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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 3,2): Nouveaux mélanges ... sur l'moyen âge : ivoires, miniature, émaux — Paris, 1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.33621#0087
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IVOIRES SCULPTÉS. X, PEIGNES ORNEMENTÉS. 71
les pierres précieuses, n'est orné que de rinceaux et de feuiffage, et je ne m'explique pas
bien pourquoi il n'aurait pas été sculpté en Syrie. En ce cas, il n'y aurait pas lieu d'affir-
mer que le style y est d'une époque postérieure à celle d'Henri LL Les modèles d'enroule-
ments végétaux ne manquaient pas aux Syriens dans les sculptures romaines, et je ne vois
guère d'impossibilité à ce qu'ils aient pu exécuter au x° siècle l'ornementation du peigne
attribué à Henri l'Oiseleur par les Saxons.
En somme, la forme des trois peignes dont je viens de parler est sensiblement la même,
et paraît assez bizarre, pour nous être venue d'Asie.
Pour moi, je ne vois pas du tout quel avantage ces deux espèces de cornes supérieures
prêtaient à la prise; mais elles se ressemblent trop pour qu'on n'y voie pas une convention,
ou mode, qui aura eu son temps.

Celui que je vais présenter au lecteur et ceux qui le suivront ressemblent beaucoup plus à
ce qui s'exécute aujourd'hui. Le & MM? Z0M/3 (saint Leu?) que voilà (p. 72) est con-
servé à Sens comme ayant servi au saint évêque, et les grosses dents n'annonceraient pas
que le saint homme fut entaché du vice de coquetterie. On les croirait plutôt faites pour
démêler la queue d'un cheval ou du moins pour la crinière.
Quoi qu'il en soit, la cathédrale de Sens le conserve précieusement depuis des siècles,
monté en or avec des pierres précieuses et des filigranes. Une inscription même, tracée au
xif siècle, certifie qu'il a été au service du saint prélat cinq cents ans plus tôt. M. H. d'Ar-
bois de Jubainville l'a décrit dans le aixAéo/oyiyMë & /a et la planche
en couleurs dessinée par M. Gaussen est sans doute le ofroz? dont nous donnons l'auery. Car
le nombre des pierres précieuses n'est pas ici le même; et sous l'arc où deux lions sont
affrontés, la tête de bélier qui les sépare est tournée en sens inverse de ce que montre le por-
tefeuille champenois. La plante même ne me paraît pas être exactement semblable, et ce
peut être une variante de l'artiste qui voulait reproduire un même sujet sans se répéter
comme un copiste tout pur.
Que ce soit un thème d'origine orientale, comme le pense M. d'Arbois de Jubainville,
c'est ce qui me semble évident aussi. J'ai déjà fait observer que sous la main des ouvriers
(ou artistes) d'Asie ou d'Europe, le souvenir du pyrée prend des figures qu'il nous faut
interpréter largement L

Trois autres peig'nes bien plus semblables à ceux que nous employons aujourd'hui m'ar-
rivent presque sans aucuns renseignements de mon ancien collaborateur h Mais il en est un

1. Ch. V, Seaipiure SMrùoisetSM?* ivoire, p. 9, pL 2. L'ins-
cription est pectew S. Rapt. D'autres scuipturcs sur ivoire
(olifants, peignes, etc.) ont été publiées dans l'ouvrage qui
porte pour titre : ie Moyen ûye ei ?a Renaissance, t. V ; sous
les titres Scaiptares et Diptyques. Le t. IV également en ren-
ferme plus d'un exemple à l'article Oèjets divers.
2. L'art babylonien, cilicien ou même phénicien, repro-
duisait tout cela depuis longtemps, et continua de le repro-
duire sans doute avec plus ou moins d'intelligence lorsque
s'éteignit le culte qui en avait été l'origine. C'était une dé-
coration acceptée, et qui avait la vie dure. Puis elle se pou-
vait adapter passablement à la religion chrétienne, lorsque

l'ancien pyrée devenait une coupe où s'abreuvaient des ani-
maux. Oiseaux et quadrupèdes se faufilant dans des rinceaux,
rappelaient aussi des sujets de vendange ou de chasse. Rien
n'empêchait donc d'interpréter tout cela comme simple or-
nement de fantaisie joyeuse, ou comme emblème édifiant,
selon la disposition du spectateur; en sorte qu'il y en avait
pour tous les goûts. Cf. C. Cavedoni, Memorie (di Modena),
série H, t. XV, p. 120, sgg.; et t. XIV, p. 3S1, sg.; etc.
3. Un mot cependant, vis-à-vis du dessin des deux peignes
qui occupent ici la p. 73, annoncerait qu'ils passent, pour
avoir appartenu à l'impératrice sainte Cunégonde. Ils pro-
viennent donc apparemment de Bamberg.
 
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