CHRISMES. 22S
tiale. Pour qu'on n'en soit pas réduit à un seul exemple, donnons-en un autre, copié à
Marseille aussi
Sur cette pente néanmoins, on était bien prêt d'abandonner tout à fait le chrisme primitif
ou de ne le conserver que comme un souve-
nir archéologique qui ne disait plus grand'-
chose aux bonnes gens. Cette espèce de
pédanterie pieuse a pourtant survécu jus-
qu'au xiP siècle, surtout dans les pays de la
lang-ue d'oc et de l'Espagne. Là, on garde
mémoire de l'ancienne forme, mais on y
mêle d'abord une finale latine qui pouvait
se comprendre absolument : l'usag'e des co-
pistes latins étant d'abréger le mot C/tw/M
en XPS. Mais on y mêle volontiers aussi l'ex-
pression franche de la croix; soit dans la
boucle du P, soit au-dessous. C'est ainsi
que le chrisme nous apparaît dans les gra-
vures B et C. L'un et l'autre proviennent de
Saragosse L B est enclavé au sommet de la porte de saint Jean, et C existe à Notre-Dame
du Pilar.
C
B
On voit sur tous deux, que l'A et l'n font presque partie intégrante du chiffre complet;
comme si on eût voulu calquer l'ancien chrisme Constantinien sans bien se rendre compte
I. Sur le pupitre de sainte Radegonde, public par M. P. Du-
rand dans nos Neiges d'arc/téofogM (m série, t. IH, p. 78),
le P est agrémenté à la façon de ceux que i'on vient de voir;
mais une fois croisé par le X, et accosté de deux colombes,
puis seul et tout à fait en croix latine où la boucle n'a plus
l'air que d'un souvenir presque effacé.
M saute aux yeux, si l'on n'a pas de parti pris, que notre
gravure A donne déjà un type latin qui s'écarte du chrisme
grec; et les données historiques appuient cette première
présomption. Cf. Edm. Le Blant, BMcriptmws cArëMeimes.,
t. I, p, cxlv, etc. M. E. Le Blant, dans un compte rendu des
IwscrtptMHes HispniM'æcMstMmæ (Journal des savants, t873,
p. 361, sv.), prémunit les gens trop neufs contre la conclusion
hâtée qui leur ferait prendre comme assurément catholique
tout mort dont la tombe porterait un chrisme à peu près cons-
tantinien. 11 est persuadé que l'arianisme ne repoussait pas
cette apparence de confesser Jésus-Christ; et les indices
qu'il en donne pour l'Espagne seraient difficilement infir-
més. Ainsi, ne poussons pas à l'excès ce qui ne peut être
pris pour preuve concluante : je rétracte donc ce qui serait
trop affirmatif en pareille direction.
2. Archives des missions scientifiques, t. VH, p. 30, svv.
Un de ces chrismes surtout semblerait tracé par quelqu'un
qui n'aurait presque pas eu l'idée de l'ancienne forme, et
qui dessinait vaille que vaille un signe mystérieux dont la
clef serait perdue pour lui.
Un chrisme de Saint-Exupère-d'Arreau, à peu près ana-
logue à ceux que nous venons de donner comme protesta-
it. — 20 -
tiale. Pour qu'on n'en soit pas réduit à un seul exemple, donnons-en un autre, copié à
Marseille aussi
Sur cette pente néanmoins, on était bien prêt d'abandonner tout à fait le chrisme primitif
ou de ne le conserver que comme un souve-
nir archéologique qui ne disait plus grand'-
chose aux bonnes gens. Cette espèce de
pédanterie pieuse a pourtant survécu jus-
qu'au xiP siècle, surtout dans les pays de la
lang-ue d'oc et de l'Espagne. Là, on garde
mémoire de l'ancienne forme, mais on y
mêle d'abord une finale latine qui pouvait
se comprendre absolument : l'usag'e des co-
pistes latins étant d'abréger le mot C/tw/M
en XPS. Mais on y mêle volontiers aussi l'ex-
pression franche de la croix; soit dans la
boucle du P, soit au-dessous. C'est ainsi
que le chrisme nous apparaît dans les gra-
vures B et C. L'un et l'autre proviennent de
Saragosse L B est enclavé au sommet de la porte de saint Jean, et C existe à Notre-Dame
du Pilar.
C
B
On voit sur tous deux, que l'A et l'n font presque partie intégrante du chiffre complet;
comme si on eût voulu calquer l'ancien chrisme Constantinien sans bien se rendre compte
I. Sur le pupitre de sainte Radegonde, public par M. P. Du-
rand dans nos Neiges d'arc/téofogM (m série, t. IH, p. 78),
le P est agrémenté à la façon de ceux que i'on vient de voir;
mais une fois croisé par le X, et accosté de deux colombes,
puis seul et tout à fait en croix latine où la boucle n'a plus
l'air que d'un souvenir presque effacé.
M saute aux yeux, si l'on n'a pas de parti pris, que notre
gravure A donne déjà un type latin qui s'écarte du chrisme
grec; et les données historiques appuient cette première
présomption. Cf. Edm. Le Blant, BMcriptmws cArëMeimes.,
t. I, p, cxlv, etc. M. E. Le Blant, dans un compte rendu des
IwscrtptMHes HispniM'æcMstMmæ (Journal des savants, t873,
p. 361, sv.), prémunit les gens trop neufs contre la conclusion
hâtée qui leur ferait prendre comme assurément catholique
tout mort dont la tombe porterait un chrisme à peu près cons-
tantinien. 11 est persuadé que l'arianisme ne repoussait pas
cette apparence de confesser Jésus-Christ; et les indices
qu'il en donne pour l'Espagne seraient difficilement infir-
més. Ainsi, ne poussons pas à l'excès ce qui ne peut être
pris pour preuve concluante : je rétracte donc ce qui serait
trop affirmatif en pareille direction.
2. Archives des missions scientifiques, t. VH, p. 30, svv.
Un de ces chrismes surtout semblerait tracé par quelqu'un
qui n'aurait presque pas eu l'idée de l'ancienne forme, et
qui dessinait vaille que vaille un signe mystérieux dont la
clef serait perdue pour lui.
Un chrisme de Saint-Exupère-d'Arreau, à peu près ana-
logue à ceux que nous venons de donner comme protesta-
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