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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 3,2): Nouveaux mélanges ... sur l'moyen âge : ivoires, miniature, émaux — Paris, 1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.33621#0080
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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.

lointaine, parut un soutien triomphant de la cause. Si saint Pierre et son successeur l'A-
p&yàM'/e avaient une mission assez présentable, celle de Joseph ne manquait pas non plus
d'une certaine recommandation.
L'homme courageux qui s'était présenté hardiment au gouverneur romain pour récla-
mer le droit de donner une sépulture honorable à un supplicié (Marc. XV, 43-46), n'était
pas si mal choisi pour protester contre Rome* ! D'autre part, l'Ecosse voulant aussi rompre
avec l'Irlande et ne pas avouer que des disciples de saint Patrice eussent évangélisé la
Calédonie, imagina que les reliques de saint André avaient été transportées d'Achaï e chez
les Écossais au iv° siècle. On lit donc de cet apôtre le patron du Royaume, et il devint con-
venu qu'on n'avait eu nul besoin des enfants de la verte Érin. Je n'ai pas à me jeter dans
cette autre question qui est trop incidente pour le sujet actuel et qui ferait remonter le
Christianisme des Pietés bien avant les missions de saint Colmkill (le grand Colomban du
Nord).
Tandis que ce petit bout de mémoire quelconque sommeillait tranquillement parmi mes
cartons en attendant la main obstétricale du typographe, M. Paulin Paris a publié dans le
recueil (1872, p. 457-482) un travail d'appréciation sur l'origine des romans du
Saint-Graal et de la Table ronde. Je n'ai pas à examiner par le menu les recherches d'un
homme si au courant du moyen âge et qui est mon aîné en ces matières; mais je renvoie
le lecteur à cette dissertation curieuse qui développe l'origine du mythe celto-britan-
nique bien autrement que je ne le faisais. On y trouvera de nouveaux renseignements
pleins d'intérêt.
Bref, la légende lit à peu près son chemin parmi les tribus galloises ou rattachées
tellement quellement au centre que des Celtes maintinrent dans le sud-ouest de l'Angle-
terre, jusqu'à ce qu'ils fussent toujours ptus refoulés vers la mer d'Irlande par les vain-
queurs. Sous la dynastie angevine des Plantagenets, ces vaincus trouvèrent un moment de
répit qui donna du moins quelque issue à leur littérature, opprimée durant des siècles ou
resserrée violemment dans un étroit espace. Henri II, par exemple, n'avait guère souci de
l'idiome anglais dont il savait à peine un mot ; mais tenait beaucoup dans toutes ses guerres
contre la France, l'Irlande et l'Écosse à grouper toutes les forces vives de son archipel bri-
tannique. Les Gallois, en vrais enfants de la race celtique, étaient toujours prêts à se pré-
cipiter sur leurs frères ou cousins; et fournissaient volontiers de bonnes recrues au pouvoir
anglais, quitte à lui créer ensuite des embarras intérieurs. Aussi, lorsque plus tard la cour
angevine trouva bon de briser leur indépendance, elle s'efforça encore de les amadouer en

1. Je ne voudrais pas, comme Français, jeter ia pierre trop
rudement aux Celtes. Mais il y a longtemps qu'on me sembie
négliger une source importante d'informations pour la phi-
losophie de l'histoire au sujet de la race celtique. Saint Paul,
qui était pour le moins un homme distingué par bien des
endroits, et qui avait en outre grâce d'état comme apôtre
des nations, pourrait bien ne pas avoir été assez étudié dans
le portrait qu'il trace des Celtes d'Asie (les Galates) : batail-
leurs, amis du nouveau, disputeurs, enthousiastes, cordiaux,
changeants, généreux, un peu mutins, entêtés gà et là, faciles
à la débandade comme à l'enrôlement; ce sont des traits
qu'il ne leur épargne point dans sa lettre (Cf. Gai. 1, 6; 111,
1, 3; IV, 13-20; V, 1, 7, 10, 13, 13, 26; VI, 2, 6, 10). 11 les
traite en enfants terribles, aimables, insupportables; qui
se laissent pourtant dire des choses dures quand ils savent

qu'on les aime, mais qui demandent à être menés; gens trop
prononcés dans leurs défauts et dans leurs qualités pour se
passer de quelque mélange qui les modifie. Romains et Ger-
mains dans les Gaules nous ont fait cette mixture; Saxons et
Normands, dans les Iles-Britanniques, y ont travaillé à la
manière d'un pilon qui broie le poivre. Le traitement est dur
sans doute pour qui l'éprouve,
AtÔ; 3' ÈTEXEtETO (IcuMj.
Nos ancêtres les plus lointains avaient déjà pourvu à cette
dispersion providentielle sans s'en douter, par les expéditions
au dehors qui semaient quelques noyaux de notre espèce
quasi partout. L'Irlande et l'Écosse, souvent contre leur grc,
accomplissent le même dessein depuis deux cents ans pour
l'Amérique, l'Inde et l'Australie.
 
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