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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 1,3): Collection de mémoires sur l'orfévrerie ... : 3 — Paris, 1853

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https://doi.org/10.11588/diglit.33562#0111
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PILIER MYSTÉRIEUX.

101


«Fafnir se secoua, frappa la terre avec sa tête et sa queue : Sigurd
sortit du trou, et ils se virent face à face, a Je vois cette seconde
scène au dessous de la première. Tout à l'heure le guerrier se mon-
trait placé transversalement pour arrêter le monstre dans sa marche ;
il est ici debout, et le tient embrassé pour mieux le contraindre à
révéler ses secrets avant de mourir. C'est dans cette situation que
s'établit entre eux ce dialogue, empreint d'une poésie primitive
et grandiose.
« Fafnir chanta :
Jeune homme, ô jeune homme, quehe est donc ta mère ? De quel héros es-tu donc fils ? toi
qui as pu rougir ta lame étincelante dans le sang de Fafnir, toi qui as pu percer son cœur ?H
Sigurd cache d'abord son nom, parcequ'on croyait dans les anciens
jours que si, en maudissant un ennemi, on l'appelait par son nom,
c'était attirer sur lui d'inévitables malheurs.

siGuno.
On me nomme le loup de la forêt. J ai marché dans la vie
privé de mère, et je n'ai pas eu de père comme les autres lits
des hommes. Je suis seul.
FAFNIR.
Si tu n'as pas eu de père comme les autres fils des hommes,
quel miracle donc t'a donné la vie?
SIGURD.
Ma race ne t'est pas plus connue que moi. Mon père s'ap-
pelait Sigmund (celui qui tient la victoire, d'où l'on a fait Sigis-
mond) ; moi ton vainqueur, je suis Sigurd.
FAFNIR.
Qui t'a poussé à me donner la mort, jeune homme aux
yeux brillants? Tu es donc le fils d'un homme farouche?
Les oiseaux de proie se seront réjouis à ta naissance.
SIGURD.
Mon cœur a excité ma main, et mon glaive tranchant a fait
le reste. On ne trouve pas les hommes capables de braver un
sort terrible parmi ceux qui furent lâches dans leur enfance.
FAFNIR.
Je le sais, tu avais grandi dans le sein d'une famille, pressé
dans des bras amis; on t'eut, vu combattre en héros; mais tu
as été jeté dans une ignoble prison : les prisonniers, dit-on,
tremblent toujours.
SIGURD.
Comment, Fafnir, oses-tu me reprocher d'être loin de la de-
meure des miens? Suis-je enchaîné, bien que prisonnier de
guerre? Tu aurais dû t'apercevoir que j'étais libre ?

FAFNIR.
Mes paroles étaient méchantes : je vais t'en dire une qui
est vraie : l'or qui raisonne, l'or rouge comme le feu, les ba-
gues d'or causeront ta perte'
SIGURD.
Tout homme veut dominer par le moyen de l'or, jusqu'à ce
que vienne la dernière heure. 11 est dit que chacun des
hommes ira quelque jour trouver Hel. (La déesse de la mort.)
FAFNIR.
Veux-tu tourner en dérision l'oracle des nomes? (des par-
ques). Si tu vas sur mer durant la tempête, tu te noieras : tout
porte malheur à l'homme condamné par le sort.
SIGURD.
Dis-moi, Fafnir, toi qu'on appelle sage et qui sais tant de
choses, quelles sont les nomes qui nous soulagent dans nos
peines, celles qui délivrent une mère dans les douleurs.
FAFNIR.
Les nomes sont d'origine diverse : elles n'appartiennent
pas toutes à une même race : les unes descendent des Ases;
d'autres proviennent des Alfes, quelques-unes sont filles des
nains. *
SIGURD.
Dis moi, Fafnir, toi que l'on appelle sage et qui sais tant
de choses, quel est le nom du champ où les Ases et Surtur
(Dieu du feu) mêleront ensemble l'eau de l'épée (le sang).
FAFNIR.
Il s'appelle Oscopnir (lieu auquel on n'échappe pas), le
champ où les dieux jouteront avec leurs lances. Baefroest
(l'arc-en-ciel pont des dieux joignant le ciel et la terre) brisera
 
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