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CHASSE DE HUY.

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dit te prophète Isaïe. Le diable une fois mis en fuite, l'arbre demeura en souvenir du fait et
devint une source de guérisons pour les maladies. C'est ce qu'attestent Égyptiens et Pales-
tiniens, pour savoir très-bien ce qu'il en est dans leurs contrées. H
Le nom de Pcrwa ou aura conduit à croire qu'il s'agissait d'un pêcher, puis de
n'importe quel autre arbre fruitier fréquent sous notre ciel. Honorius d'Autun, ou d'Augs-
bourg (si l'on veut épiloguer), y prête un peu ', mais on ne l'avait pas attendu; puisqu'un
évangile apocryphe, l'un des pires % a prétendu que c'était un palmier à dattes. La très-
sainte Vierge jugeant que les fruits de cet arbre seraient fort utiles après deux ou trois
jours de voyage, aurait eu grande envie de s'en rafraîchir. Joseph trouvait que c'était une
envie déraisonnable, vu la hauteur démesurée du tronc qui ne permettait pas d'atteindre
la grappe (féyb7?c). Mais l'Enfant Jésus aurait ordonné au palmier de se fléchir, et l'arbre se
serait mis immédiatement à la disposition de la Mère de Dieu : courbant sa cime vers la terre
jusqu'à permission de se relever. Au moyen âge latin on peint un cerisier en pareil cas,
comme portant des fruits plus appétissants pour nous autres Occidentaux, que ne le seraient
les dattes.
Ce pieux enfantillage n'étant point nécessaire pour interpréter notre monument, qu'a-
vons-nous besoin de puiser à des sources si suspectes ?
Le cadre intérieur que nous voyons dans ce tableau et qui reparaîtra dans d'autres
scènes, est peut-être un procédé quasi nécessaire pour l'application de l'émail lorsqu'il y a
de trop grandes surfaces à champlever. Je suppose que la matière en fusion avait besoin
de ne pas trop couvrir d'espace d'un seul jet. Il fallait donc accepter cet artifice, comme les
vitraux acceptaient le plombage des pièces de différentes couleurs. L'œil s'y faisait à la
longue, comme il se fait à la jointure des pierres dans l'architecture, sans exiger un enduit
qui marque les lignes d'assise ou de jointoiement.
La résurrection de Lazare (p. 162) ne nous permet aucune comparaison, puisque ni le Méno-
loge grec, ni les portes de Saint-Paul, ne lui ont donné place; c'est, du reste, un sujet que plu-
sieurs monuments reproduisent au moyen âge avec quelques-unes des formes qu'elle montre
ici b Le mort se présente debout, et celui qui le débarrasse de ses bandelettes (Joann. XI,
1. Honor. Augustodun., De MmoceHM&MS (Cologne, 1331,
fot. 28 V, sq.) :
. Jubet angélus Joseph cum Maria et puero adÆgyptum pergere,
Dicens Herodem euni quantloque veile perdere.
Qui quut^ Ægyptum ingrediuntm-,
Ad introitumChristiidoia eorruissereferuntur.
Fertur etiam [quod] quum Hermopolim civitatem intrasset,
Arbor Persicus aita
Dæmonibus consecrata
Coram Saivatore se usque ad terram inciinasset;
Quæ post muitos ibidem anuos duruit (duravit?),
Et... muitis mu!ta bénéficia sanitatum contulit. s
2. Histor. de nativitate Mariæ et de infantia Salvatoris,
cap. xx (ap. Thilo, Co& apocrypA. tV. T-, p. 393, sqq.). Cf.
Nott. ad Evangel. infantiæ Servatoris, p. 136, 139. —
Schade, 7. c. — M^ Jameson, Legewds o/ ?7te mncfonna,
p. 233.
On a même imaginé que l'enfant Jésus avait pris soin de
pourvoir à la conservation d'un mémorial de cette merveille.
Un ange donc aurait eu charge de transporter en paradis
un rameau de l'arbre pour y reverdir à jamais. Mais cela,
sans nulle garantie ecclésiastique, bien entendu.
n. — 21

La Mgende dorée (De DmoceMftAMs) se contentait de suivre
Sozomcne, dont notre compilateur génois ne connaissait pro-
bablement le récit que par d'autres compilateurs latins. Des
contes arabes plus ou moins fondés sur le Coran (je n'irai
pas chercher en quel endroit précis) disent à peu près la
même chose que notre apocryphe; et prétendent que le
noyau de la datte conserve encore la trace écrite de l'excla-
mation poussée par Marie dans le besoin qu'elle éprouvait
de manger ce fruit savoureux. Les Bouddhistes mêmes ne se
sont pas prives d'une historiette semblable à celle des Ara-
bes; mais nous n'avons pas besoin de ces pauvretés, quoique
les miniateurs du xv° siècle semblent y avoir pris goût.
Aussi quelques livres d'heures montrent-ils un ange qui
courbe le tronc d'un arbre fruitier pour que Notre-Dame
choisisse dans les hautes branches ce qui est à sa convenance
en fait de cerises, abricots, pêches, ou autres produits indi-
gènes.
3. Les sarcophages et les verres à feuille d'or gravée
suivent à peu près le même programme que notre émail
(Cf. Buonarruoti, FrammenD'... &' wtro, p. 49, sgg.). Cela
se retrouve plus tard encore dans les verrières, comme à la
cathédrale de Lyon par exemple (Cf. Vltraa-r Bourges,
 
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