Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
250

MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.

lui supposait même pas l'intention de faire l'ag'réable, mais seulement d'être terrible. Elle
le fait parler ainsi au lion :

« Yien or od moi ensun chest munt
Od (ù?) les Bestes ensemble sunt,
E si te ferai bien véoir
Que tu purras uperchevoir
Qu'eles arunt paour de mei
Autre si grant cume de tei.
Li Liuns est alez od lui
Lor le munt muntcut anbedui ;
Desox le munt en la valée
Ot de Bestes graux assemblée.
Li Asnes prist à recaner

E si laidement à crier
Ke les Bestes se départirent,
Si grant poour mit que s'enfuirent,
Li Asnes dit : Vois-tu, amis,
Ce kc jeo t'avoie promis?
Li Lions li a respundu :
Ce n'est mie par ta vertu,
Ne por fierté que tu ne l'as ;
Mes pur le cri que tu crias
Qui tant leur sanble espoantables
Que tui dient que chest a Diables. H

Partant de là, on pourrait croire que l'âne de notre coffret embouche un cor de chasse,
en même temps qu'il accompagaie de la liarpe cet instrument si peu propre à former un
duo acceptable dans ces conditions. Mais j'ai dit en note qu'il m'était difficile de voir une
trompe de veneur aux lèvres de notre arliste. Les sculpteurs et peintres de cette époque
avaient coutume de voir en gros un spectacle divertissant dans le baudet musicien. A Cu-
nault un âne pince de la harpe tandis que le loup ou le renard semble prier gracieusement
à danser un bouc ou une chèvre.
A Metz, ce pourrait bien être un âne plutôt qu'un lièvre, qui marche en tête de la première
ligne dans les peintures copiées par M. de Saulcy au Temple h Le fragment de frise que voici
montre le baudet exécutant un concerto de violon, à la grande
réjouissance des auditeurs. Il ne faut donc pas confondre le
sens de ce bas-relief avec la signification beaucoup plus claire
d'une scène des frises de Strasbourg- (ci-dessus 1.1", p. 61), où
unecentauresse bat du tambourin en faisant danser un animal
à longnes oreilles qu'elle tient par un licou. Là, je crois plutôt
reconnaître un veau quoique ses pieds ne soient pas plus ceux
d'un ruminant que d'un solipède (si le P. Arthur Martin les
a copiés exactement). J'y suppose plutôt un veau, et la leçon
donnée par les Proverbes (vu, 4-27) pour dérober la jeunesse
aux embûches de la femme sans pudeur L J'y lirais, traduites
en sculpture, ces paroles des versets 21 et suivant : « Elle l'a
enlacé dans les détours de sa parole et l'entraîne par les piégées
de ses lèvres. Là-dessus il la suit aussitôt, comme le bœuf qu'on mène à la boucherie et
comme l'ag-neau qui folâtre sans se douter qu'il va devenir captif pour être livré à la mort. o


L Cf. Revue archéologique, V" année (1849), p. 616; et
Mélanges d'archéologie, HP série, t. 1, p. 115.
2. Cela n'est pas mal expliqué par M. Ferd. Chardin dans
un mémoire de 1853 (Renie urcAéologigMe, X" année, p. 653),
dont je n'ai fait la rencontre qu'au moment où j'écrivais
ceci. 11 nous sera donc arrivé à tous deux de chasser sur les
terres l'un de l'autre, sans mettre à profit les ressources
qu'une entente réciproque aurait livrées à chacun dans sa
battue. Ainsi M. F. Chardin s'évertuait à rendre raison du

rôle donné par le symbolisme chrétien au lion, à la licorne,
au pélican, à l'aigle, etc., onze ans après que je les avais
développés fort au long pour expliquer les Vi'trauæ de Bourges;
et moi-même, je me trouve avoir cherché 1 interprétation de
la frise strasbourgeoise, lorsqu'on en avait présenté une ex-
position fort satisfaisante quatorze années avant moi. Ce
sont des mésaventures de part et d'autre ; mais nos points
de rencontre n'en seront que mieux établis, pour être le
résultat de travaux différents.
 
Annotationen