La chronique des arts et de la curiosité (1907)

N° 32. — 1907.

BUREAUX : 8, RUE FAVART (2' Arr.)

19 Octobre.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LI SAMEDI MATIN

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PROPOS DU JOUR

’il fallait un scandale pour ouvrir
les yeux de tous sur les dangers
que courent à l’heure présente les
richesses artistiques de France et
les trésors d’églises, rien ne manque désor-
mais à l’édification du public. L’étrange
affaire dont l’instruction se poursuit en ce
moment a révélé aux plus incrédules et aux
optimistes que le pillage des musées et des
églises de campagne était devenu une indus-
trie organisée et malheureusement trop ilo-
rissante.

La Chronique n’a cessé de signaler, depuis
un an particulièrement, les périls qui mena-
çaient les oeuvres d’art dans les musées pro-
vinciaux insuffisamment installés et gardés,
et plus encore peut-être dans les églises de
campagne, soumises, par suite des événe-
ments, à un régime administratif des plus in-
certains. La confusion qui naissait du passage
d’une législation ancienne à une législation
nouvelle, l’incertitude où demeuraient souvent
les titres de propriété, la complication enfin
des lois et des incidents qui troublaient les
habitudes, devaient rendre plus facile et plus
heureuse l’audace de ceux qui se feraient
une carrière d’aller dévaliser les trésors des
petites villes et de les emporter à la face de
la population ignorante ou stupéfaite: c’est
ce qui est arrivé.

Mais ce que l’opinion aujourd’hui ne com-
prendrait pas, c’est que devant les vols et les
scandales les Pouvoirs publics fussent im-
puissants et comme désarmés. On a appris,
avec un peu d’étonnement, que dans l’admi-
nistration même certains avouaient que les
objets d’art n’étaient pas gardables. Ce serait

prendre un peu vite son parti d’un état do
choses qui n’est pas tolérable. Il ne s’agit
plus ici de considérer le passé, ni les consé-
quences qu’a eues dans la pratique la réali-
sation incomplète d'une loi; il s’agit de
prendre drs mesures dans un intérêt com-
mun et national, pour mettre à l’abri un pa-
trimoine artistique qui est une des parures
de notre pays.

NOUVELLES

*** Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :

Le dimanche 6 octobre, à Amiens, un mo-
nument à la mémoire de René Goblet, ancien
président du Conseil, œuvre du sculpteur
Perrin et de l’architecte Xavier Girard;

Le même jour, à Auberive (Haute-Marne),
un buste d’André Theuriet, œuvre de
Mrac Syamour ;

Le même jour, à Brive (Corrèze), un haut-
relief en marbre dû au sculpteur Henri Cou-
teilias, à la façade de la maison où fut élevé
le naturaliste Latreille;

Le.jeudi 17 octobre, à Paris, au Muséum
d’histoire naturelle, une statue de Bernardin
de Saint-Pierre, œuvre du sculpteur Hohveck.

*** Depuis le 1er octobre, les heures d’oiL
verture des établissements publics suivant8
ont été ainsi fixées : de 10 h. du matin à 4 li.,
les musées du Louvre, du Luxembourg, Gal-
bera, Carnavalet, Cernuschi, Gustave Mo-
reau, maison Victor Hugo, Saint-Germain en-
Laye et la Malmaison ; de 11 h. à 4 h., musée
deilluny, musée de sculpture du Trocadéro, la
Sainte-Chapelle; de midi à 4 h., musée eth-
nographique du Trocadéro.

Dans les bibliothèques : réouverture, à
11 h., de la bibliothèque Mazarine, fermée
depuis le 15 septembre, et de la bibliothèque
de l'Institut, fermée depuis le 15 août; à 10 h.,