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Le charivari — 11.1842

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Septembre (No. 244-273)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17321#1070
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XiE CHARIVABl.

Il faut le dire : si les hommes de 1830 n'ont pas tenu
toutes leurs sacro-saintes promesses, en revanche la ré-
clame-Van-Amburgh est restée fidèle à celles qu'il a
laites. Son programme a été strictement exécuté, ce qui
constitue, comme vous le voyez, une notable différence
entre ledit programme et celui de l'Hôtel-de—Ville.

Van-Amburgh, on s'en souvient, est un homme très
blond et un peu gros, qui dompte des bêtes. Ceci est une
profession renouvelée de la Grèce comme ie jeu de l'oie,
laquelle a été remise en lumière par M. Ilarel.

Van-Amburgh vint à Paris, se montra sur le théâtre
de la Porte-Saint-Martin, et eut l'insigne honneur de rem-
plir plusieurs fois cette grande salle qui avait fini par
ressembler tout à fait à une vaste machine pneumatique.
Après un certain nombre de représentations, durant les-
quelles tes lions se montrèrent fort bien élevés et ses
panthères firent preuve d'un excellent naturel, notre
homme quitta le boulevard Saint-Martin et céda la place
à la Tour de ISesle et à la Duchesse de Lavaubalière,
ces deux pièces que M. Ilarel aurait jouées imperturba-
blement sur les ruines de l'univers.

Van-Amburgh une fois parti, il arriva ce qui arrive tou-
jours aux hommes et aux choses, mais surtout .'aux créan-
ciers de ce monde : on ne tarda guère h l'oublier complè-
tement. Sa ménagerie rentra dans son obscurité native, et
il ne fut pas plus question de lui que s'il se fût appelé
Muret (de Bord) ou Groult de Tour-la-ville.

Les choses allèrent ainsi durant trois années. Il faut
dire que si elles n'en allèrent pas plus mal, elles n'en al-
lèrent point mieux. On cessa de s'occuper de Van-Am-
burgh ; mais, en revanche, les gens de bourse continuè-
rent à se ruiner, eux et leurs cliens, et le plus souvent
leurs cliens sans eux ; les saint Vincent-de-Paule du no-
tariat continuèrent à exercer leur petite industrie, et le
même hasard providentiel continua à présider au tirage
des jurés probes et libres. — Bref, il n'y avait rien de
changé en France, d n'y avait qu'une réclame de moins.

Ces trois ans écoulés, les choses changèrent d'allure et
c'est alors que les réclames-Van-Amburg apparurent à l'ho-
rizon des journaux graves.Depuis ce temps,il ne se passe
guère de semaine qu'on ne puisse signaler quelque nou-
vel échantillon de cette littérature animale.

Je me suis demandé souvent quel est l'homme de let-
tres inconnu qui rédige ces réclames si éminemment dra-
matiques. 0 mon confrère, qui que tu sois, je te salue! tu
réâumes en toi AnneRadclill'e et (îuilbert de Pixérécourt.
Ta plume est un poignard, ton écritoire est rempli de
sang : tu rendrais facilement dix-huit cadavres en vingt-
quatre au commandeur Léo Lespès... Es-tu un homme
ou une goule, réponds ?

On connaît les réclames-Meyerbeer. De pareilles récla-
mes ne sont pas à dédaigner ; on y fait jouer, avec un
certain charme, tous les ressorts qui ont une action di-
recte ou indirecte sur l'imagination des lecteurs. C'est de
l'Hoffmann élevé à la troisième puissance. Eh bien!
Meyerbeer, comme Fanny, comme l'araignée dilettante,
tout pâlit et s'éclipse devant Van-Amburg.

Lisez plutôt : « Aujourd'hui Van-Amburgh a eu [six
doigts de la main gauche coupés par son lion favori. —
Hier, son tigre de prédilection lui avait broyé la cuisse
gauche.» — Qui sait si demain nous ne verrons pas quel-
que part que sa hyène la plus tendre lui a tranché la tôle
d'un coup de dent amical.

Sérieusement parlant, il se fait temps que M. Van-Am-
burgh rentre un peu dans l'ombre qui lui convient à tous
égards. Quels services nous a-t-il rendus, après tout, cet
homme? Que diable! les seules bêtes à dompter ne se
tiennent pas dans les forêts. J'en sais, et des plus féroces,
qui habitent très bien les villes.Que M. Van-Amburg sou-
mette celles-là à sa puissance civilisatrice, et alors seule-
ment il aura droit aux honneurs de la réclame hebdomadaire

A VICTORIA.

Reine Victoria, l'Écosse, pour te plaire
Du plaids de ses aïeux pare sa pauvreté ;

Et le chef des Highlands, en baron feudataire,
Les deux mains dans tes mains, jure fidélité.
De ces hommages vains que tu dois ctre fière !
Ta marche est un triomphe où grandit ton orgueil.
Le ciel semble sourire aux brumes de la terre :
Mais, reine, le plaisir souvent porte le deuil.

Des créneaux où ton front se penche,

Vois-tu cette tourelle blanche,

Phare qui pleure son fanal ?

Fotheringay t'ouvre ses salles ;

De ton pied va fouler ses dalles
Rouges encor d'un sang royal !

Comme toi, reine jeune et belle,

Marie eut une cour fidèle
Aux jours de sa prospérité.

Le bonheur déploya son aile....

Seul le bourreau s'approcha d'elle
Quant l'étreignit l'adversité !

Du sort de leurs aïeux les rois voilent la trace ;

Aux lèvres de l'histoire ils serrent un bâillon,

Et leur regard s'arrête oublieux sur la place

Où le sang paternel a creusé son sillon.

Mais toi, songe aux devoirs qu'impose la couronne !

Sous chaque diamant se blottit un souci ;

On ne s'appartient plus dès qu'on se rive au trône :

A son peuple, à toute heure, un roi dit : « Mé voici. »

Or, le jour, quand tu ris, la nuit, quand tu sommeilles,
N'en tends-tu pas un cri mourir dans tes oreilles,

Comme le dernier son d'un râle sourd, lointain?...
Pendant que chaque jour voit sa fêle nouvelle ,
Que pour tes yeux l'Écosse épuise sa mamelle,
L'Angleterre, sa sœur, te demande du pain !

Ëdimbourg, ce 13 septembre 1842.

A...V

LUTTE DE Plfi'RE ESPÉRANCE ,

AU CAP a»E

Disons-le tout d'abord, nous devons des aclions de
grâce à la Providence. Allons à Notre-Dame-de-Lorette la
remercier.

Aussitôt que la diplomatie aux abois ne sait plus à
quelle question se vouer, aussitôt que le premier-Paris
éploré jette des regards éperdus vers l'horizon politique
pour voir si aucune crise ne montre le bout de la confla-
gration, voilà la Providence qui suscite une collision
quelque part, un blocus n'importe où, une révolte dans
un pays quelconque! Aux petits des ambassadeurs Dieu
donne la pâture.

Le protocole avait tant frotté la Syrie qu'il l'avait usée
jusqu'au Liban; c'était une question fruste. La dépêche
télégraphique vivait sur l'Afghanistan depuis tantôt six
mois; le territoire contesté devenait un terrain neutre sur
lequel aucune phrase n'osait plus poser le mol ; l'Espa-
gne était épuisée comme son trésor; que dire du Portu-
gal qu'on n'en eût déjà dit? Le Alaaf du roi de Prusse était
une question purement linguistique qui devait être dé-
battue entre feuilletons ; il devenait impossible de pêcher
le moindre mémorandum dans les diplomatiques eaux du
Bosphore, et M. deMetternich, dont les rhumes sont d'un
si puissant secours aux conférences, s'avisait de ne pas
tousser.

Tout allait être perdu; mais les Boers étaient là, et tout
a été sauvé.

Vous allez nous demander ce que c'est que les Boers,
que nous voyons si subitement surgir au-dessus du niveau
des événemens quotidiens ? Ah ! voilà justement ce que
nous ne savions pas hier; mais c'est," ce que nous savons
aujourd'hui.

Les Boers, que les Anglais prononcent Boors, sont les
Druses de la Cafrerie, les Maronites du Cap, les Sikes
africains. Ils sont Hollandais d'origine, Hottenlots de
naissance, Anglais défait. Mais tout Anglais qu'ils sont,
leurs compatriotes des trois royaumes ne laissent pas que
de les traiter comme des nègres.

Il faut vous dire que les Boers habitent un pays qu'on
appelle le Port-Natal pour le distinguer des autres qui
s'appellent différemment. C'est un désert situé à plusieurs
dégrés de latitude sud et à quelques autres de longitude
est. Dans ce désert, semé de cailloux et de ronces, il n'y
a pas la moindre source, pas le plus petit ruisseau, mais
en revanche beaucoup de sable et une foule de rochers.

Ali! ça, pourquoi ont-ils été choisir ce pays pour en
faire leur patrie, direz-vous? Ah .'voilà. Qui lésait!

C'est un secret entre les papas des Boers et Dieu.^

Enfin ils l'habitent ; c'est un fait accompli, comme di-
rait M. Odilon Barrot. Un autre agrément recommande
ce pays si favorisé des cieux à l'attention des agronomes
de la Dordogne : c'est la présence de voisins très féroces

en général, mais un peu anthropophages en particu-
lier.

Ces voisins, que, dans la langue harmonieuse du Cap
on appelle des Boochmans, tuent les Boers quand ils
peuvent et les font rôtir après quand ils trouvent des
ermes à brûler.

Or les Boers, vexés de cet état de choses, ont prié le
gouverneur-général d'envoyer quelques troupes pour les
protéger. Ah bien, oui! Va-t'en voir s'ils viennent
Boers !

Le gouverneur avait bien autre chose à faire qu'à s'oc-
cuper de drôles qui sont ses administrés.

Au premier abord, les gens qui voient mal les choses
ou qu'anime un esprit de malveillance contre l'Angleter-
re prétendront que,[puisque les îles britanniques ont volé
à la Hollande le Cap et ses dépendances, c'est le moins
qu'elles en acceptent les charges. Tout n'est pas rose
dans les colonies, et il n'y a pas de conquête qui n'ait
ses épines. Mais les Anglais ne raisonnent pas de celte
façon-là; ils prennent les avantages et dédaignent les in-
convéniens. Quant à la moralité, elle n'a qu'à s'arranger,
ça ne les regarde pas.

Les Boers, voyant qu'ils n'avaient plus qu'à compter
sur leurs seules ressources, ont déclaré au gouverneur
que, ne tirant aucun secours de la métropole, ils allaient
se déclarer indépendans, supprimer l'envoi des taxes
qu'ils payaient auparavant et appliquer leurs revenus à se
défendre. « Nous ne vous demandons plus rien et ne
vous donnons plus rien, disaient-ils. C'est manche!»
manche, nous sommes quittes. »

Ceci semble assez logique ; mais ce n'est point encore
ainsi que les Anglais entendent les affaires. Ils ont dit
aux Boers que les impôts soit inviolables et qu'il faut
les payer. Les Boers les ont priés d'aller se promener à
Mozambique, ce qui constitue les Champs-Elysées de l'en-
droit.

Les Anglais y sont de suite allés, mais en prenant le
chemin de Port-Natal avec accompagnement de canons.
Les Boers se sont battus en vrais diables, et pas mal de
pioupious rouges sont restés par terre. Un capitaine qui
s'appelle Smith, comme tous les capitaines anglais, a
failli y laisser son corps d'armée et qui pis est son corps
d'homme aussi ; un autre capitaine, qui s'appelle Mac'
n'importe qui, comme tous les capitaines écossais, l'a dé-
gagé ; mais nous ne sommes qu'au prologue de la ques-
tion. Laissez faire, et bientôt—aidant les Caffres, ces An-
glais au propre, et les Anglais, ces Caffres au moral,—les
différons actes seront aussi chauds que ceux de Mathilde.

En définitive les Boers seront battus, précisément parce
qu'ils ont raison. L'Angleterre enverra à Port-Natal plu-
sieurs vaisseaux, et les Boers paieront moitié plus d'im-
pôts qu'auparavant. John Bull, en doublant le Cap de
Bonne-Espérance, saura bien doubler aussi là-bas ses
revenus.

CAB.ILL01T.

On écrit de Suisse que plusieurs horlogers de Locle se
proposent d'offrir au roi de Prusse leurs montres les plus
précieuses. Les citoyens de la république helvétique au-
ront peut-être enteudu dire que les rois n'avaient pas tou-
jours de bons mouvemens.

— Une feuille dynastique loue beaucoup cette galante-
rie des Suisses. Assurément, lorsqu'on veut faire parade
de son dévouement, on ne saurait mieux faire que de le
mettre en montre.

— Un horloger de Genève doit présenter à Sa Majesté

prussienne deux montres d'une extrême petitesse. On y

gravera ce compliment en caractères microscopiques.

L'une avance, l'autre relarde:

Près de vous quand l'on doit venir,

A la première l'on regarde,

A l'autre quand il faut partir.

—On parle de renvoyer M. de Salvandy à Madrid
qualité d'ambassadeur. On aura beau le nommer deux

fois, on n'en fera pas pour cela un ambassadeur renomme-

— Une feuille du malin dit que nos ministres soit

(La suite à la 4* page.)
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