PfEfER MYSTERIEUX.
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Elle répondit:
Je te préfère à tous tes hommes. Et i!s confirmèrent ceci pur serment.
Yoilà le moment où, d'après la Yolsunga Saga, Sigurd remet à sa fiancée une bague trouvée
par lui dans le trésor de Fafnir. Et voilà aussi, à moins que je ne m'abuse étrangement, la
circonstance retracée dans la sculpture (D). LaValkyrie est au haut de sa montagne : le rempart
de feu a été franchi, le casque de la vierge vient de lui être enlevé, et de sa tête découverte
descend sur scs épaules une longue chevelure, signe de sa virginité. Son armure de fer a
disparu, et l'on remarque son vêtement et ses formes de femme ; sey grands yeux viennent de
s'ouvrir après le long sommeil, et scs deux mains se rapprochent et se ferment pour saisir
quelque chose de petite dimension. Quel est cet objet, sinon l'anneau qu'elle vient de rece-
voir pour gage de la foi de Sigurd, le magique anneau auquel Anduari attacha jadis une
malédiction éternelle, anneau fatal d'où descend la longue chaîne des infortunes chantées
dans les Nibelungen. !1 y a, pour ainsi dire, dans tout ce petit détail une épopée entière, et
rien ne saurait donner une plus juste idée de la largeur de conception habituelle aux artistes
du moyen âge.
Je ne fais plus qu'indiquer tes événements que l'anneau fait entrevoir. Après les fiançailles,
Sigurd quitte la montagne pour revenir, après de plus grands exploits, célébrer ses noces
avec la Valkyrie. A la cour du roi Giuki, son cœur reste fidèle jusqu'à ce qu'un breuvage
magique le prive de ses souvenirs. 11 épouse alors Gudruna, la filiedu roi Gudrunur, et s'offre à
conquérir pour Gunnar, frère de Gudruna, sa propre fiancée Brynhild (l'ancienne Sigurdrifa).
Une seconde fois, il pénètre à travers l'enceinte de feu inaccessible à Gunnar, et se montre sous
ies traits de ce dernier à la vierge de la montagne. Soit que Brynhild eut perdu la mémoire ainsi
que son fiancé, soit qu'un arrêt d'Odin lui défendit de repousser le vainqueur des flammes,
ies noces se célèbrent; mais le faux Gunnar place une épée brûlante entre Brynhild et lui,
et se contente de détacher de son doigt l'anneau magique, qu'il offre à sa femme Gudruna.
Puis les deux princesses vivent à la même cour, où bientôt la jalousie les divise. Qui marchera
la première ? Laquelle abaissera sa fierté devant une rivale? Brynhild ne saurait céder le pas,
puisque, Giuki étantmort, Gunnar est roi de la contrée. Mais comment Gudruna s'humilierait-
elle devant sa belle-sœur, qui ne doit son trône qu'à Siegfried? La preuve, elle la possède, et
pour triompher elle n'aurait qu'à montrer l'anneau fatal. Certes, si garder un secret de cette
nature est, en tout cas, une rude épreuve pour la malignité, qu'est ce donc quand l'amour-
propre blessé conseille de le trahir? « Es-tu bien sure, s'écrie Gudruna avec un amer
sourire, es-tu bien sûre que ce soit Gunnar qui ait traversé les flammes? moi je penserais
que celui qui m'a remis cette bague a dû partager ton lit. Cette bague était celle d'Anduari,
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Elle répondit:
Je te préfère à tous tes hommes. Et i!s confirmèrent ceci pur serment.
Yoilà le moment où, d'après la Yolsunga Saga, Sigurd remet à sa fiancée une bague trouvée
par lui dans le trésor de Fafnir. Et voilà aussi, à moins que je ne m'abuse étrangement, la
circonstance retracée dans la sculpture (D). LaValkyrie est au haut de sa montagne : le rempart
de feu a été franchi, le casque de la vierge vient de lui être enlevé, et de sa tête découverte
descend sur scs épaules une longue chevelure, signe de sa virginité. Son armure de fer a
disparu, et l'on remarque son vêtement et ses formes de femme ; sey grands yeux viennent de
s'ouvrir après le long sommeil, et scs deux mains se rapprochent et se ferment pour saisir
quelque chose de petite dimension. Quel est cet objet, sinon l'anneau qu'elle vient de rece-
voir pour gage de la foi de Sigurd, le magique anneau auquel Anduari attacha jadis une
malédiction éternelle, anneau fatal d'où descend la longue chaîne des infortunes chantées
dans les Nibelungen. !1 y a, pour ainsi dire, dans tout ce petit détail une épopée entière, et
rien ne saurait donner une plus juste idée de la largeur de conception habituelle aux artistes
du moyen âge.
Je ne fais plus qu'indiquer tes événements que l'anneau fait entrevoir. Après les fiançailles,
Sigurd quitte la montagne pour revenir, après de plus grands exploits, célébrer ses noces
avec la Valkyrie. A la cour du roi Giuki, son cœur reste fidèle jusqu'à ce qu'un breuvage
magique le prive de ses souvenirs. 11 épouse alors Gudruna, la filiedu roi Gudrunur, et s'offre à
conquérir pour Gunnar, frère de Gudruna, sa propre fiancée Brynhild (l'ancienne Sigurdrifa).
Une seconde fois, il pénètre à travers l'enceinte de feu inaccessible à Gunnar, et se montre sous
ies traits de ce dernier à la vierge de la montagne. Soit que Brynhild eut perdu la mémoire ainsi
que son fiancé, soit qu'un arrêt d'Odin lui défendit de repousser le vainqueur des flammes,
ies noces se célèbrent; mais le faux Gunnar place une épée brûlante entre Brynhild et lui,
et se contente de détacher de son doigt l'anneau magique, qu'il offre à sa femme Gudruna.
Puis les deux princesses vivent à la même cour, où bientôt la jalousie les divise. Qui marchera
la première ? Laquelle abaissera sa fierté devant une rivale? Brynhild ne saurait céder le pas,
puisque, Giuki étantmort, Gunnar est roi de la contrée. Mais comment Gudruna s'humilierait-
elle devant sa belle-sœur, qui ne doit son trône qu'à Siegfried? La preuve, elle la possède, et
pour triompher elle n'aurait qu'à montrer l'anneau fatal. Certes, si garder un secret de cette
nature est, en tout cas, une rude épreuve pour la malignité, qu'est ce donc quand l'amour-
propre blessé conseille de le trahir? « Es-tu bien sure, s'écrie Gudruna avec un amer
sourire, es-tu bien sûre que ce soit Gunnar qui ait traversé les flammes? moi je penserais
que celui qui m'a remis cette bague a dû partager ton lit. Cette bague était celle d'Anduari,