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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 3,2): Nouveaux mélanges ... sur l'moyen âge : ivoires, miniature, émaux — Paris, 1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.33621#0165
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LES APOCRYPHES.

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des naïves complaintes du xvn° siècle et du xvnf sur les saints populaires, et qui font encore
venir les larmes aux yeux des bonnes gens dont je suis un !

(t Rumpatur quisquis rumpitur invidia. H
Cette fois, sans plus de considérations générales, il me faut tout simplement introduire
l'%ccoMcA^i? de déjà un peu connue des lecteurs qui auront donné quelque atten-
tion à nos A/éAmyev tf arcMo/oyâ? ', et il semble bon d'en finir une fois pour toutes avec cette
curiosité importante (au moins comme histoire de l'art) qui semble avoir échappé presque
entièrement à Trombelli, si ce n'est qu'il y ait vu quelque chose de trop délicat pour les
âmes et prudes (comme chacun sait) de ses contemporains L
Avant tout, que l'on s'entende ; car le P. A. Martin avait traduit un peu trop sans façon
l'un des textes apocryphes que suivaient les vieux imagiers h
Pour vrai dire, il ne nous faudrait pas énornément de recherches afin d'éclaircir ce point
comme l'entendaient nos artistes du moyen âge, puisque Jacques de Varazze (un domini-
cain et un évêque de Gênes) a résumé cela au xiv° siècle*, dans un livre qu'il destinait évi-
demment à devenir populaire : « Joseph, quoique sachant bien que le Fils de Dieu naîtrait
d'une vierge, voulut cependant appeler des accoucheuses, dont l'une s'appelait Zéhel et l'au-
tre Salomé Zéhel, donc, s'écria que cette mère était vierge, et déclara la merveille. Mais
Salomén'y croyait pas si vite et voulut vériAer le fait. Alors sa main se sécha immédiate-
ment; et, par ordre d'un ange, elle recouvra la santé après avoir touché l'enfant." Les apo-
cryphes, grecs ou autres, délayent parfois en plus d'une page ces quelques lignes du
xiv° siècle, sans beaucoup ajouter à l'analyse que l'on vient de voir.
Saint Gélase, par son décret, pouvait avoir fait perdre quelque autorité aux témoignages
de Prudence et de saint Zenon % mais nous avons vu ce vieux récit émerger au ix° siècle
dans le sacramentaire de Drogon; et, comme pour le Bestiaire, condamné aussi par le même
pape, nous voyons au xn° siècle reparaître de tous côtés l'accoucheuse. J'en ai cité plus d'un
exemple précédemment; et sans la Dalmatie^ où l'on pourrait supposer (très à tort) une
inRuence grecque, il est facile de montrer des pays tout-à-fait latins qui ne se refusent pas
cet épisode. Outre ce que j'ai indiqué déjà, voici trois exemples pris de la seule ville de Poi-

pourrait bien en avoir vu quoique chose. Mais tous ces grands
hommes ne tiennent pas ordinairement ia question d'hété-
rodoxie intentionnelle, comme résoiue.
t. IIP série, t. !, p. 266, note 6; et p. 4, note 2. — Rem.
h. t., p. 1 10, sv. — H" série, t. 1, p. 22, sv,; et pl. 111. —Etc.
2. H en dit pourtant bien d'autres dans sa dissertation xv°
(t.ll, p. 337-423), mais à Béthléem, rien.
3. HiéinHg'es, I" série, t. I, p. 22; à propos de la grande
châsse de Notre-Dame dans l'cglisc d'Aix-la-Chapelle.
4. Lcgcnda Aurea (ed. Grœsse, p. 42), cap. vi, De Nativi-
tate Doinini Nostri Jesu-Christi. Cf. Thilo, Codeæ npocryp7tMS
Nom Tes7n?MenR', p. 243-233; 378-381. — Tischendorf, Æm?:-
peHn npocryplm (1833), p. 33-38; 74-76; et 172, sv.; etc.
3. Ailleurs on trouve Zélémi, etc.; et c'est le texte que
suivait apparemment une peinture des catacombes dont il
a été question à propos d'une châsse d Aix-la-Chapelle. Cf.
MéAmpes, D° série, t. 1, p. 22.
6. Cf. Swpra, HD série, I. I, p- 266, notes 4 et 3.
7. Jahrbuch der Kaiserl. kônigl. central-Commission zur
Erforschung und Erhaltung der Baudcnkmale, t. Y (1861),
p. 200, 241.

La peinture des catacombes (où l'on a imaginé une mar-
tyre plongée dans l'huile bouillante par deux bourreaux)
pourrait bien être aussi œuvre du haut moyen âge. Mais là, du
moins, il ne faut pas faire intervenir une influence prépon-
dérante des récits mieux conservés chez les Grecs, que chez
nous autres Occidentaux. Je n'ignore pas que l'Église grecque,
ou ses artistes, ont maintenu cette forme très-longtemps ; et
que la Russie ne s'en dessaisit pas encore. Le grand malheur,
s'il vous plaît? puisqu'on y vise principalement un témoi-
gnage humain (pour la virginité de Marie avant et apres
l'enfantement du Fils de Dieu fait homme). Cf. Iconographie
russe, par G. Philimonof (en russe), Moscou, 1873; in-16,
p. 36, sv.
Que l'on aperçoive l'art grec dans le Mënologe de Grotta
ferrata (t. Il, p. 36), et même sur les anciennes portes de
Saint-Paul-hors-des-murs(Caractér7sU'<yMes des SS., p. 46), à
la bonne heure ! puisque ce dernier travail passait pour exé-
cuté à Constantinople. Mais je crois bon de ne m'appuyer
généralement cette fois que sur des œuvres latines, et j'écar-
terai à dessein toutes les autres pour me tenir à ce que l'Oc-
cident nous montre.
 
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