IVOIRES SCULPTÉS. VIII, PLAQUES A SUJETS CHRÉTIENS.
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Saint-Esprit. On a voulu, si je ne me trompe, nous rappeler l'autorité ecclésiastique; confor-
mément à ce que disait saint Brunon d'Asti *, vers l'époque où s'exécutait notre bas-relief.
A propos de l'enfant Jésus trouvé dans le temple parmi les docteurs (Luc II, 42-47), il en-
voie le chrétien écouter et consulter les pasteurs, s'il veut retrouver la paix de l'âme et se
maintenir dans la crainte de Dieu.
Quatre arbres qui s'aperçoivent çà et là, surtout dans le groupe à droite du spectateur
(avec une forme de convention qui n'est pas rare dans les œuvres du haut moyen âge), me
paraissent dire que l'Église est un nouveau paradis où Dieu a mis l'homme pour retrouver
la vie éternelle qu'Adam avait perdue dans le premier jardin de délices (Gf. Nttpra, p. 34).
Ce n'est pas que ce genre de ressource artistique soit rare dans les monuments chrétiens
des vieux temps; on s'en sert bien des fois pour partager en plusieurs scènes le champ
d'une composition. Mais dans diverses mosaïques, comme sur notre bas-relief, je n'invente
pas cette comparaison de l'enseig'nement pastoral et des sacrements conAés au ministère
ecclésiastique, avec le séjour bienheureux qui reçut nos premiers pères sortant des mains
du Créateur, ou avec la demeure éternelle réservée aux élus. Ne voyons-nous pas les quatre
évangélistes représentés longtemps sous la forme des quatre grands fleuves qui prenaient
leur source dans la rég'ion du paradis terrestre^? La liturgie grecque de son côté rappelle
fréquemment l'Éden lorsqu'il s'agit des docteurs et des saints dont l'enseig'nement et les
exemples nous apprennent à g'agrter le ciel L
On voit que c'est toujours l'Église qui, par sa doctrine et la bonne odeur des vertus qu'elle
produit, nous remet sur la route de la grâce divine perdue.
Les ornements de la bordure pourraient avoir aussi quelque valeur symbolique. Des ani-
maux qui se jouent entre les fleurs et franchissent en courant les rinceaux décoratifs, sont
chose fréquente depuis longtemps*. Mais l'antiquité classique elle-même a représenté
parfois les âmes sous forme d'oiseaux et les saints Pères, comme les vieilles miniatures,
adoptent volontiers ce symbolisme^ : d'autant plus que la création des oiseaux et des pois-
sons (Gen. I, 21) prêtait à en faire l'emblème du Adèle qui a trouvé une nouvelle naissance
dans l'eau du baptême.
D'ailleurs, nous avons au centre du sommet un buste de femme dont la bouche semble
alimenter les rejetons végétaux qui g*arnissent toute la bande ornementée. G'est la Terre,
je crois, dont il a été parlé précédemment plus au long-C La tête de bœuf qui lui fait pendant
au-dessous, me paraît dire que, mère des herbages, la terre devient par là même nourrice de
tout ce qui a vie animale s. 11 s'agirait donc de Agurer le théâtre donné à l'action tempo-
relle de l'Église, en attendant la consommation des siècles.
1. IM Luc. (Opp., 1701, t. H, p. 163) : " Post triduum in
templo invenitur Jésus; quia post resurrectioncm, quœdie
tertia facta est, ab his qui quærunt in Ecclesia reperitur....
sed ubi invenitur? In tempio, in Ecclesia, conventu lidelium;
in mcdio doctorum et in cœtu episcoporum. Qui igitur qu.lo-
ris Jesum, veni ad templum, veni ad Ecclesiam, veni ad
episcopos et sacerdotcs ; audi quid ipsi dicunt, ibi enim vi-
debis Jesum. Etc. B
G'est, du reste, l'enseignement d'Origène expliquant le
même texte de l'Evangile.
2. Gen. H, 10-14. Cf. Cnmctêr:stMyMes des snwds, p. 324,
sv., etc. — Garrucci, Vetrf, p. 30.
3. Cf. Triodium, cd. Querini, p. 38, sq.; 64, sq.; 66, sqq.;
etc. — Hem Venet., 1880, p. 20, 48, 81, etc.
4. Fortunat(Opp. ed Luchi, P. I, p. 101) parle d'une re- ;
présentation semblable chez l'évêque de Metz, et n'en prend
occasion que pour un jeu d'esprit sur le raisin et le vin.
3. Cf. Elite des monuments céramographiques, 1.1, p. 23
et 34.
6. Cf. Hieronym. epist. LXXXH, adOceawMm (opp. ed. Mar-
tianay, t. IV, P. H, p. 630). — Etc.
7. Cf. Mélanges, P" série, t. II, p. 61, svv.
8. Cf. Mélanges... (P° série), t. II, p. 62, note I. Cf. Cal-
limach., Hywm. m Cererem, V; etc., etc.
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Saint-Esprit. On a voulu, si je ne me trompe, nous rappeler l'autorité ecclésiastique; confor-
mément à ce que disait saint Brunon d'Asti *, vers l'époque où s'exécutait notre bas-relief.
A propos de l'enfant Jésus trouvé dans le temple parmi les docteurs (Luc II, 42-47), il en-
voie le chrétien écouter et consulter les pasteurs, s'il veut retrouver la paix de l'âme et se
maintenir dans la crainte de Dieu.
Quatre arbres qui s'aperçoivent çà et là, surtout dans le groupe à droite du spectateur
(avec une forme de convention qui n'est pas rare dans les œuvres du haut moyen âge), me
paraissent dire que l'Église est un nouveau paradis où Dieu a mis l'homme pour retrouver
la vie éternelle qu'Adam avait perdue dans le premier jardin de délices (Gf. Nttpra, p. 34).
Ce n'est pas que ce genre de ressource artistique soit rare dans les monuments chrétiens
des vieux temps; on s'en sert bien des fois pour partager en plusieurs scènes le champ
d'une composition. Mais dans diverses mosaïques, comme sur notre bas-relief, je n'invente
pas cette comparaison de l'enseig'nement pastoral et des sacrements conAés au ministère
ecclésiastique, avec le séjour bienheureux qui reçut nos premiers pères sortant des mains
du Créateur, ou avec la demeure éternelle réservée aux élus. Ne voyons-nous pas les quatre
évangélistes représentés longtemps sous la forme des quatre grands fleuves qui prenaient
leur source dans la rég'ion du paradis terrestre^? La liturgie grecque de son côté rappelle
fréquemment l'Éden lorsqu'il s'agit des docteurs et des saints dont l'enseig'nement et les
exemples nous apprennent à g'agrter le ciel L
On voit que c'est toujours l'Église qui, par sa doctrine et la bonne odeur des vertus qu'elle
produit, nous remet sur la route de la grâce divine perdue.
Les ornements de la bordure pourraient avoir aussi quelque valeur symbolique. Des ani-
maux qui se jouent entre les fleurs et franchissent en courant les rinceaux décoratifs, sont
chose fréquente depuis longtemps*. Mais l'antiquité classique elle-même a représenté
parfois les âmes sous forme d'oiseaux et les saints Pères, comme les vieilles miniatures,
adoptent volontiers ce symbolisme^ : d'autant plus que la création des oiseaux et des pois-
sons (Gen. I, 21) prêtait à en faire l'emblème du Adèle qui a trouvé une nouvelle naissance
dans l'eau du baptême.
D'ailleurs, nous avons au centre du sommet un buste de femme dont la bouche semble
alimenter les rejetons végétaux qui g*arnissent toute la bande ornementée. G'est la Terre,
je crois, dont il a été parlé précédemment plus au long-C La tête de bœuf qui lui fait pendant
au-dessous, me paraît dire que, mère des herbages, la terre devient par là même nourrice de
tout ce qui a vie animale s. 11 s'agirait donc de Agurer le théâtre donné à l'action tempo-
relle de l'Église, en attendant la consommation des siècles.
1. IM Luc. (Opp., 1701, t. H, p. 163) : " Post triduum in
templo invenitur Jésus; quia post resurrectioncm, quœdie
tertia facta est, ab his qui quærunt in Ecclesia reperitur....
sed ubi invenitur? In tempio, in Ecclesia, conventu lidelium;
in mcdio doctorum et in cœtu episcoporum. Qui igitur qu.lo-
ris Jesum, veni ad templum, veni ad Ecclesiam, veni ad
episcopos et sacerdotcs ; audi quid ipsi dicunt, ibi enim vi-
debis Jesum. Etc. B
G'est, du reste, l'enseignement d'Origène expliquant le
même texte de l'Evangile.
2. Gen. H, 10-14. Cf. Cnmctêr:stMyMes des snwds, p. 324,
sv., etc. — Garrucci, Vetrf, p. 30.
3. Cf. Triodium, cd. Querini, p. 38, sq.; 64, sq.; 66, sqq.;
etc. — Hem Venet., 1880, p. 20, 48, 81, etc.
4. Fortunat(Opp. ed Luchi, P. I, p. 101) parle d'une re- ;
présentation semblable chez l'évêque de Metz, et n'en prend
occasion que pour un jeu d'esprit sur le raisin et le vin.
3. Cf. Elite des monuments céramographiques, 1.1, p. 23
et 34.
6. Cf. Hieronym. epist. LXXXH, adOceawMm (opp. ed. Mar-
tianay, t. IV, P. H, p. 630). — Etc.
7. Cf. Mélanges, P" série, t. II, p. 61, svv.
8. Cf. Mélanges... (P° série), t. II, p. 62, note I. Cf. Cal-
limach., Hywm. m Cererem, V; etc., etc.