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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 3,1): Nouveaux mélanges ... sur le moyen âge : curiosités mysterieuses ; 1 — Paris, 1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.33620#0320
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MÉLANGES D’ARCHÉOLOGIE.

Bref, ce que nous en voulons dire est précisément amené par les peintures murales du
Yelay, qui reparurent il y a quelque vingt-cinq ans, après une longue éclipse sous le badigeon1.
Le P. Arth. Martin en avait copié quatre que je vais présenter au lecteur après quelques
paroles d’introduction. Si renseigné qu’on puisse être au moyen des auteurs que j’ai cités
en note, il ne manquera pas de gens qui préféreront être mis au fait par un exposé som-
maire. Donc dès le temps de saint Grégoire de Tours, il était reçu que l’éducation demeu-
rait incomplète si l’esprit n’avait passé par sept routes qui devaient guider dans le monde
scientifique. Grammaire, dialectique et rhétorique (sous le nom commun de trivium),
n’étaient considérées que comme prélude ; à la manière de ce que nous appelons faire ses
classes. Le quadrivium, groupe supérieur à cette initiation, comprenait arithmétique, mu-
sique, géométrie et astronomie. A ce partage septénaire, un mysticisme quelconque n’avait
sûrement pas nui dans l’origine; il régnait en somme, sans prescription absolue pour
l’ordre delà seconde catégorie 2. La philosophie s’y introduit parfois, ainsi que la physique
(médecine) ; surtout quand un artiste voulait échapper à la division impaire qui l’empê-
chait d’avoir partie carrée dans l’arrangement des scènes. Pour couronner le tout, il
se rencontre aussi que droit canon et civil, théologie, sciences occultes même reçoivent
l’hospitalité en ces demeures du savoir encyclopédique 3.
Les gravures exécutées sur le dessin de mon ancien collaborateur embrassent le trivium
entier, mais le quadrivium n’y figure que pour la musique *.

1. Il ne semble pas clair que Mgr Galard de Terraube
soit l’auteur de cet ensevelissement. Son siècle en était
bien capable, mais pourquoi se hâter de jeter la pierre à
un homme qui a laissé de grands souvenirs dans le pays?
D’ailleurs si cet évêque jugeait, lui aussi, que la représen-
tation des arts libéraux fût chose singulière dans une
église, il n’était pas payé pour connaître d’autres cathédrales
que la sienne; tandis que M. Mérimée fut longtemps inspec-
teur général des monuments historiques, et fit plus tard en-
core partie de la Commission des arts et édifices religieux, au
ministère des cultes. Il lui convenait donc tout particuliè-
rement de n’êlre pas trop sévère pour un prélat de l’ancien
régime, lorsque lui-même se montrait si peu entendu en
matières où son titre l’obligeait à moins de légèreté.
2. Cf. Petr. Alfonsi, Disciplina clericalis, ed. W. Val.
Schmidt, p. A3, sq.; et 109-115.
On citerait sans peine bien d’autres textes sur cette
vieille division des études qui remontait assez haut dans
les temps, et n’était pas très-mal imaginée.
3. Raphaël, comme Pinturiccliio, ou ses prédécesseurs,
a fait ces additions au quadrivium, dans le palais des papes.
Quant à l’abbesse Ilerrade, elle plaçait la Philosophie au
centre du tableau général, et la gratifiait de trois têtes
formant sa couronne, qui sont Etliica, Logica, Physica.
Tout cela devait servir à’itinéraire à l'âme pour monter vers
Dieu, comme parle un grand docteur de l’Église ; parce
que tout doit nous être échelle vers le souverain maître,
si nous savons nous aider du vrai comme du beau en ma-
nière de degrés qui conduisent vers le beau et le vrai
incréés. C'est ce que Suger demandait pour l’art aux visi-
teurs de la basilique construite par ses soins à Saint-Denys
en France, quand il inscrivait sur la porte :
« Nobile claret opus ; sed opus quod nobile claret,
Clarificet mentes ut eant per lumina vera
Ad verum lumen, ubi Christus janua vera. Etc. »

C’est aussi ce qu’exprimaient divers chandeliers ecclésias-
tiques du même temps, dont j’ai parlé déjà; sans compter
ceux que j’espère publier dans d’autres volumes de cette
IIIe série. C’est même le but de l’Incarnation par où Dieuïait
bien voir que, de tout temps, il avait prétendu associer
l’humanité à la nature divine : divinæ consortes natures,
ainsi que parle l’Église aux chrétiens.
Montrons en quelques mots comment le docte Honorius
d’Autun comprenait et exposait au xne siècle ces degrés de
l’ascension d’un homme jusqu’à son Créateur. Il prend
pour titre d’un de ses opuscules (ap. D. Pez, Thesaur.
anecdott., t. II, P. I, p. 227-23A) : « De animœ exilio et patria,
alias de artibus.» Voici quelques têtes de chapitres : «I. Exi-
» lium hominis, ignorantia; patria est sapientia, adquam
» per artes liberales, veluti per totidem civitates perveni-
» tur. » — «XII. Decursis artibus liberalibuspervenitur ad
» patriam, seu veram sapientiam in divinis Scripturis relu-
» centem, et in visione Dei perfeclam. » — « XIV. Deus a
» nemine comprehendi, nisi a se ipso, potest. Beatos, Dei
» visio recreabit æternum. » Les développements méritent
d’être lus, mais on comprendra sans peine que je ne les
transcrive pas ici, pour ne pas être interminable.
à. M. Aug. Aymard doit avoir publié dès 1850, et sans
doute au Puy, une dissertation sur ces peintures. Je n’ai
pas réussi à me la procurer, mais j’entends dire qu’elle
renferme des recherches curieuses et solides. Vivant sur
les lieux, il aura pu faire entrer dans son mémoire l’ex-
plication d’autres figures que le P. Martin n’aurait pas
dessinées. M. E.-F. Corpet donnait en 1857 l’exposé court et
sérieux des types de Martianus Capella (Annales archéolo-
giques), qui mérite d’être lu. J’y apporterai, pour ma part,
quelques éclaircissements qui pourront être utiles, si l’on
veut passer outre aux expositions antérieures.
Cf. Joann. Sarisberiens. Policratic., libr. I, cap. vi, x,
sqq.; et libr. II, cap. xvnr, sq.; etc.
 
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