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VOYAGE EN ESPAGNE, SEVILLE.

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qu'avec un marteau. u Mais on s'enferre pour trop vouloir pousser à bout ce que chacun
appelle son bon droit.
Cela cadre fort juste avec la vie du trop fameux Pierre de Luna (cardinal d'Aragon) qui,
élu pape en 1394 par ses collègues avignonais, tint bon contre vent et marée à tous ceux
qui lui demandaient la paix de l'Ëglise par quelque concession. Couronné à l'âge de soixante
ans, l'opiniâtre vieillard voulut porter la tiare pontificale jusqu'à sa quatre-vingt-dixième
année où la mort l'obligea bien de s'en dessaisir. Mais alors même, retiré dans une forte-
resse du royaume de Valence avec deux cardinaux pour tout consistoire, il leur fit jurer de
lui donner un successeur. Sa réputation n'en a pas été plus malheureuse chez ses compa-
triotes ; et, quand ceux-ci parlent encore du , ils semblent en avoir plein la
bouche.
Aux quatre coins de notre tombe s'agenouillent quatre chevaliers de l'Ordre ; comme au
sépulcre de Jeanne Pimentel sont agenouillés quatre Franciscains. C'est l'indication des
prières pour les défunts, de même qu'on le voit sur d'autres tombeaux du moyen âge * ; et
parfois avec un accent pathétique ou des attitudes recueillies qui saisissent le spectateur.
Tolède conserve encore, même dans ses églises, des restes d'architecture arabe, quoique
saint Ferdinand ait fait rebâtir la cathédrale pour ne pas laisser nos saints mystères s'ac-
complir dans une ancienne mosquée. Mais le défaut d'indications bien sûres me fera rejeter
quelques-uns de ces monuments parmi des spécimens de l'art mauresque dont je ferai un
petit ensemble plus tard.

SÉVILLE.
Le P. Arthur Martin, partant pour Bayonne, ne m'avait pas dit clairement qu'il se pro-
posât de pousser jusqu'au sud de l'Espagne. Le soupçonnait-il lui-même? homme de pre-
mière impression comme je l'ai connu pendant bien des années passées côte à côte. Pour
moi, qui me doutais bien un peu de sa fugue s'il venait à franchir les Pyrénées, il ne me
demandait pas mes conseils; et mon caractère est de ne point me jeter à la tête des gens,
fussent-ils mes plus intimes amis, si ce que je pense ne fait pas la mine de leur soucier
beaucoup. Chargé par hasard d'esquisser un itinéraire, j'aurais indiqué avant tout la Ga-
lice, les Asturies et Léon. Dans ce pays de crAAùniM un peu négligé par les cours
castillanes et par les amateurs ambulants, il y avait chance de trouver maintes choses anté-
rieures au xm° siècle et qui ne foisonnent pas chez nous. mon ancien colla-
borateur était probablement attiré par le désir de faire connaissance avec l'art des Arabes,
qui le captiva en effet bien vite. Suivons donc la route qu'a tracée notre guide, et laissons
ce qu'il écarte.
Les relations de voyages en Andalousie ou les dictionnaires géographiques peuvent
I. La Quarterly Rewew publiait jadis un article vraiment c!'cero?:e général d'une contrée si riche, à propos de quelques
remarquable sur les cathédrales et monastères de la vieille fragments qui passent sous ma main, et dont je ne suis pas
Espagne, et qui n'est guère anglican d'un bout à l'autre, même témoin oculaire. L'auteur anglais y fait remarquer ce
Gomme cette notice est traduite dans la MtemTMqMe qu'il y a de grand et de chrétien dans beaucoup de sépulcres
(novembre 1846), j'engage mes lecteurs à voir surtout ses espagnols; nous ne pouvons pas en dire autant pour un bon
pages 97 et suivantes. Car je n'ai pas l'intention de me faire nombre de ceux qui nous restent.
 
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