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La chronique des arts et de la curiosité — 1907

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Nr. 10 (9 Mars)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19764#0086
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LA CHRONIQUE DES ARTS

on pas tenté de sugg'rer que ce qu’ils doivent à
leur patrie d’origine, c’est un amour de la ligne,
du trait, qui fait d’eux des dessinateurs plutôt que
des coloristes, et, dans bien des cas, des graveurs ?
Qui a conseillé ainsi leur œil et leur main ? Est-ce
la dentelure des crêtes et la silhouette que les Al-
pes ou ïes Juras découpent sur tous les ciels d’Hel-
vétie?... Qu’ils se jettent dans le flot de la vie,
qu’ils soient épris d’archaïsme, de stylisation ou
de rêve, dessinateurs ou graveurs sont avant tout
M. Steinlen et M. Schwabe, M. Grasset et M. Vi-
bert, M. Schmied et M. Ranft, et jusqu’au sculp-
teur M. Angst.

irc EXPOSITION DES « ONZE »

(Galerie des Artistes modernes)

Onze artistes, dont plusieurs possèdent déjà
une légitime réputation et qu’unissent sans doute
des liens de camaraderie — sept peintres, deux
sculpteurs (auxquels se joint cette année M. Bou-
chard, invité), un orfèvre et un céramiste, — for-
ment un nouveau groupe contenant assez de
talents et des affinités suffisantes pour qu’il
paraisse dès maintenant assuré de vivre. L’occa-
sion nous est ainsi offerte, grâce à des ensembles
complets, d’apprécier les efforts d’artistes qui
n’ont pas moins de dons que d’acquis: MM. Dé-
chenaud, Devambez, Laparra, Landovvski. Ce sont
surtout des paysages, justes et francs, souvenirs
de Rome, de Bologne, de Venise, de Tolède ou du
Caire, que nous montre cette année M'. Laparra.
L’exposition do M. Devambez est particulièrement
riche et intéressante. Nous voyons ou revoyons
avec plaisir, à côté d’études ou de cartons pour le
beau tableau L Appel des fédérés, et de cette note
charmante, Coin de la Villa Médicis, des ouvrages
qui, dans les formats les plus divers, se distin-
guent par les mêmes qualités de touche expres-
sive, d’ingénieuse composition et d’originale mise
en toile: La Charge, Réunion de famille, La
Servante, Place de la République. Des portraits
et une savoureuse étude de nu font honneur au sûr
exécutant qu’est M. Déchenaud. A la Panseuse de
M. Landowski, vraie peut-être, mais d’une vérité
trop littérale, on préférera le petit groupe plein
d’allure et de rythme intitulé Porteurs d'eau
aveugles. Les portraits élégants et superficiels de
M. Làszlô, quelques paysages parisiens de M. Pa-
gès, des intérieurs de M. Louis Mayer, puis les
agrafes et les coupes ciselées par M. Édouard
Monod, les grès de M. Decœur, les Râleurs ou
Débardeurs de M. Bouchard, un buste d’enfant en
terre cuite de M. Constant Roux ne laissent pas
de contribuer à l’agrément d’une réunion de bonne
compagnie.

EXPOSITION DE PEINTURES
PAR MM. GH. AZARD, JEAN BIETTE, CH. LACOSTE

A.-M. LE PETIT, GH. MARTEL

(Galerie B. Weill)

Sans nous apporter rien d’absolument nouveau,
cette petite exposition entretient des sympathies
depuis longtemps vouées à M. Ch. Lacoste. Un
crépuscule de Novembre au Luxembourg et deux
natures mortes représentent dignement cet art
frugal, timide, mélancolique, et pourtant d’une
sérénité presque religieuse. Si M. Jean Biette
arrive à se dégager d’une admiration trop visible
pour Cézanne et pour M. Matisse, il trouvera sans

doute à employer utilement ses goûts de coloriste.
On pourrait risquer des prévisions analogues au
sujet de M. Ch. Martel, dont les figures sont
proches parentes des Égyptiennes de M. Émile
Bernard.

EXPOSITION LUIG1NI
(Galerie Georges Petit)

M. Ferdinand Luigini, dont les œuvres avaient
déjà été justement remarquées à la Société Natio-
nale et à l’exposition toute récente de la Peinture
à l’eau, confirme et légitime ses succès antérieurs
en nous montrant 45 aquarelles ou gouaches dont
il a le plus souvent emprunté les motifs aux
canaux, aux rues tranquilles, aux intérieurs rus-
tiques des Flandres. Son métier, qui utilise le ton
bistre du carton sur lequel se jouent ou éclatent
les tons purs et les empâtements, est curieux et
p’ein de saveur. Il s’apparente à celui de plusieurs
aquarellistes belges, comme M. Frantz Gharlet et
M. Henry Cassiers. Il paraît, d’ailleurs, que la
priorité appartient sans conteste à M. Luigini.

On voudrait qu’il se gardât de certains effets
agréables, mais factices, d’enveloppe et d’estompé
(nos 2 et 8). Il peut s’en passer, ainsi qu’en témoi-
gne plus d’une note franche et directe : Les Cafés
du port ci Ostende, Matines sous la neige, La
Place de Matines, Marché de Moret, Intérieur
jaune.

EXPOSITIONS PAVILL ET THORNLEY

(Galeries Georges Bernheim et Georges Petit)

M. Élie Pavill est un jeune peintre russe qui
aime Paris et tous ses aspects, humbles, familiers,
luxueux ou grandioses. Son préfacier, M. Maurice
Guillemot, n’a pas tort de le présenter comme une
désirable recrue pour la Société des « Peintres du
Paris moderne », fondée par MM. LéonceBénédite
et Jean Guiffrey. M. Pavill est sensible à l’atmos-
phère; il paraît, sans abdiquer sa personnalité,
avoir choisi pour maître M. Éebourg. Le meilleur
de son effort se trouve dans de petites études
prestes et vives, où l’animation des places et des
rues s’accorde avec le mouvement et la coloration
des ciels.

Les vues de Pontoise et de Cannes de M. William
Thornley sont des aquarelles habiles et soignées,
qui atteignent, sans plus, à la moyenne de celles
que, dans une salle voisine, nous offrait la Société
des Aquarellistes français.

EXPOSITION LOUIS LEGRAND

(Galerie Gustave Pellet)

Ses eaux-fortes seules assureraient à M. Louis
Legrand une bonne place parmi les artistes origi-
naux de ce temps. Sa personnalité était assez forte
pour qu’il put, sans craindre l’accusation de pla-
giat, étudier les danseuses après M. Degas. Il n’é-
tait pas difficile de prévoir — et on l’a constaté
depuis longtemps — que la vision qui est la sienne
et son exceptionnelle aptitude à charger d’expres-
sion une ligne fine ou écrasée, onduleuse ou aiguë,,
ne devaient pas être chez lui bornées aux ressources
d’un unique procédé. Plus d’une de ses planches
révèle les dons les plus savoureux du coloriste.
C’est donc légitimement et avec confiance qu’il nous
soumet aujourd'hui les dernières œuvres du peintre.
Il lui suffit de quelques traits de pastel pour donner
à ses dessins, les plus beaux et les plus riches,.
 
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