Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 3,2): Nouveaux mélanges ... sur l'moyen âge : ivoires, miniature, émaux — Paris, 1874

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.33621#0251
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
228

MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.

Ce n'est qu'un fragment, mais on y voit ie reste d'un chrisme inscrit dans une couronne
et où l'A pend à une sorte de ganse (torsade, si i'on veut). On y aperçoit passablement que
déjà le chrisme n'était plus censé suffire pour rappeler la croix aux yeux du peuple. Aussi
est-il accompagné d'une croix gemmée où perchent deux colombes et sous les bras de la-
quelle deux palmiers étalent leurs régimes ' (ou g'rappes de fruits).
Par hors-d'œuvre dont il ne faut accuser que nos ancêtres, je me trouve conduit à publier
en même temps un lion de l'époque romaine qui semblait n'avoir aucun prétexte pour
s'élancer dans des recherches sur le chrisme.
Mais le fragment de croix dessiné par mon ancien collaborateur, porte écrit au crayon :
(t Le lion est derrière ; n et l'animal que voici (p. 229, B) m'embarrassait fort jusqu'à ce que
j'eusse observé ce renvoi, aussi bien que la corrélation des formes entre le droit et l'avers.
Maintenant il nous y faut voir un marbre opisthogtypte, si ce n'est opisthog'rapbe. Les
antiquaires artésiens auront donc à rechercher (s'ils ne l'ont déjà fait) de quel ensemble
faisaient partie la face et le revers de ces deux bas-reliefs aujourd'hui incomplets, d'autant
que ni l'un ni l'autre n'est méprisable. Pour moi, je n'ai qu'à regagner promptement le
courant qui me portait.
Même avant le vi° siècle, le chrisme paraît bien n'avoir pas été toujours compris par tous
ceux qui l'employaient. Le P gTec ne disait pas grand'chose dans cette figure aux popula-
tions latines. Il fallait être quelque peu lettré déjà pour comprendre que
CVd'M/M.s était représenté par le signe que voici; et même comme on y pouvait
absolument lire, chez les Grecs, l'abrégé du mot qui sait si le millé-
narisme (ou cAt'Ab-w^) n'aura pas prétendu en tirer quelque parti pour autoriser
sa doctrine du règne de Jésus-Gbrist sur la terre durant dix siècles? Cf.
t. I (1874), p. 185-188; etc.
Aussi voit-on d'assez bonne heure, c'est-à-dire vers le milieu du v" siècle, le
P perdre sa boucle et se réduire ainsi à une tige verticale croisée par le X ; en quoi l'on
pouvait voir les initiales de 'Licoi^ XptGTo^. Gomme cela ne formait pas encore nettement une
croix à angles droits, on imagina bientôt une traverse horizontale : peut-être pour donner
place à la première lettre de tout en conservant les principales lignes de l'ancien
chrisme. Le résultat était une croix équilatérale (isoscèle, si l'on veut), mais à angles droits
et radiée. En même temps, toutefois, la véritable notion du monogramme primitif dispa-
raissait de plus en plusL C'est ce qui s'aperçoit sur les deux bustes d'un tombeau dessiné
par le P. A. Martin, je ne sais où, mais apparemment dans le Midi de la France (p. 230).
Ce petit monument est l'œuvre d'un artiste tout-à-fait populaire, un simple maçon a pu
y suffire; mais il n'en vaut que mieux pour montrer ce que devenait inévitablement une
forme savante sous la main de gens peu instruits, et pour des spectateurs qui ne savaient


ne s'agirait pas d'un PonD'/icni; et de ia consécration des
églises, pour tes croix qui doivent être tracées alors sur les
murailles ou les colonnes.
1. Je suppose que ce sera une allusion à divers textes de
l'Écriture. Cf. Job. xxix, 18. — Ps. xci, 13. — Cant. vu, 8.
— Etc., etc. — Divers vitraux du xnr siècle peignent David,
le phénix et le palmier près do Jésus-Christ sortant du tom-
beau; et la croix gemmée rappelle précisément le triomphe
du Rédempteur après ses humiliations. C'est l'interprétation
du vieux Vean'Pa regts :

.< Impleta sunt qua; coacinit
David tideii carminé,
Dicetts : tn Nationilius
Regnavit a tigno Dcus. *
2. Au xn° siècle, et en Bourgogne, Honorius d Autun ne
veut pas laisser ignorer au peuple que l'X figure la croix
de Notre-Seigneur. H insiste pourtant fort peu sur ce souve-
nir quelconque du vieux monogramme (Cf. Speca/mn Æccte-
stæ, fol. 67). Mais cela commençait donc à ne plus être bien
net pour le gros de nos populations.
 
Annotationen