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L'UNIVERS.
il est avéré qu'il se trouve sur le grand
sphinx une inscription hiéroglyphique
datée du règne de Tbouthmosis IV,
qui précéda Sésostris de plus de deux
cent cinquante années. On sait aussi
qu'on a recueilli dans les tombeaux
creusés dans le roc au voisinage des py-
ramides, des noms de rois qui ne se
trouvent pas dans la série successive,
et règne par règne, des dynasties égyp-
tiennes, à commencer par le premier
roi de la dix-septième dynastie, dont le
règne remonte à un peu plus de deux
mille ans avant l'ère chrétienne. Il faut
donc, sur l'antiquité des pyramides,
suivre l'opinion des écrivains natio-
naux qui pouvaient être bien instruits
perdes recherches consciencieuses dans
les archives publiques, et laisser avec
Manéthon, la grande pyramide deGhizé
dans le tableau des laits mémorables
du premier roi de la IV dynastie.
Il paraît aussi que des "tombeaux
creusés peu de temps après, pour des
parents ou des officiers des rois de cette
époque, offrent déjà des preuves de la
pratique de la peinture, car ces tom-
beaux en sont décores; et aussi de
l'écriture, car on y a recueilli des
inscriptions. Enfin , une dernière ob-
servation nous est suggérée par les
monuments, et elle nous semble très-
importante : le nom de la \ille de
Memphis, écrit phonétiquement dans
les textes hiéroglyphiques, et qui se
prononçait Mccnrwphrè ou bien Man-
nonfi, a pour caractère déterminatif
spécial, la figure d'une pyramide pla-
cée avant même le caractère détermi-
natif générique qui signifie ville ou
contrée; ou peut en induire que lorsque
l'orthographe du nom vulgaire de la ville
de Pbtha.ou demeure de Phtha, nom
sacré de Memphis, fut réglée, les pyra-
mides voisines de cette ville existaient
déjà, et qu'elles pourraient avoir précédé
l'usage de l'écriture, au moins l'intro-
duction de l'écriture alphabétique dans
le système hiéroglyphique; et il n'existe
pas de monument connu dans lequel
on puisse remarquer l'absence de cette
écriture alphabétique. Dans un des plus
anciens tombeaux de l'Egypte, creusé
dans le roc au-dessous de la surface
du sol, au milieu des pyramides de
Sakkara, mou frère a recueilli le car-
touche-prénom d'un très-vieux roi
dont il n'existe pas de mention dans
les tables généalogiques qui remontent
à l'invasion des Pasteurs; et à côté du
cartouche-prénom, est placé le nom
propre du même roi, écrit en carac-
tères alphabétiques, et qui se litOA.sé
ou Asso. Mais nous serions forcés
d'étendre cet exposé au delà des bornes
que nous devons lui imposer ici, s'il
nous fallait énumérer tous les mo-
tifs qui peuvent porter le lecteur à
considérer, en toute conscience, les
pyramides de Sakkara et de Ghizé,
comme les plus anciens ouvrages sortis
de la main des hommes, comme les
plus anciens monuments de la terre,
et antérieurs à toutes les autres preu-
ves connues de l'antiquité des sciences,
des efforts et des succès de l'intelli-
gence humaine. Celles que la grande
pyramide porte en soi, et que des
nommes habiles ont développées sous
les rapports astronomiques et géomé-
triques, témoignent de l'avancement
de la civilisation égyptienne, dans la
pratique des arts les plus utiles aux
nommes, à l'époque de l'établissement
de la IV dynastie des rois héréditai-
res. Souph'i en fut le vingt-sixième
depuis Menés.
Sei.saouphi, son successeur, éleva
aussi, pour lui servir de tombeau, une
grande pyramide près de celle de Sou-
phi ; Mankherri, troisième roi, imita
l'exemple de ses prédécesseurs. Les
trois grandes pyramides de Ghizé sont
les trois tombeaux de ces trois souve-
rains; les deux plus récentes des trois
ne paraissent pas avoir été ouvertes.
On compte depuis Mènes jusqu'à la
fin de la IV dynastie, quarante-deux
règnes et 1104 années.
"Dès lors, Memphis perdit tempo-
rairement l'avantage de voir sur le
trône d'Egypte des familles originaires
de ses murs. La Ve dynastie sortit
en effet d'Eléphantine, île située aux
frontières méridionales de l'Egypte
vers l'Ethiopie.
Cetle cinquième dynastie eut pour
chef Ouserchérès, et l'on ignore par
L'UNIVERS.
il est avéré qu'il se trouve sur le grand
sphinx une inscription hiéroglyphique
datée du règne de Tbouthmosis IV,
qui précéda Sésostris de plus de deux
cent cinquante années. On sait aussi
qu'on a recueilli dans les tombeaux
creusés dans le roc au voisinage des py-
ramides, des noms de rois qui ne se
trouvent pas dans la série successive,
et règne par règne, des dynasties égyp-
tiennes, à commencer par le premier
roi de la dix-septième dynastie, dont le
règne remonte à un peu plus de deux
mille ans avant l'ère chrétienne. Il faut
donc, sur l'antiquité des pyramides,
suivre l'opinion des écrivains natio-
naux qui pouvaient être bien instruits
perdes recherches consciencieuses dans
les archives publiques, et laisser avec
Manéthon, la grande pyramide deGhizé
dans le tableau des laits mémorables
du premier roi de la IV dynastie.
Il paraît aussi que des "tombeaux
creusés peu de temps après, pour des
parents ou des officiers des rois de cette
époque, offrent déjà des preuves de la
pratique de la peinture, car ces tom-
beaux en sont décores; et aussi de
l'écriture, car on y a recueilli des
inscriptions. Enfin , une dernière ob-
servation nous est suggérée par les
monuments, et elle nous semble très-
importante : le nom de la \ille de
Memphis, écrit phonétiquement dans
les textes hiéroglyphiques, et qui se
prononçait Mccnrwphrè ou bien Man-
nonfi, a pour caractère déterminatif
spécial, la figure d'une pyramide pla-
cée avant même le caractère détermi-
natif générique qui signifie ville ou
contrée; ou peut en induire que lorsque
l'orthographe du nom vulgaire de la ville
de Pbtha.ou demeure de Phtha, nom
sacré de Memphis, fut réglée, les pyra-
mides voisines de cette ville existaient
déjà, et qu'elles pourraient avoir précédé
l'usage de l'écriture, au moins l'intro-
duction de l'écriture alphabétique dans
le système hiéroglyphique; et il n'existe
pas de monument connu dans lequel
on puisse remarquer l'absence de cette
écriture alphabétique. Dans un des plus
anciens tombeaux de l'Egypte, creusé
dans le roc au-dessous de la surface
du sol, au milieu des pyramides de
Sakkara, mou frère a recueilli le car-
touche-prénom d'un très-vieux roi
dont il n'existe pas de mention dans
les tables généalogiques qui remontent
à l'invasion des Pasteurs; et à côté du
cartouche-prénom, est placé le nom
propre du même roi, écrit en carac-
tères alphabétiques, et qui se litOA.sé
ou Asso. Mais nous serions forcés
d'étendre cet exposé au delà des bornes
que nous devons lui imposer ici, s'il
nous fallait énumérer tous les mo-
tifs qui peuvent porter le lecteur à
considérer, en toute conscience, les
pyramides de Sakkara et de Ghizé,
comme les plus anciens ouvrages sortis
de la main des hommes, comme les
plus anciens monuments de la terre,
et antérieurs à toutes les autres preu-
ves connues de l'antiquité des sciences,
des efforts et des succès de l'intelli-
gence humaine. Celles que la grande
pyramide porte en soi, et que des
nommes habiles ont développées sous
les rapports astronomiques et géomé-
triques, témoignent de l'avancement
de la civilisation égyptienne, dans la
pratique des arts les plus utiles aux
nommes, à l'époque de l'établissement
de la IV dynastie des rois héréditai-
res. Souph'i en fut le vingt-sixième
depuis Menés.
Sei.saouphi, son successeur, éleva
aussi, pour lui servir de tombeau, une
grande pyramide près de celle de Sou-
phi ; Mankherri, troisième roi, imita
l'exemple de ses prédécesseurs. Les
trois grandes pyramides de Ghizé sont
les trois tombeaux de ces trois souve-
rains; les deux plus récentes des trois
ne paraissent pas avoir été ouvertes.
On compte depuis Mènes jusqu'à la
fin de la IV dynastie, quarante-deux
règnes et 1104 années.
"Dès lors, Memphis perdit tempo-
rairement l'avantage de voir sur le
trône d'Egypte des familles originaires
de ses murs. La Ve dynastie sortit
en effet d'Eléphantine, île située aux
frontières méridionales de l'Egypte
vers l'Ethiopie.
Cetle cinquième dynastie eut pour
chef Ouserchérès, et l'on ignore par