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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 3,1): Nouveaux mélanges ... sur le moyen âge : curiosités mysterieuses ; 1 — Paris, 1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.33620#0118
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94 MÉLANGES D’ARCHÉOLOGIE.
ceux qui élèvent vers lui un regard animé par la foi. L’Evangile suppose comme
point de départ incontestable, que les rites prescrits pour l’immolation de l’agneau
pascal peignaient d’avance la passion et la mort de Jésus-Christ1. Quant au sang de
cette victime employé pour marquer les portes des Israélites, cette cérémonie, pratiquée
dès l’institution de la paque, est attribuée ici à Moïse comme s’il en avait été le ministre
unique ; mais c’est une façon de rappeler qu’il en fut le promulgateur inspiré. Les
Juifs qui se voient près de la portent tous le bonnet pointu que le moyen âge leur
donne ordinairement2, et que nous retrouverons encore dans d’autres parties de ce reli-
quaire. Cette singularité, qui ne se retrouve pas dans la représentation du serpent
d’airain, semble déterminée par les prescriptions divines au sujet de la paque. L’or-
févre aura voulu marquer ainsi que les Juifs devaient être en costume de voyage
pour manger l’agneau ; et les membres de la victime qui sont entre les mains des
personnages indiquent sans doute aussi que ce repas était fait comme à la hâte, en
manière de gens qui vont immédiatement se mettre en marche et qui ne prennent pas
même le temps de s’asseoir (Exod. xii, 11). D’ailleurs il ne fallait pas que rien demeurât
de ce mets mystérieux {iMd., 4-10); aussi était-il ordonné que le nombre des convives
fût assez grand pour tout consommer avant la lin de la nuit. La lettre T [tliau ou signé),
tracée en manière de modèle près de la main qui va marquer la porte avec le sang,
représente la croix de Jésus-Christ inscrite sur le front des fidèles dans le baptême et
ia confirmation3. Le moyen âge répète cela volontiers4.
Des deux hommes qui portent la grappe de Palestine, un seul est coilfé du bonnet
pointu qui caractérisait jadis les Juifs; et l’on se tromperait en imaginant que ce fût
là un détail sans portée. Les écrivains ecclésiastiques les plus anciens, avec cet amour
empressé du symbolisme qui leur fait voir la croix figurée presque partout où le mot
bois (lignum) se lit dans l’Ecriture sainte, ont admis assez généralement que cette
grappe suspendue à un bâton représentait le Fils de Dieu crucifié5. Mais une nuance
de plus est marquée ici : c’est celle que saint Isidore a transmise au moyen âge et
que l’on a souvent reproduite après lui. Le personnage placé en avant, et qui tourne
le dos à la grappe, représente l’ancien peuple de Dieu : sous la législation de Moïse,

sqq.) : « Nemo ascendit in cœlum nisi qui de cælo descen-
» dit ; descendit enim et mortuus est, et ipsa morte liberavit
» nos a morte. Morte occisus, morlem occidit.... Mortem
» suscepit, et mortem suspendit in cruce; de ipsa morte
» liberantur mortales.... Quis est serpens cxaltatus? Mors
» Domini in cruce. Quia enim a serpente mors, per serpentis
» effîgiem figurata est mors. Morsus serpentum lelhalis,
» mors Domini vitalis. Attenditur serpens, ut nihil valeat
» serpens. Quid est hoc? Attenditur mors, ut nihil valeat
» mors. Sed cujus mors ? Mors vitæ. Nonne vita Chrislus ?
» et tamen mortuus est Christus.
» Intérim modo, fratres, ut a peccato sanemur,Christum
» cruciflxum intueamur... Quomodo qui intuebantur ilium
» serpentem, non peribant morsibus serpentum ; sic qui
» intuentur fide mortem Christi, sanantur a morsibus pec-
)) catorum. Sed illi sanabantur a morte ad vitam tempo-
» ralem ; hic autem ail, ut liabeant vitam œternam. Hoc enim
» interest inter figuratam imaginem et rem ipsam : figura
» præstabat vitam temporalem; res ipsa, cujus ilia figura
» eraf, præslat vitam æternam. »

II. id. inpsalm. i.xxm, §5 {Opp. t. IV, 771, sq.) : « Sanari
» a serpente, magnum sacramentum. Quid est, intuendo
» serpentem sanari a serpente? Credendo in mortuum
» salvari a morte, etc. »
1. Joann. xix, 31-36.
2. Cf. Vitraux de Bourges, études IX (antéchrist) et XII.
— Mélanges, Ire série, t. II, p. 58.
3. Vitraux de Bourges, n° 25 (p. 35-38), et p. 67, notes. —
Études I, VI, etc.
U. Dans les scènes indiquées par M. J. Labarte (comme
à Saint-Denis, parmi les verrières de Suger), on a rendu ce
symbolisme plus saillant par une allusion à la vision
d’Ézéchiel, où le Tliau est tracé sur le front des élus ; et
l’inscription est celle-ci :
« Mors devitatur per Tau, dum fronte notatur. »
5. Petr. de Riga :
« In ligno pendet botrus ; depingitur islic
Christi pendentis in cruce sanctacaro. »
 
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