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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.

On a beau donner un nom latin à la réunion de ces deux courbes, je ne réussis pas à
m'expliquer comment une vessie natatoire aurait pu diriger les artistes qui ont tracé les
premiers cette ÿ/02'n? assez disgracieuse.
Aux quatreangles du parallélogramme, se voient des étoiles à huit rais qui semblent vouloir
dire que Notre-Seigneur nous parle du haut du ciel '. Le geste de sa main droite ne sera
probablement pas pris cette fois pour une bénédiction, puisque le dos de la main se présente
en dehors. C'est, comme je l'ai déjà dit plus d'une fois, l'expression d'une ancienne coutume
qui faisait indiquer ainsi aux orateurs le désir de prendre la parole, comme pour faire
cesser tout bruit dans l'auditoire Seulement, alors on étendait le bras en avant, et ce sera
le motif pour lequel plusieurs ont imaginé d'appeler cela Le livre des Évan-
giles ouvert sur le genou et soutenu par la main gauche porte en latin ces mots (Joann.
XIV, 6) : <Ue suis la voie, la vérité et la vie. o Ce serait, si l'on m'en croit, le
expression qui simplifiera beaucoup des phrases à répéter sans cesse quand on parle de
l'époque romane. Attitude, geste et inscription du livre,des Évangiles se répètent sur le
tympan principal d'une foule d'églises, jusqu'à l'instant où l'architecture gothique (comme
on dit) prit le dessus, en amenant de nouveaux M0/2/? pour la sculpture L C'était à peu près
la même pensée que celle des monnaies latines contemporaines qui répétaient partout cette
déclaration de politique chrétienne : « Le Christ règne, il est vainqueur, il commande.))
De même que sur les tympans dont je parle, le Verbe incarné a pour escorte ici les
quatre évangélistes qui semblent écrire sous sa dictée. Ailleurs, ils sont souvent remplacés
par leurs symboles que nous appelons aussi éwayéA'yMa?.
L'explication s'en trouve quasi partout, ce n'est donc pas le lieu d'y revenir ici tout spé-
cialement^; quoique nous ayons près de chaque évangéliste son symbole porté en haut,
comme précisant l'espèce d'inspiration particulière qui les caractérise entre tous.
Si je m'en rapporte au dessin de mon ancien collaborateur, saint Matthieu et saint Jean
sont les seuls qui montrent lisiblement les premières paroles du texte de leur livre ; c'est
pour l'un, sur une bande étroite qui se déploie dans sa longueur : «Liber generationis H ; et
pour l'autre, sur un livre relié qui s'ouvre vers le spectateur : « In principio '). On croirait
a bon droit que les scènes représentées à côté de chaque évangéliste sont tirées de
son livre, et je suis très-porté à croire que c'était bien l'intention du ciseleur. Mais, par le
fait, l'assembleur doit-il en porter la faute? — Ce pourrait être ainsi. Au-dessus de saint Mat-
thieu nous voyons rhistoire de la femme adultère (Joann. VIII, 3-11). Notre-Seigneur, qui
se penche pour déconcerter les accusateurs, semble écrire ces mots : « Si quelqu'un d'entre
vous est sans péché, qu'il lui jette le premier la pierre. n A. vrai dire, ce que Jésus-Christ

p. 493, offre quelque idée de l'espèce de cercle que je sup-
pose forme par un tapis rond tombant du siège vers les
pieds.
1. Ce peut être le cas de répéter que l'étoile à cinq pointes
du blason moderne (au moins en France) est une dérogation
à l'ancienne coutume presque constante. Les cinq pointes
étaient si bien reconnues jadis pour indiquer la molette d'épe-
ron, que les édits de l'amirauté anglaise désignaient l'astérie
de mer sous le nom de poisson à cinq doigts (/ire /myer),
ressemblant à une molette d'éperon. H y avait une sorte de
ban contre cet animal, comme étant l'ennemi des huîtres.
2. Cf. Mélanges d'arcAéo/ogie, série, t. !, p. 214, sv. —
Caractëu'stûyMes des SS-, p. 333, sv.; etsapra, h. t., p. 32,
note 2.

3. Cf. Mélanges d'nrcAëoiogle, F" série, t. 1, p. 80, sw.
4. H en a été question avec assez de détail dans les Carae-
ténsifgaes des SS., p. 392-399.
Nul ne saurait trouver étrange qu'un auteur se cite lui-même
en renvoyantà quelque travail où il s'agissait surtout d'exposer
diverses données générales, qui se reproduisent fréquemment
dans l'art chrétien. Vaudrait-il mieux, peut-être, se répéter
à tout propos en réimpressions interminables, couvertes du
prétexte de quelque circonstance sujette à revenir chaque
jour? La chose dite une bonne fois, avec tous égards pour
ceux qui l'ont traitée magistralement, il semble suffire qu'on
puisse se renseigner à l'endroit destiné pour résoudre les
principaux doutes. Le reste pourrait sembler, à bon droit,
pur rabâchage, et j 'en serais médiocrement flatté.
 
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