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La chronique des arts et de la curiosité — 1908

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Nr. 12 (21 Mars)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19765#0115
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ÏT« 12. - 1908. BOREAUX 106, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6")

21 Mafs.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LE SAMEDI MATIN

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Lo Numéro : O fr. 25

PROPOS DU JOUR

kES commentaires qui accompagnent
la retraite du directeur de la Ga-
lerie Nationale do Berlin lui don-
nent une signification qui ne sau-
rait laisser le monde des arts indifférent. S'il
ne s'agissait que d'un événement adminis-
tratif local, nous n'aurions aucun titre à le
juger. Mais, comme on verra, d'après les ren-
seignements que nous publions plus loin, la
question se pose de telle sorte qu'elle prend
une portée beaucoup plus générale.

La grande faute que l'on reproche au di-
recteur qui se retire, c'est d'avoir fait trop de
place aux œuvres de l'école française. Ce
n'est pas que les peintres allemands aient été
négligés. Quand il est entré en fonctions, le
directeur de la Galerie a d'abord pris soin de
réorganiser la section allemande. Cette ré-
forme accomplie, il a pensé, en historien
impartial et en homme do goût, qu'il y avait
lieu d'accueillir aussi des artistes étrangers :
il a acheté des toiles en Italie, en France et
ailleurs. Après Manet, Degas et Renoir, il se
proposait de réprêsehter également l'école de
1830, et d'acquérir des œuvres de Corot, Dela-
croix et Rousseau. Les plus illustres encou-
ragements ne lui avaient jamais manqué.
Mais il avait compté sans les cabales, et sans
le protectionnisme pangermaniste. Sous pré-
texte de sauvegarder les artistes allemands,
on a invité à s'éloigner ce directeur qui s'in-
quiétait de ce qui se passait hors de Berlin.

C'est une étrange manière d'entendre la
civilisation que de la borner à son propre
horizon. Si la galerie berlinoise doit être dé-
sormais le refuge exclusif des produits natio-
naux, quelle barbare manifestation de l'esprit
do monopole! Cette barrière de douanier que

l'on prétend mettre à l'entrée du musée n'em-
péchera pas qu'il y ait ailleurs de belles
œuvres et de grands artistes : elle condamnera
seulement la Galerie à l'infériorité de les
ignorer. On voudrait croire que ce protection-
nisme vaniteux et puéril sera sans lendemain,
et que lo directeur un instant éloigné retrou-
vera les fonctions qu'il remplissait avec tant
de zèle et de savoir. Un pays qui professe,
comme l'Allemagne, le culte de la science et
prétend servir ainsi le monde civilisé devrait
tenir à honneur de ne pas méconnaître les
intérêts généraux des arts, les nécessités
européennes et même mondiales de l'étude,
et ces traditions de plus en plus fortes qui
par delà les frontières unissent tous ceux
qui, savants, lettrés, amateurs, ont souci de
connaître et de comprendre les plus belles
manifestations de l'esprit humain.

Un récent arrêt du Conseil d'Etat annule la
nomination d'un bibliothécaire au ministère
de l'Instruction publique faite dans des con-
ditions irrégulières. Trop souvent on est oblige
de déplorer des nominations arbitraires, dues
à la faveur, et dont les fonctionnaires de
carrière, pourvus des titres scientifiques, sont
les victimes. Seule l'initiative des intéressés
qui en appellent aux tribunaux peut mettre
fin à ces pratiques, qui sont aussi détestables
pour les hommes que pour les institutions
elles-mêmes. Les rédacteurs du ministère do
l'Instruction publique ontpensé quedans notre
pays il n'est pas nécessaire d'être syndiqué
pour se faire rendre justice. Ils ont formé un
pourvoi, et le Conseil d'État, en leur donnant
gain de cause, a très heureusement prouvé
qu'il y avait une limite au bon plaisir et un
moyen de faire observer les lois et décrets.
 
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