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La chronique des arts et de la curiosité — 1907

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Nr. 39 (14 Décembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19764#0373
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ET DE LA CURIOSITE

363

*** A l’occasion du cinquantenaire du Con-
servatoire de musique de Bruxelles, le roi de
Belgique a créé baron M. Gevaert.

Au Musée du Louvre

Les divers départements du musée du Louvre se
sont enrichis récemment de plusieurs pièces
remarquables.

De sa dernière mission en Égypte, M. Georges
Bénédite a rapporté des spécimens charmants de
l'art appliqué de l'Égypte, céramiques ou bois
sculptés, et d'importants bas-reliefs d’animaux, de
premier ordre, que M. Bénédite présentera lui-
même prochainement aux lecteurs de la Gaze te.

D’autre part, des arrangements administratifs
vont amener le dépôt au musée du Louvre de la
plupart des objets égyptiens conservés jusqu’ici,
peu rationnellement, au Cabinet des médailles de
la Bibliothèque Nationale.

Le département des antiquités grecques et ro-
maines vient d’acquérir une belle tète en marbre
d'Apollon, de dimensions légèrement supérieures
à la nature, et qui semble appartenir à la plus
belle période de l’art grec.

Les séries déjà très riches de la céramique
grecque se sont augmentées, entre autres, d’une
pièce exquise, de 1res petites dimensions, mais
d’un type très rare et dont on ne connaît que
quelques- exemplaires, dont un au musée de
Munich : un petit vase à parfums en forme de
chouette, que l'on devait porter suspendu sur
la poitrine ou à la ceinture. Le travail en est
d’une perfection merveilleuse; mais la forme de
l'oiseau surtout est d'un sentiment naturaliste,
d’un esprit et d'une maîtrise qui font ressembler
ce bibelot grec du vi° siècle à quelque netzké
japonais.

Le département de la sculpture du Moyen âge
vient, de son côté, de s'enrichir de deux Anges en
haut-relief du xue siècle qui devaient autreh is
être placés aux côtés de quelque Madone comme
au portail Sainte-Anne de Notre-Dame de Paris.
Le stylo de ces sculptures autorise à y voir des
productions du Midi de la France.

Eli souvenir de son mari et de leur père,
M"’ Octave Homberg et ses enfants ont fait dona-
tion au musée du Louvre de quelques-unes des
pièces les plus importantes de la collection : une
Vierge en pierre romane, un clief-reliquaire en
cuivre doré limousin du xiil8 siècle, un vitrail fran-
çais du xuie siècle, un gobelet de verre arabe
émaillé et une bouteille de faïence lustrée persane.
C’est une des donations les plus importantes que
le Département des objets d’art ait reçues depuis
longtemps. Nous en reparlerons dans un numéro
prochain ch.' la Gazelle.

Enfin, la Société des Amis du Louvre a acquis
cette semaine à la vente Chasles, pour l’offrir au
musée, un magnifique « bouillon » en vermeil
signé de l’orfèvre parisien Thomas Germain et
daté de 1733. Cette pièce est une des plus somp-
tueuses qui subsistent de l’orfèvrerie française du
xviii8 siècle; sur les anses de l’écuelle sont sculp-
tées en très fort relief les armes des Farnèse avec
un chapeau de cardinal, les écus étant gracieuse-
ment entourés des glands du chapeau ; le couvercle

est décoré de feuilles et de fruits traités avec une
hardiesse d’outil extraordinaire et d’un dessin
admirable. Elle avait passé par les collections
Demidof, Double et Eudel. Les Amis du Louvre
l’ont acquise pour la somme de 18.100 fr,

PETITES EXPOSITIONS

EXPOSITION LOUIS LEGRAND

(Galerie Gustave Pellet)

M. Degas nous ayant gâtés pour les sujets de
même ordre interlope que ceux traités par
M. Legrand, tâchons à l’oublier pour juger droi-
tement des pastels, peintures et eaux-fortes que
M. Legrand nous montre aujourd’hui. Où
M. Degas, féroce, dissèque, M. Legrand s’attendrit
et câline; où M. Degas est un sévère moraliste,
d’ambulante curiosité, M. Legrand est un flâneur
de coulisses et de restaurants de nuit. C’est dire
que M. Legrand ne domine pas son modèle et se
borne à tirer des effets esthétiques de ce qui four-
nirait à d’autres d’amers prétextes à philo-
sophie pessimiste. L’apport personnel de M. Le-
grand consiste dans des trouvailles de gestes qui
atteignent à la sûreté définitive dans les Insépa-
rables. M. Legrand acquiert, là, l’exacte propriété
du mouvement de la fille mettant malicieusement
ses gants. Généralement, d’ailleurs, l'arabesque
féline séduit M. Legi and, mais il l’écrit un peu
veule et sans grand caractère. La faute en est à
son dessin, scolaire à l’excès, et le cas de
M. Legrand se rapproche ici de celui de Félicien
Rops. Dépouillé de l'intention littéraire, le voca-
bulaire plastique apparaît assez convenu. Du
moins est-il manié par un artiste instruit de son
métier, pourvu d’éducation. Si les eaux-fortes
n’en faisaient foi, cela serait aisément reconnais-
sable, rien qu’à la libeité de certaines manières
d’être. La Dcbiolante est un amusant croquis, trop
croquis peut-être et trop genliment pervers et
complice, ainsi qu'Amies. Quant à la Petite balle-
rine, son bras levé tient plus de la caricature que
du caractérisé, vérifiant en cela le travers acadé-
mique dont M. Legrand ne parvient pas à se
rendre maître. Parmi les peintures, un Chemin
creux nous plaît surtout, vision de graveur plutôt
que de peintre, néanmoins agréable, comme une
porcelaine. Et l’ensemble de celte exposition main-
tient à sa place M. Legrand au nombre de ceux
avec lesquels il faut compter.

EXPOSITION SIS L E Y
(Galerie Bernheim)

Le joli portrait peint par Renoir, cpii préside à
cette exposition, constitue la preuve physiogno-
monique du talent le plus exquis qu’ait fait éclore
l'impressionnisme. Quel être charmant fut ce
Sisley ! Quelle finesse, quelle bonté fondamentales
sont lisibles sur ses traits ! G’est un visage de
séraphin. L’anxieuse habileté de ses frères d’armés
ne le gagna pas. Il aimait trop la nature pour
douter de ce qu’elle lui inspirait. Loin du bruit,
seul à seul avec le ciel, l'eau, les arbres, il dé-
chiffra voluptueusement, pieusement, silencieuse-
ment, leur mystérieux langage. Modeste, il se
 
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