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Champollion-Figeac, Jean-Jacques
Egypte ancienne — Paris, 1840

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https://doi.org/10.11588/diglit.4994#0056
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EGYPTE.

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Ion la prescription de la loi, qui avait
réglé 1 heure du bain , celle des repas,
la qualité et la quantité des mets et
du vin qui devaient y être servis, le
temps et la durée du repos. La loi con-
duisait ainsi la volonté du monarque;
il y perdait sans doute un peu de sa
liberté ; il y trouvait aussi un préser-
vatif contre les mauvais conseils et les
mauvaises passions, contre la colère ,
l'injustice et lesremordsqui les suivent.
Il est de tradition que les rois de l'E-
gypte furent respectés et chéris. La
nation , affectionnée à des princes fi-
dèles aux lois du pays , et occupés sans
cesse du bonheur de leurs sujets, mê-
lait leurs noms dans toutes ses prières
et tous les sacrilices. La prospérité de
l'empire égyptien, ses conquêtes en
Asie et en Afrique, les vastes monu-
ments dont les cités étaient ornées ,
les grands travaux d'utilité publique
entrepris et exécutés au profit de
l'agriculture et du commerce, la ferti-
lité sans pareille du sol et la variété
de ses productions , la perfection et le
luxe même de son industrie, tout ré-
vèle en Egypte une administration ac-
tive , éclairée, patriotique, attentive
à tous les intérêts nationaux, ne pui-
sant que dans ces intérêts toutes les
inspirations de son zèle, et trouvant
sa plus honorable récompense dans
ses succès même. De tels bienfaits ne
font pas des ingrats; ce n'est pas à de
tels titres que des rois furent honnis
par les peuples. L'amour et le respect
des Egyptiens pour leurs souverains
sont souvent cités comme exemple par
l'histoire. A la mort du roi , le peuple
entier prenait le deuil ; les temples
étaient fermés , et les cérémonies in-
terrompues pendant 72 jours ; des
prières funèbres étaient faites sans in-
terruption par des personnes des deux
sexes, la tête couverte de cendres,
une simple corde pour ceinture, et
s abstenant de viande, de raisin, de fro-
ment et de vin. En attendant, on pré-
parait la momie du roi et son cercueil.
Le délai expiré, on exposait publique-
ment la momie royale à l'entrée de
son tombeau, et là chacun pouvait ac-
cuser le roi de ses fautes avec une en-

tière liberté : la loi donnait au peuple
ce privilège. Le prêtre prononçait aussi
l'éloge du mort, rappelait ses services
et ses vertus, et si les applaudisse-
ments de l'assemblée témoignaient en
sa faveur, le tribunal des 42 jurés dé-
cidait et le roi recevait les honneurs
de la sépulture; le mécontentement et
l'opposition du peuple en ont privé,
dit-on, quelques princes dont les mau-
vaises actions reçurent ainsi un châ-
timent bien mérité. La crainte d'un
tel jugement était très - propre à re-
tenir les princes dans les voies de la
justice et de la vertu. On voit encore
en Egypte des témoignages assez signi-
ficatifs d'un tel usage; les noms de
quelques souverains sont soigneuse-
ment effacés des monuments qu'ils
firent élever durant leur règne; ils
sont martelés avec attention jusque
dans leurs tombeaux.

Les sépultures royales existent en
assez grand nombre en Egypte : les
tombeaux des rois des XVIII", XIX*
et XXe dynasties, originaires de Tbè-
bes, se y< ient encore dans la vallée de
Hiban-el-Molouk, qui est une dépen-
dance de cette ancienne capitale. Voici
la description de ces tombeaux, tels
que Chainpollion le jeune les a vus au
mois de mai 181»!) :

« La vallée de Biban-el-Molouk, an-
ciennement llib-an-Ouroti, hypogées
des rois, était la nécropole royale,
et on avait choisi un lieu parfaitement
convenable à cette triste destination ,
une vallée aride , encaissée par de
très-hauts rochers coupés à pic, ou
par des montagnes en pleine décom-
position , offrant presque toutes de
larges fentes occasionées soit par l'ex-
trême chaleur, soit par des éboule-
ments intérieurs , et dont les croupes
sont parsemées de bandes noires,
comme si elles eussent été brûlées en
partie; aucun animal vivant ne fré-
quente cette vallée de mort : je ne
compte point les mouches, les renards,
les loups et les hyènes. parce que c'-est
notre séjour dans les tombeaux et l'o-
deur de notre cuisine qui avaient attiré
ces quatre espèces affamées.
« En entrant dans la partie la plus
 
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