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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1830 (Nr. 1-9)

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https://doi.org/10.11588/diglit.13563#0038
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29

oïT

LA CARICATURE.

punitions qu’il avait clé dans le cas d’infliger aux élèves de sa compagnie.
Cet officier, qui certes n’avait pas, comme M. d’Arlincourt, la prétention
de fonder un nouveau style, avait néanmoins précédé l’auteur du Soli-
taire dans la manie des inversions et des interpositions de mots; et moi,
qui trace ces lignes toutes de souvenirs, je me suis vu consigné pendant
quatre jours pour, ayant un rasoir, avoir laissé pousser ma barbe, dans
mon sac. Je pourrais multiplier les citations; mais il me faut suivre l’em-
pereur, qui passe devant le capitaine L..., lui jette un regard affectueux,
et semble lui promettre une croix d’or de la Légion-d’Honneur en
échange de celle de-simple chevalier. •

Vient ensuite le capitaine S..., théorie vivante de l’école de soldat et
de peloton, qui n’admet pas qu’un homme puisse faire un plus noble usage
de ses forces physiques que de s’assurer un beau port d’armes , et de ses
facultés intellectuelles, que de chercher à bien connaître le mécanisme
d’un changement de front de bataille ou d’une contre-marche de pied
ferme; militaire consommé qui n’eût fait aucun cas des Gros,des David,
des Victor Cousin, s’il eût pu penser que ces messieurs confondissent la
charge précipitée avec la charge en douzo temps. Si vous voulez rccom -
mander puissamment un élève au capitaine S... , ne lui dites pas que votre
protégé a fait de brillantes études en humanités, en rhétorique, en philo-
sophie; affirmez seulement qu’il n’est pas cagneux et qu’il promet un
beau port d’armes, vous aurez touché la libre sensible, vous êtes Certain
d’un solide appui. D’ailleurs, le capitaine S... a pour doctrine qu’un
peuple est toujours assez savant quand il sait croiser la baïonnette...... Il

répète cela devant l’empereur. Avant un mois, le capitaine S... sera

chef de bataillon.

C’est le tour du sergent d’artillerieV...., qui va se trouver intimidé
comme une jeune fille h son premier aveu, comme un saint-simoniste
chaudement controversé. V.... est connu pour le plus habile pointeur de
l’armée, et il aurait fallu presqu’un dieu pour réparer les ravages de cet
homme. Vigoureusement trempé, aussi dur que le fer, ce vieux soldat
nous faisait en plein Champ-de-Mars, et par un froid de dix degrés, l’ex-
plication d’un affût, sans omettre le plus petit écrou; et toutes les fois
que je vois un dessinateur chasser de sa feuille les mies de pain dont il
vient de se servir, je me rappelle toujours le sergent V.... écartant avec
le même abandon, la même indifférence, et du dessus de la main, les
trois ou quatre pouces de neige qui recouvraient la pièce de canon dont
il nous démontrait si minutieusement toutes les différentes parties.

L’empereur s’arrête devant lui, le regarde avec bienveillance, et lui
demande : Es-tu lettré ?

A cette question, V.... reste un instant interdit •; ses nerfs se contrac-
tent , ses yeux roulent dans leur orbite; l’énorme morceau de tabac dont
sa bouche est constamment ornée, passe dix fois en une seconde, de
gauche à droite et de droite h gauche. V.... ne peut proférer un mot.

L’empereur répète sa question : Je te demande si tu est lettrée

— Oui, sire : j’ai le magasin à poudre, la fabrication des cartouches
et la théorie.

Le sergent V.... ne sera point officier; mais il aura une dotation, car
tous les services sont récompensés, même ceux des artilleurs qui gardent
la poudre sans l’avoir inventée.

La revue ef les manœuvres ont lieu : dans le court intervalle de repos qui
les sépare du défilé, Napoléon s’entretient avec le général Bellavène. On
suit avec anxiété tous ses mouvemens, on interprète ses moindres gestes.
Selon les uns, il demande cent officiers; selon les autres, cent cinquante ;
chacun espère, chacun craint, tous voudraient marcher,et quitter une
existence sans liberté, des fatigues sans gloire et une discipline dont la
sévérité, nécessaire sans doute, n’était pas moins qu’excessive.

L’espérance des élèves est surpassée : en quittant l’Ecole, l’empereur
a commandé trois cents officiers. Leur équipement sera prêt dans huit
jours, et dans dix on partira de Saint-Cyr pour ne faire une première
halte que dans la forteresse prussienne de Spandau.

Quel départ! Trente charrettes découvertes, garnies seulement de
paille, et attelées en poste, entrent dans la cour de l’Ecole : le général
Bellavène appelle chaque nouveau sous-lieutenant, lui remet son brevet,
l’embrasse, et reçoit le cri de vive l’empereur!

On distribue des vivres pour quatre jours.

Le signal est donné. Le convoi s’ébranle; l’enthousiasme est au com-
ble ; des larmes de regret et d’envie s’échappent des yeux des jeunes élè-
ves. Ah ! sans doute, en voyant passer ces charretées d’épaulettes, des
hommes prévoyant l’avenir ont dû céder à de tristes pensées et faire de
cruels rapprochemens. Tout pour nous était triomphal dans cette scène
imposante.

Une année n’était pas écoulée, que les trois cents de la levée de Span-
dau se trouvaient réduits à onze : encore n’étaient-ce que des débris de
combattons.

V.

CHARGES.

SYSTÈME DE CAIL.

Sous l’empire, un vieil émigré vient voir un de ses amis, il lui parle
du système de Gall, lui tâte la tête, lui trouve la bosse de la générosité;
lui emprunte vingt francs.... et tâche de ne plus le revoir.

Sous la restauration le vieil émigré devient chambellan, son ami le
rencontre aiix Tuileries, lui prend la tête, et lui reconnaît la bosse de
la mémoire.

Pendant les journées de juillet, les deux amis se heurtent en entrant en
même temps dans une cave du château.. . Alors, ils se tâtent et se per-
suadent l’un à l’autre qu’ils ont la bosse du courage.

EugIjne Morisseau.

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Nota. Les personnes qui recevraient des exemplaires froissés peu rent s’entendre avec un Libraire dont les communications avec Paris soient fréquentes, lequel les
leur ferait parvenir intacts. Au reste , l’action d’une presse à papier fait disparaître les plis. Il faut avoir soin d’exposer préalablement la feuille à l’humidité.

Le Gérant, Ch. PHILIPON.

IMPRIMERIE DE A. BARBIER, RUE DES M*RAIS. S-.G., N. 17.
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