laquelle mourut Puvis do Chavannes, 89, ave-
nue de Villiers.
*** Le Journal officiel du 25 août a publié
la liste des œuvres d'art achetées ou comman-
dées par l'Etat en 190G. Cette nomenclature,
qui comprend plus de 330 numéros, est trop
longue pour que nous puissions la reproduire.
D'ailleurs nous avons mentionné en leur