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Le charivari — 18.1849

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Janvier (No. 1-31)
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https://doi.org/10.11588/diglit.23869#0005
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IJJNDI 1er JANVIER 1849.

jjgjæu de la rédaction et de l’administration, à Paris,

USE DD CBOISSANT, 16 (nOTEf. COLBERT).

Trois mois..,...

Six mois.

Cn an.

Les abonnemens

PARIS. DÉPART.

12 fr. 1S fr.

. 21 30

. 48 60

datent des l<* et 16 de chaque mois.

—@888®—

On s’abonne : à Lyon, chez Mme Philippe-Baudier,
il rue Sl-Dominique ; à Bordeaux, chez Mme Delpech,
libr.; à Marseille, chez M. Michelet-Peyron et chez
Mme Camoin, libr.; à Rouen, chez Mme Watré, 30, rue
du Vieux-Palais; à Londres, chez Corvie et son, F. News
Paper office; dans tous les bureaux des Messageries
nationales et générales, et chez les libraires.

BIN-HUITIÉME ANNÉE. — N° i<*.

—•«•HW?®»—■

Publiant chaque jour un nouveau dessin en lithographe

OU GRAVURES, ET VIGNETTES SUR ROIS.

PARIS. DÉPART.

Trois mois. 12 fr. is rr.

Six mois. 24 30

Un an. 48 60

Les abonnemens datent des l« et 16 de chaque mois.

—<§£88©—

On reçoit en paiement des abonnemens, les man-
dats à vue sur le Trésor et sur la Poste, et les elfets
sur les maisons de Banque de Paris. — Tout ce qui
concerne l’administration du Journal doitêtre adressé
(franco) au Directeur, rue du Croissant, 16 (ancien
hôtel Colbert). — Les lettres non affranchies seront
rigoureusement refusées.

Messieurs, citoyens et amis lecteurs,

Nous avons tous d’importans devoirs à remplir
aujourd’hui et peu d’étrennes à recevoir; profilons
de celte circonstance douloureuse pour ne rien offrir
aux personnes qui nous sont les plus chères, et pour
faire dans le recueillement l’examen de conscience de
l’année qui vient de finir. Peut-être y aurait-il quel-
que indiscrétion à venir troubler les espérances lé-
gitimes que chacun de nous a le droit de former. Les
inventaires sont affligeans pour la plupart ; beaucoup
de nouveaux fonctionnaires ont l’inquiétude de ne
pas conserver leurs places aussi longtemps qu’ils le
désireraient; les anciens fonctionnaires craignent de
ne pouvoir rattraper les traitemens dont ils sont pri-
vés aussi vile qu’ils le souhaiteraient. C’est aujour-
d’hui plus que jamais que la population toute entière
est divisée en deux grandes classes : celle des Fran-
çais qui émargent et celle des Français qui n’émar-
gent plus. Ajo tons à ces deux cfeuv > principales,
celle des autres citoyens qui ont l’ambition bien na-
turelle d’émarger et qui n’ont jamais pu réaliser ce
vœu quoique électeurs et éligibles. Tel est le specta-
cle lamentable que présente la France au premier
jour de l’an 1849. Nous nous reprocherions comme
un crime de venir accroître par notre présence de si
grands chagrins de famille. l' un autre côté Paris est
depuis ce matin consacré aux tambours. Ces hommes
bruyans feraient le plus grand tort à nos plaisante-
ries philosophiques et muettes. Des personnages cra-
vatés de blanc, vêtus de l’habit de cérémonie et
«faussés d’escarpins parcourent les rues en tout sens
avec un empressement de circonslance. Ce sont bien
certainemen* des préfets sans emploi qui sont en
train de prouver !Vmr inaltérable dévouement à la
République par le ex politesse envers tous ses mi-
n.sires. Comment pourrions-nous être lus dans une
journée si bien remplie? Ajoutons une dernière con-
sidération : le Charivari se sent-il de force à lutter
contre les comphmens en vers et en prose qui vont
être recités avec une gravité officielle par des magis-
trats en costume, ou avec un abandon adorable par
des marmots naïfs et en rbemise dans l’alcôve de
leurs papas?—Non, assurément. Le Charivari sent
son infériorité; c’ert p^rquoi ses rédacteurs ont de-
mandé qu’on fermât aujourd’hui les ateliers de l’im-
pnmerie afin d’être dans l’impossibilité justifiée de
faire paraître le journal mardi.

UNE DÉMISSION,

Le président de la République se promenait les
mains derrière le dos et à grands pas, comme c’est
son habitude dans les momens d’agitation.

Il prenait fréquemment du tabac dans la poche
gauche de son gilet.

— A-t-on envoyé Ruslan chez Malleville?

— Oui, sire-président.

— Il tarde bien !

— Sire, il faisait sa barbe.

— Un homme d’Etat doit avoir la barbe faite de-
puis quatre heures du matin. Qu’on dise à Duroc de
rnoDter à ‘riipvai'et de tourner au ministère de l’in-
térieur.

—• S;ro - c'est inutile.

—Ûuï a parlé? qui est-ce qui a osé soutenir que
c’était inutile? Qu'il aille à Vincennes se faire fusiller !

— Mais, sire, c’est en effet inutile, puisque M. de
Malleville vient d’arriver.

M. de Malleville en effet venait d’entrer dans la
belle attitude qu’on lui connaît : teint frais et reposé,
la chevelure bouclée, les épaules effacées, la lèvre
souriante.

— Monsieur de Malleville...

— Sire.

— Combien y a-t-il d’ici au ministère de l’inté-
rieur?

— Mais environ vingt minutes.

— C’est la moitié de trop. Je ne vous donne do-
rénavant que dix minutes. Maintenant causons. As-
soyez-vous dans ce fauteuil.

— Après vous, sire.

— Je ne m’asseois jamais. Dans ma famille on
parle toujours debout. Attendez pourtant un instant.
Constant, holà ! Constant !

— Présent.

— Garnissez de tabac la poche gauche de mon gi-
let. Est -ce fait?

— C’est fait.

— Reprenons notre conversation, monsieur de
Malleville, Il y a des archives au ministère de l’inté-
rieur.

— Oui, monsieur le président

— Ces archives contiennent les pièces relatives à
mon procès de Strasbourg.

— Oui, monsieur le président.

— Il me faut ce dossier.

— Mais...

— Dans un quart d’heur

— Pourtant...

— Ici chez moi.

— Je ne saurais y consentir, sire, car je suis res-
ponsable, et ces pièces forment un dépôt dont je ne
puis me dessaisir sans enfreindre mon devoir.

— Vous osez me résister.

— J’ose espérer que vous n’appellerez pas du nom
de résistance de simples observations.

— M. de Malleville.

— Prince...

— Regardez-moi bien en face. Croyez-vous que je
sois un de ces hommes auxquels on résiste ? Vous
cruyez-vous plus fort que Fouché? J’ai brisé Fouché.
Vous estimez vous plus que Rovigo? J’ai brisé aussi
Rovigo. J’ai brisé toutes les résistances. 11 me faut
des ministres dociles, des commis.

— Prenez Odilon Barrot.

— Le duc Barrot est en effet à la tête de mes
conseillers privés.

— Prenez aussi Léon Faucher.

— Le comte Faucher sera nommé à votre place.

— N’oubliez pas surtout Buffet.

— Le baron Buffet sera promu à la place de Léon
Faucher, et il aura de plus une dotation de six mille
francs sur l’fliyrie. Quant à vous, M. de Malleville, je
pourrais vous envoyer à Belle-Isle-en-Mer.

— Vous en avez le droit.

— Ou bien au château d’If; mais j’ai vu jouer
Talma dans Cinno, et je sais apprécier les douceurs
de la clémence, mais de peur que je ne change d’o-
pinion, je vous engage à partir immédiatement' pour
votre sénatorerie de Montauban. Vous ferez bien éga-
lement de ne pas m’écrire avant que six mois se
soient écoulés. Bourrienne !

— Sire.

— Vous me ferez le plaisir de jeter au feu toutes
les lettres que vous recevriez de M. de Malleville.

— Oui, sire.

— Maintenant, monsieur, je ne vous retiens plus
Que Dieu vous ait en sa sainte garde et protection’
Salut !

M. de Malleville s’inclina et il allait se retirer lors-
que Napoléon le retint.

— A propos, M. de Malleville, n’ai-je point oublié
quelque chose chez vous ?

— J’ignore, prince, ce que.

— Oli ! presque rien, une clé de chambellan que
vous aurez la bonté de me renvoyer avec vos pla-
\ ques.
 
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