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128

MELANGES D ARCHEOLOGIE.

Le tableau donné à ma page 127 peint la dernière cène du Sauveur avec ses Apôtres, et
l'institution du sacrement de nos autels. Une table, soutenue par des supports à têtes et pieds
de chimère, annonce quelque intention de reproduire des modèles antiques plus ou moins
compris. Ce rappelle des repas indiqués dans un manuscrit anglo-saxon du jBraAWt
dont quelque .spccmtc/t a été gravé par le P. Martin pour la F" série de ces ÆéAw/ay
(t. I, pl. XLV). Mais, comme si cette décoration n'était pour l'artiste qu'un souvenir vague,
il a fait passer la nappe entre le plateau supérieur et ses supports ; apparemment pour
rendre plus reconnaissable l'ornement classique de son cénacle.
Malgré la petite dimension de tous les détails, on voit que Notre-Seigneur et l'un des
convives étendent en même temps la main vers une des pièces de service qui garnit la
table. C'est sans doute l'instant où le divin Maître confie à quelqu'un des Apôtres le nom
de celui qui va le trahir. Il venait de dire (Matth. XXVI, 23) : K Le traître est celui qui
mettra la main au plat en même temps que moi. H
Au dessous, et sans nulle séparation ni transition quelconque *, nous avons l'apostat qui
livre Jésus-Christ aux valets du prince des prêtres. Ceux-ci, comme dit l'évangéliste (Matth.
XXVL 47), portent des armes et des bâtons ; si bien que l'un d'eux semble brandir une
garde mal ébranchée, pour encourager ceux qui le suivent. Pendant ce temps-là, Judas
approche de celui qu'il croit tromper en l'embrassant et affecte un air d'innocente bon-
homie. Ces ligures, de dimensions si réduites, ne laissent pas d'avoir presque toutes un
port et des gestes qui font bien comprendre l'action; en sorte que, guidé par l'office
divin, il n'y a pas moyen de se méprendre sur le sujet véritable. Malgré cette dépense de
composition si finement groupée, le peintre n'a pas voulu laisser sa lettre elle-même sans
décorations, et maintient autour du tracé calligraphique ces tiges qui s'enroulent ailleurs
aussi le long des pleins et des déliés.
La gravure suivante (p. 129), est calquée sur la messe du jour de Pâques et abrège le pre-
mier mot de l'oraison ^ : « Deus, qui hodierna die per Unigenitum tuum, æternitatis nobis
aditum, devicta morte, reserasti, etc. n Une si grande solennité méritait bien que notre
miniateur s'accordât quelque luxe extraordinaire, et il ne s'en est pas fait faute. Toutefois
ce qui peut paraître chargé dans notre copie rendue à l'encre pour tout le dessin, ne pro-
duit pas le même effet sur l'origânal. Le fond y est d'un rouge pourpre qui passe à une
autre nuance dans certaines parties, et les rinceaux relevés en or se détachent légère-
ment à l'œil.
Quant aux détails historiques de son sujet, ils nous montrent d'abord à l'intérieur du
D, un Saint-Sépulcre sous forme de tourelle et de monument architectural. La base carrée
porte une petite rotonde à coupole, où se voit le tombeau vide sur lequel sont assis deux
anges. Ce semble être un souvenir de ce que dit saint Luc (XXIV, 1-8) : « Deux hommes
revêtus de robes éclatantes encouragèrent les saintes femmes, etc. n
Devant la porte principale de l'édifice, un autre ange siège seul sur la pierre qui devait
obstruer l'entrée ^ et dont le souvenir ne laissait pas que d'embarrasser les compagnes de
1. Cette façon naïve d'accumuler des scènes sans employer viation du mot Dews; tandis qu'allleurs tout l'encadrement
autre chose que l'espace tout nu, n'est pas rare jusqu'au ne correspond qu'à une seule lettre.
siècle des Othons. Plus d'une fois, un fait accessoire est loge 3. Cet usage était assez fréquent dans la Palestine, et les
à une certaine hauteur; et, dans l'absence de perspective, le traces s'en reconnaissent encore aujourd'hui en maint en-
spectateur devait comprendre que cela équivalait à ce que droit. De récents explorateurs ont pu le constater à plus
l'on appelle aujourd'hui un arrière plan. d'une reprise;*et je pourrais citer leur témoignage , si cela
2. Le trait qui surmonte l'S intérieure, annonce une abré- n'était pas bien connu maintenant.
 
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