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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 3,2): Nouveaux mélanges ... sur l'moyen âge : ivoires, miniature, émaux — Paris, 1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.33621#0027
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IVOIRES SCULPTÉS (PL. Il), MISÉRICORDE. H
maient de l'emploi auprès d'eux cultivaient apparemment les souvenirs de la mère-patrie.
Faudrait-il s'étonner, cela étant, que l'artiste chargé d'un travail pour Foulques V d'Anjou
(1139) ait imaginé de rappeler le prince sur son oeuvre?
Or, l'oiseau qui figurait le chrétien adonné aux bonnes œuvres était tout justement nommé
Foulque, en latin FWa'ca, etc. Nous avons eu occasion de le citer à diverses reprises Mais
il faut se rappeler que son nom varie dans les manuscrits grecs, latins et français ; une
fois le livre transporté en France, l'allusion complimenteuse n'aurait plus été comprise,
quoique l'on y vît encore probablement une intention de symbolisme. Dans cet embarras,
on aura sans doute voulu fixer le spectateur par l'inscription C'était, du reste, ne
guère tromper, et le psalmiste demeurait garant du rôle que jouait ce votatile en tête de la
feuille d'ivoire b Ce peut donc être une transition passable entre l'élévation du Roi-Prophète
et les bonnes œuvres que nous allons avoir à développer, puisque David lui-même passait
pour garant de ce symbolisme d'une vie humble et dévouée à Dieu.
Ainsi que je le disais tout-à-l'heure, ce nom ZAvwA'M.s' me paraît singulièrement interprété
dans une note anglaise, transcrite par le P. A. Martin (au British Muséum, je crois; Bibl.
Eg. 1139). On y prétend comme chose presque indubitable que ce mot est le nom du sculp-
teur sur ivoire. Il me semble que l'artiste aurait bien su ne pas tracer son nom à l'envers.
Mais, presque évidemment, après (et longtemps peut-être) que la sculpture byzantine était
achevée, est survenu un graveur latin accoutumé à faire lire dans un sens inverse sur les
épreuves de sceaux, etc., ce qu'il avait exécuté pour le creux. Il est possible que cela se
soit fait à la Grande-Chartreuse, lorsque le livre fut transporté en Occident. Pour l'usage
de ceux qui n'auraient plus compris cette allusion au bestiaire, on aura voulu donner le
nom d'un animal modèle; et notre xix° siècle saisit là bien gratuitement une intention de
signature pour ce travail qui est presque certainement grec.
Si, par hasard, cette (foulque) était un prétendant faire chose agréable au
roi Foulques de Jérusalem (1131), en formant de son nom un idéal de vie chrétienne, ceux
qui lui succédèrent dans la possession du livre pouvaient bien ne plus comprendre cette
gracieuseté baroque, et comme nous avons dit que était substitué à AWAa dans
plusieurs manuscrits du Bestiaire, les Chartreux peuvent avoir introduit cette synonymie
quasi orientale sans songer à l'intention primitive dont ils n'avaient plus la clef. Ils auront
bien reconnu l'animal donné comme grand parangon du fidèle voué aux bonnes œuvres
mais l'intention flatteuse du jeu de mots leur échappait sans doute; et l'on peut croire qu'ils

notre histoire littéraire; et qui voudrait ie poursuivre dans
)es sceaux, armoiries, devises, enseignes commerciales, etc.,
rédigerait un ouvrage amusant et curieux où bien des gens
trouveront à s'instruire.
1. Cf. Sapm, IIP série, 1.1, p. 312, sv. ; etc.
2. Ætero&'MS a bien i'air de paraître ici avec le sens que
signale Vincent de Beauvais (SpecuL watitmlg, XVI, 76) quand
il dit : K Gtossa sMper ps. CILf ; Fulicæ domus est fortis, sed
non in excelsis. Unde /Wicæ, inquit, vel /terotfM domus, etc.
Fulica enim est avis marina, vel stagnensis; cujus domus,
id est nidus, est petra in aqua : quæ tusa fluctibus, frangit
cos sed non frangitur. H Un bestiaire latin qui portait à notre
Bibliothèque royale le n° 2780, écrit : K Herodius marina
avis est, et nidiflcat in petra; et significat illos quorum
Christus est dux et morum institutor, et qui eum imitan-
tur. H Cf. Pseudo-Hug. a S. Victor., Opp. t. Il, p. 407. — Petr.

Damian., opMse. 82, cap. 18 (Opp., ed Bassan, t. 111, p. 818,
sq.). — Etc.
3. Les Chartreux, comme les Camaldules, furent beaucoup
plus instruits que ne le supposent certaines gens peu initiés
aux ressources do la vie contemplative. Un cœur et un esprit
d'homme peut très-bien puiser dans l'étude solitaire les
moyens de s'élever à Dieu. Voyez Surius, Ludolphe, Denys
le Chartreux, Ambroise Traversari, etc. Je suis loin d'énu-
mérer tout ce que nous devons à ces pieux cénobites. Bon
nombre des Pcrcs grecs qui ont paru en latin dès les pre-
miers temps de la typographie, sortaient de leurs cellules;
et peut-être une malencontreuse humilité aura-t-elle fait
cesser un si précieux travail dans leurs solitudes lorsqu'ils
ont vu que d'autres s'en occupaient. Leur secours n'eùt cer-
tainement pas été inutile, car l'œuvre n'est pas encore arrivée
à bon terme aujourd'hui.
 
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