Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1830 (Nr. 1-9)

DOI Heft:
Numéro 5
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.13563#0036
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
ZifJ

JL* J. a Aâ £a & a S., 'vf «O. JL a

CARICATURES

MORALES, RF.LIGTE17SES, POLITIQUES, LITTÉRAIRES, SCÉNIQUES, etc.

DES CARICATURES.

Faites des tableaux, dit-elle.

— Des tableaux 1 Hélas ! madame , et qui les achètera. En ce moment
chacun serre son argent, et les objets d’art les plus précieux sont de
nulle valeur.

— Eh bien , mon ami, faites... des caricatures.

— Des caricatures ?

— Oui, on en vendra toujours, on les achètera toujours; c’est la sa-
tire, c’est la médisance de l’époque, et vous savez qu’en notre bien heu-
reux pays, on se passerait plus volontiers de manger que de médire.

— C’est une idée. Mais des caricatures... sur quoi?

— Sur quoi, malheureux ! des caricatures , sur quoi?

Un émigré valet, pensionné, décoré, indemnisé, tranchant du jaco-
bin : caricature.

Une femme qui fait de l’héroïsme au lieu de raccommoder ses bas : ca-
ricature.

Une sous-préfecture jetée au milieu d’une meute d’avocats aboyans :
caricature.

Un sot dont on n’a pu faire ni un marchand, ni un soldat, ni un mé-
decin, ni un huissier, ni un avocat, ni un copiste , ni un décroteur , ni
un homme de lettres , et dont on fait un personnage : caricature.

Un conseiller à la cour des comptes avec cette inscription de Beau-
marchais : Il fallait un calculateur, voilà pourquoi l’on est allé chercher
un garçon de caisse chez un libraire.

Deux anoblis, l’un par Hugues Capet, l’autre par Napoléon, et disant
tous les deux du même ton : Pas de privilèges , excepté pour moi.

Un bon gros curé chantant du meilleur de son âme Domine salvum
fac â jamais le gouvernement provisoire.

Deux saint-simonistes, mari et femme, ont une fille qui, voulant se
marier, leur en demande la permission; le père dit oui, la mère dit non.

Le type des avocats politiques, M. Dup.. habillé en portier et tenant
le cordon, avec cette épigraphe des plaideurs : On n’entre pas chez nous
sans graisser le marteau.

M. l’abbé de Lamennais parlant de liberté : caricature ecclésiastique.

Un Jean-Jean du 29 juillet, disant à son capitaine : « Si tu me fais
mettre à la salle de police, je te fais mettre à la retraite, mon vieux : »
caricature militaire.

Mademoiselle Mars dans un rôle de jeune fille, madame Dupuis dans
un rôle de jolie femme : caricatures dramatiques.

Louis XIV avec un drapeau tricolore : caricature révolutionnaire.

Effacer au bas d’une charmante caricature ces mots ; Après vous la
Quotidienne, et mettre Revue de Paris, au lieu de Quotidienne : cari-
cature badigeonnée.

Un petit jeune homme sans chapeau ni chaussure, et coupant les bandes
dans un bureau de journal; on écrira au bas : Apprenti sous-préfet.

Un vieux trône et un vieil autel usés, vermoulus, rapetassés, cassés;
s’appuyaut l’un contre l’autre et se faisant réciproquement tomber.

FANTAISIES.

DKræ SiUTTE.

C’était une femme de vingt-deux ans, pleine de grâces extérieures, de
charme, d’esprit. Je l’aimais avec passion et je m’en croyais haï. Je ne
sais comment nous nous étions rencontrés , mais dès que je l’eus vue ,
son souvenir me domina: elle était la réalité de mes chimères. J’avais
lu dans son regard des années de bonheur, si elle voulait me les accor-
der. I! me fallait d’elle un jour, un moment, un mot; elle me refusa tout
avec la sécheresse do l’indifférence;... elle a fait de moi un monstre,
quand elle aurait pu lier à la sienne une vie heureuse et enviée. Pour clic
j’ai commis un crime; et pour elle, j’aurais voulu de la gloire. Quandj’é-
tais près d’elle, dominé par l’attrait tout puissant de sa beauté, de son âme,
je me croyais heureux. Il y avait dans l’expression de ses yeux, dans l’in-
décision de ses paroles, quelque chose que je 11e pouvais méconnaître...
c’était de l’entraînement; parfois elle y cédait. Puis, l’instant d’après, elle

évitait de me répondre, ses veux sc détournaient ou n’exprimaie nt plus
rien, elle était froide : alors elle voyait son devoir, et l’écoutait. Ces incer-
titudes me soutenaient quand j’étais absent; je repassais dans mon esprit
tout ce qui pouvait me donner de l’espoir; j’étudiais son caractère pour

que le mien s’y pliât; j’attendais tout du temps, et. le temps a tout

détruit.

Elle avait un vieux mari à qui elle rendait les soins d’une fille. Long-
temps je les vis ensemble, sans que ce vieillard m’inspirât la plus légère
jalousie. Mais un jour... quel souvenir! Osupplicequi me donna des sen-
tïmens de haine !

Jusqu’à ce jour, Anna m’était apparue comme une jeune fille vivant
sous les yTeux d’un père. C’était son innocence plutôt que sa vertu que
j’avais respectée, redoutant pour elle ce feu des passions qui dévore.
Le calme doit être le bonheur pour un cœur de femme, et je n’osais trou-
bler le sien.

Un jour nous étions tous trois, elle se leva pour traverser la chambre,
et passa entre nous. Le contact de sa robe m’émut fortement. Je sentis
qu’on pouvait s’apercevoir de mon trouble, et pour le déguiser je me ca-
chai le visage dans les mains.

Quand je dévoilai ma figure et que je revis Anna, elle était encore
près de moi; mais M. deL. l’avait rapprochée de lui, et la tenait parla
taille. Alors, je me levai, elle rougit, sc dégagea en souriant et détourna
son regard , comme si le mien l’eût embarrassée. 11 y avait là bien de
l’éloquence, bien de l’expression, mais j’étais incapable de raisonner.
Avant de sortir son mari s’arrêta devant moi.

— Vous êtes jeune, me dit-il, vous avez sans doute une maîtresse qui
vous aime, vous vous marierez , vous aurez une femme qui vous aimera.
Je vous souhaite tout le bonheur que j’ai trouvé.

Pour toute réponse je m’éloignai de M. de L., et m’approchai
d’Anna. Je ne sais ce que j’allais lui dire, mais heureusement je suivis
la direction de son regard et je fus maîtrisé. Frappé sans doute de ma
brusquerie, M. de L. s’était arrêté près de la porte, et nous comtemplait
avec un étonnement interrogateur. Peut-être dans cet instant a-t il conçu
ce vague pressentiment qui crie intérieurement... malheur! et se fait en-
tendre à notre âme, comme à nos oreilles le bruit confus des voix qui
annoncent un désastre : peut-être le bonheur dont il venait de se vanter,
fut-il troublé dès-lors, car son visage devint sombre, et il disparut.

Je m’approchai de madame de L.

— Je suis bouleversé, lui dis-je. Je puis l’avoir laissé paraître, mais

la faute en est à vous. Vous pouviez m’éviter le. mal que vous m’avez
fait_

Elle me répondit avec une froideur, avec un sang-froid qui achevèrent
de m’égarer, et elle finit parme dire qu’elle ne me verrait plus.

Mais je ne sais à ces paroles quelle frénésie s’empara de moi ; je m’em-
portai comme si j’en avais eu le plus léger droit, et je la menaçai de la
perdre dans le monde par des calomnies.

Elle ne fut pas ébranlée.

— Vous serez à moi, lui dis-je, vous ne serez plus à lui—surtout. Je
vous forcerai à me suivre.

_Et après?.... Que ferez-vous de moi? dit-elle avec un calme ef-
frayant.

— Ce que je ferai !....

Je m’avançai vers elle en grinçant des dents, et lui jetant un regard
qui lui fit tourner les yeux vers le ciel :

— Je vous tuerai !— lui dis-je.

Quand je me levai, ma voix tremblait de colère; en l’approchant....
c’était de crainte. Son visage ne montrait aucune altération, sa respira-
tion n’était pas agitée, elle était imposante.

— Alors, vous serez mon bon ange!. dit-elle.

Cette douceur me toucha. Je fus honteux de mon emportement, je
voulus en obtenir le pardon, elle me répondit avec une expression de
dédain qui me rendit toute ma rage. En la quittant je lui dis à demi-
voix :

— Quand il vous arrivera un malheur dont la source vous sera ca-
chée.... Ne cherchez pas? pensez à moi.

Oh ! cela est infâme! mais dans ce moment je parlais du fond du cœur,
il était plein de haine.

Le lendemain se passa sans me donner de calme. J’étais fou. Ces
mots que j’avais prononcés revenaient toujours à rnon esprit : — Vmis
serez à moi ; vous ne serez plus à lui.

Poussé par je ne sais quelle fatalité, je retournai vers celte maison,
quoique j’eusse juré de n’y jamais rentrer, il était onze heures du soir.
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen