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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1830 (Nr. 1-9)

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Numéro 8 (23 Décembre 1830)
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https://doi.org/10.11588/diglit.13563#0057
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LA CARICATURE.

-- 45

M. Alfred de Musset, l’amant de la lune, prétendrait que c’est une
cave en fermentation — une julienne bouillante — ou mieux —
un plat de pudding vivant, c’est plus baroque et moins national.

De vous dire la beauté du vestibule et des degrés, les livrées des
gens, la forme et l’éclat du salon , la physionomie des groupes, le
nombre des bougies et des glaces. — Je sais bien qui s’en charge-
rait— à tant la feuille. — Pour moi, je n’ai garde. — Dans tout cela,
je ne vis que la maîtresse du logis, que, dans ma préoccupation, je
saluai de cette phrase indirecte qui me débordait de toutes parts... Si
vous étiez riche.

Le premier courtisan à qui Lafontaine demanda s’il avait lu Ba-
ruet , resta moins stupéfait d’abord..., mais bientôt, en femme d’es-
prit qui voit la feinte inutile, et tout bas : —• « Je ne recevrais pas tous
ces gens-là.»

Puis se tournant vers un gros banquier, comme pour se venger sur
un autre de l’embarras où je l’avais jetée, quand vous serez riche !...
que ferez-vous.

Faillite, reprit-il froidement.

En moins de rien l’indiscrète question vola 'de bouche en bouche,
et les je ferais, je voudrais, et autres rimes conditionnelles en ais, arti-
culées plus au moins haut, s’entrecroisèrent avec une telle rapidité ,
qu’à grand peine ai-je pu réussir à recueillir les réponses les plus sail-
lantes.

Je paierais mes dettes, s’écria un jeune patriote de i83o, qui ne
pense pas un mot de ce qu’il dit, et ne dit pas un mot de ce qu’il
pense.

J’en ferais, riposta avec un voluptueux cynisme, et en secouant,
par les convulsions d’un rire asmathique, son jabot de Malines enfu-
mé , le vieux vicomte, squelette oublié de la cour de Louis XV.

Je me retirerais dans mes terres, grommela un habitant du noble
faubourg, gentillâtre obstiné qui boude Louis-Philippe, et n’a rien
oublié dans l’émigration que — sa fortune.

Si j’étais riche, je ne le serais pas long-temps. — Je serais roi. —
C’étaient deux grands hommes dans leur genre. L’un a bu de l’eau du
Jourdain, l’autre a voulu en boire.

Vous seriez bien malheureux, reprit gravement un philosophe de
vingt ans, vous n’auriez plus rien à désirer.

L’amour s’achète-t-il donc, demanda naïvement une jeune per-
sonne à une cantatrice du grand opéra, que son fard excusa de ne
pas rougir.

Si j’étais riche je ne serais pas Saint-Simoniste, dit à l’oreille de son
voisin un zélé partisan de la doctrine.

Je m’en tiendrais à deux feuilles, la Quotidienne et la Révolution,
ajouta un journaliste connu.

Je ne compilerais plus de chroniques , dit un bibliophile.

Je n’écrirais plus! s’écrièrent à la fois quinze classiques et dix-sept
romantiques.

Ainsi soit-il, répétèrent en cœur plusieurs voix, comme si la moitié
de l’assemblée eût éternué.

Je continuai le cours de mes observations.

Je serais fidèle et j’aurais un cachemire, disait la femme d’un sous-
chef à mademoiselle O... —Je n’aurais qu’un amant, repartit la belle
confidente, avec une exquise sensibilité.

Je voudrais être inamovible, fulminait un ex-procureur du roi.
J’éleverais une statue à un Jacotot, s’écria un docteur qui apprend
en ce moment à faire des vers comme Casimir Delavigne et de la mu-
sique comme Rossini.

Je me mis à rire.

Et toi, reprit-il d’un air piqué, car il me tutoie et me calomnie , tu
dormirais?

— Peut-être !

Moi, dit avec bonhommie un grand garçon, qu’à la coupe de sa
tête et de ses cheveux on eût pris pour feu l’abbé de l’Atteignaut, si
j’étais riche, j’en ferais part à mes parens, amis et connaissances.

46 --

Cette philantropique balourdise excita dans l’assemblée un mouve-
ment confus de pitié.

Un jeune artiste se pinça fortement la lèvre. « Il taille son crayon,
me dit à l’oreille un confrère en observations, gare à ceux qui crai-
gnent les carreaux du grand magasin d’Aubert. » *

Et vous docteur paradoxe? dis-je enfin àM. de B. qui, comme nous,
fréquente cette maison depuis long-temps, parlant peu, écoutant
beaucoup, régardant plus encore.

Moi, reprit-il avec un abandon spirituel, ma foi, moi, je voudrais
être pauvre — si j’étais riche !

O bonheur d’être milliforme et muîtiface ! va !

Ce furent les premières et les dernières paroles qu’Odry prononça
de la soirée. Le Comte Aeex. de B...

Cun)ub.

VENGEANCE D’ARTISTE.

C’était un artiste; il avait une figure originale, des manières peut-
être [un peu vives, mais franches; il aimait avec ivresse et bonne
foi.. ..

Elle, elle appartenait à une famille honorable. C’était une de ces
jeunes filles qui parlent bien , dansent avec goût, savent toucher du
piano, s’habiller gracieusement et prendre des airs de tête qui ne se
prennent et ne réussissent qu’à Paris.

A Paris seulement, vous rencontrez de ces figures féminines,
blanches , éclatantes aux flambeaux, de ces cheveux crépés clair qui
encadrent ce visage virginal sous lequel un observateur devine que se
cache une corruption profonde.

Quand , en présence de la famille , un soir, après dîner, en riant,
et du consentement d’une mère, vieille et astucieuse, Clara eut
échangé sa bague de jeune fille contre un portait, quelqu’aquarelle
que lui donna David, ils devinrent amants. Alors si l’artiste entrait,
Clara souriait, elle allait à lui, lui tendait la main; et seuls souvent,
sur un canapé, au moment où les étrangers étaient dans le salon, eux
dans le boudoir, plus d’une fois la jeune fille, la reine des salons,
l’idole de la mode, la riche héritière, laissa prendre plus d’un baiser
au pauvre mais célèbre artiste. Ivre, bouillant, ses lèvres ne restè-
rent pas toujours sur le chaste terrain des joues décentes et roses;
c’étaient deux êtres passionnés.

Un soir au bal, David vit sa prétendue dansant avec un lord, un
jeune homme bien cravaté, froid, long, guindé, vicomte, cinquante
fois millionnaire.

— Elle! elle! elle! se dit-il en s’apercevant quelle souriait de la
bouche, des yeux, et qu’elle avait un plaisir dont il n'était pas la
source.

Il se coula le long des froides et vieilles douairières, rangées en ta-
pisserie, et parvint auprès de Clara au moment où, répondant à un
interrogation de Danbv , elle disait, en parlant de David.

— Mais... il m’amuse.

Elle se retourna et ne rougit pas. L’artiste lui lança un regard , elle
le soutint. Il voulut parler, elle s’élança pour figurer en entraînant
milord Danby.

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Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Croquis
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

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Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Inv. Nr./Signatur
H 531-1 Folio RES

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Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Putto
Frankreich
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

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Künstler/Urheber (GND)
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Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La caricature, 1830, S. 45
 
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