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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 3,1): Nouveaux mélanges ... sur le moyen âge : curiosités mysterieuses ; 1 — Paris, 1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.33620#0322
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MÉLANGES D’ARCHÉOLOGIE.

Le xvie siècle (ou peu s’en faut), auquel nous devons les peintures du Pny, tournait volon-
tiers au gracieux1, il a donc abandonné en un point la tradition de ses prédécesseurs. Avant
lui la Grammaire ne manquait presque jamais de brandir une verge 2. Si bien que Rathier
de Lobes, qui devint évêque de Vérone au xe siècle, avait composé un ouvrage élémentaire
sur la langue latine, avec le titre Serva rlorsum 3; comme qui crierait : «Garde à vous! »
Sous les pieds du trône est écrit ce vers :
« Quidquid agant actes, ego semper prædico partes (orationis). »
C’est-à-dire : peu importent les ornements du discours et les arguties de langage, moi
j’entends que les phrases soient correctes et tirées au cordeau ; de même que l’architecture
doit veiller d’abord à la qualité des matériaux et à leur assemblage dans des conditions
d’équilibre stable. Quant au geste de la docte régente, il pourrait être aussi fort approprié
à l’état empirique d’où la grammaire ne se dégage encore que comme elle peut aujourd’hui.
On dirait qn’elle écarte les observations ou enquêtes subtiles, en leur opposant cette solen-
nelle fin de non-recevoir :
« Grammatici certant, et adhuc sub judice lis est. »
Les deux petits aspirants portent un costume de clergeon que la Rome de Pie IX n’a pas
oublié totalement, et qui sied bien en public à des écoliers dont il s’agit de faire des gens
graves avec le temps.
LOGIQUE.
La Logique siège sur une chcrière à couronnement en coquille, et dont l’ornementation
n’est plus gothique comme l’était le trône de la Grammaire. Près d’elle Aristote, en manière
de docteur du plus haut parage, porte l’hermine, et compte sur les doigts de sa main

1. Là, comme en bien d’autres endroits, quelques-uns
ont voulu reconnaître une main italienne ; comme si nous
n’avions pas eu, môme alors, des hommes capables d’orner
nos édifices! Lorsqu’on s’occupera de faire revivre les
souvenirs de nos artistes provinciaux, on sera tout étonné
de voir que l’on ait cru au besoin d’inventer des maîtres
étrangers pour nos belles œuvres du xvc siècle et du xvie.
Si, par exemple, on avait des preuves sur la date de ces
peintures comme contemporaines de Louis XI, avions-nous
grand besoin alors de recourir aux Romains? Maître Jehan
Foucquet et son école de Tours nous mettaient-ils dans un
état bien besoigneux en fait de peintures présentables?
2. Un biographe de saint Rudesinde (ou Rosende) pro-
fesse sa reconnaissance pouç le saint qui lui avait obtenu
de reprendre goût aux études après des flagellations dé-
moralisatrices. Voici son propre témoignage (Facta et mi-
racula S. Rudesindi, in Espaha sagrada, t, XVIII, p. 395) :
« Occultandum... non est... quod quum in primo teneræ
» ætatis flore, litterarum studiis a parentibus traderer,
» præ tanti studii sudore seu virgarum (sicut solet fieri
» pueris) percussione, eis abrenuntiarem, insuper locis
» silvarum occultis ob hoc sæpius occultarer. Inter hæc
» autem, quum nullatenusacquiesceremquamvis vinculis
» alligatus, divino nutu magister meus sancli Rudesindi
» sepulcrum petit, candelam accendit, flexis genibus ora-
» tionem fundit : quatenus si apud justum Judicem in

» clericatus gradu essem prædestinatus, ipse me suo vir-
il tutis ligamine constringeret, et ad dicendum cor digna-
» retur aperire. Quod, sicut postea ab eo multoties audivi,
» plus acquievi; eL non multo post, in eodem cœnobio mo-
» nasticæ professionis habitum libenter accepi. »
Ces fréquentes sévices des écoles du moyen âge n’étaient
point toujours maudites parleurs victimes elles-mêmes, et
les auteurs de ces misères non plus, ne manquaient pas d’en-
trailles, malgré la pratique transmise d’âge en âge dans l’en-
seignement. D’ailleurs cette rude coutume admettait çà et
là divers moyens d’immunité. Cf. Mélanges..., Ire série, t. I,
p. 125. — Caractéristiques des saints, p. 790 (saint Adrien) ;
sans parler de sainte Ermenilde, qui protégeait de même
les petits écoliers d’Ély.
3. Pour plus de clarté, la Grammaire de YHortus delicia-
rum présente un livre et des verges (scopœ), comme disant :
L’un ou l’autre ! Dans l’abside d’Auxerre, l’enfant est dé-
pouillé jusqu’aux hanches, pour que la menace atteigne
promptement son effet lorsqu’il faudra faire descendre les
coups sur l’épaule nue. Quant au sens pénal de scopœ, cf.
Edel. Duméril, Poésies... antér. au xn* siècle, p. 302. Voyez
également ci-dessus, pl. III (médaillon inférieur à gauche),
et page 37. Mais là on est en famille, plutôt qu’à l’école; et
les écoles, même depuis le moyen âge, ne placent pas le
candidat entre châtiment ou récompense. Je suppose que
c’est pour le plus grand avantage de l’espèce humaine.
 
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