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Champollion-Figeac, Jean-Jacques
Egypte ancienne — Paris, 1840

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https://doi.org/10.11588/diglit.4994#0288
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EGYPTE.

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époque en Egypte pour avoir appris ce
que ne sut aucun des anciens Grecs qui
virent ce pays avec la plus attentive
curiosité. Les Arabes, un seul excepté,
Abdallatif, ont parlé» eiourdiment,
sî merveilleusement des antiquités de
l'Egypte, qu'il est difficile de leur ac-
corder la inoindre foi, si ce n'est quand
de lions observateurs nous certifient
queles faits énoncés sont vrais,quoique
les Arabes les aient racontés. Il < st
certain qu'il ne reste dans la pyramide
qu'un sarcophage en granit, sépulture
ordinaire des rois.

Mais ce sarcophage n'est orné d'au-
cune figure, ne porte aucune inscrip-
tion, et jamais on n'en a reconnu au-
cune trace sur aucune des parties de
la pyramide. Hérodote raconte, ce-
pendant, que son interprète lui expli-
qua une inscription gravée sur une des
faces de la pyramide, et qui contenait
le compte des dépenses faites en raves
et autres légumes pour lesouvriers qui
avaient travaillé a la construction de ce
monument; on disait aussi que cette
inscription était tracée sur le revête-
ment de la pyramide, mais l'on a fait
remarquer avec tonte raison que le
revêtement primitif, s'il fut contem-
porain du temps de la pyramide, put
être postérieurement restauré, et aussi,
que le roi qui avait fait faire cet ou-
vrage (que ses contemporains ni la
postérité ne lui pardonnèrent pas),
n'avait aucun intérêt à braver la haine
publique, en proclamant avec une
ostentation sans bénéfice, ces détails
d'une dépense qui l'avait rendu odieux
universellement. Un fait domine toutes
ces considérations; il n'v a jamais eu
un seul trait d'écriture dans la grande
pyramide; le sarcophage en granit en
est absolument dépourvu sur toutes ses
faces extérieures et intérieures ; les plus
anciens tombeaux de Tbèbes, et tous
les sarcophages qui s'v sont trouvés,
cciix-memes de personnages de con-
ditions secondaires, en sont absolu-
ment couverts : l'antiquité des pvra-
mides expliquera suffisamment cette
différence. Il paraît donc qu'a l'époque
où elles ont été élevées, l'usage de
l'écriture n'était pas connu, que ie sys-

tème graphique n'était pas constitué;
enfin, qu'on ignorait encore l'art de
« fixer la parole et de parler aux yeux. •
Bien d'autres considérations tirées de
faits de dh ers ordres appuieraient cette
opinion assez généralement adoptée,
qui nous montre, approximativement il
est vrai, le temps où commença l'une des
plus grandes institutions de la civilisa-
tion égyptienne ; et l'on doit inévitable-
ment subordonner à cette observation
tout ce qui peut être dit de l'invention
et de l'usage de l'écriture chez I s an-
ciens Egyptiens; on peut aussi ajouter
qu'elle y était inconnue du temps du
roi Souphi, le premier des dix-sept
princes de la quatrième dynastie.

A quelle époque remonte donc ce
règne mémorable par l'exécution de
teis monuments? Réunissons ici quel-
ques faits propres à éclaircir les doutes
qui environnent la solution de cette
question. Hérodote place le roi qui fit
bâtir la grande pyramide, après un
Sésostris, et au cinquième règne avant
l'Éthiopien Sabaccon. Quant à Sésos-
tris, on est enclin à croire que ce nom,
ou celui de Sésoosis, fut porté par
plusieurs princes célèbres pour leurs
rails militaires, dans les annales de
l'Egypte : et s'il s'agissait du Sésostris
qui avait sur les monuments le nom
de Rhamsès (III), ce serait entre le
milieu du XVe siècle avant l'ère chré-
tienne, temps du règne de Sésostris,
et le commencement du VIII* siècle
avant la même ère, époque du roi
Sabaccon, qu'il faudrait placer la cons-
truction des pyramides. Une telle opi-
nion n'aurait aucun fondement, et le
déplacement évident des noms et de
leurs époques relatives, dans le texte
d'Hérodote qui cite quelques noms cé-
lèbres sans avoir l'intention de rappor-
ter la liste complète et chronologique
des dynasties égyptiennes, concourt à
faire "rejeter une telle indication. On
peut appliquer la même considération à
ce qu'a dit sur le même sujet un autre
écrivain grec, Diodore de Sicile, car
Champollion le jeune a découvert, dans
le fossé même de la seconde pyramide,
près de l'angle et de face nord, le tom-
beau d'un officier de sésostris ; de plus,
 
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