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Le charivari — 47.1878

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Avril
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https://doi.org/10.11588/diglit.25492#0405
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ACTUALITÉS

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La Turquie sortant du congrès... s’il a lieu.

dinaves, Allemands, Polonais, Américains, il y a, de ce
côté-là, des Hippocrates de tous les coins du monde
connu et ce ne sont pas les moins écoutés. Et puis,
pour le coup, il faudrait, comme premier établissement,
un déboursé de millionn.aire. Mise de dandy, hôtel en
vue, livrée, voiture, car vous sentez bien que, par un
temps de pluie, de neige ou de soleil, vous ne pourriez
pas faire vos visites à pied. Crotté, mouillé ou. en sueur,
la valetaille ne vous laisserait jamais pénétrer même
dans l’antichambre. Indépendamment de ces conditions
exorbitantes, il serait indispensable d’être sans cesse
présenté, car, pour ce beau monde, les salamaleclrs
vont avant le mérite et l’habileté. Autre chose très-cu-
rieuse : les gens du peuple ne paient qu’en sous, les
gens du commerce payent en rechignant, les artistes
payent en aquarelles, en bronzes, en musique ou en ré-
clame, mais les riches étrangers ne payent jamais qu’au
bout d’un an ou de deux et même ils trouvent que
faire présenter une note est du dernier grossier. En fin
compte, je reviens à ce que je vous disais en commen-
çant : partez au plus vite pour la P’erté-les-Fraises. Est-
ce convenu?

ernest christobal — Oui, cher maître. (A part.) —
Eh bien, nonl Quoi qu’en dise ce vieux birbe, il y a
une belle place à prendre parmi les deux cents. Place
aux jeunes !

baptiste (le valet du vieux docteur, en montrant
Ernest). — En voilà un qui me fait l’effet de vouloir
manger dix mille beefteacks de vache enragée !

PHILIBERT AUBEBRANB.

—Mais, cher maître, si je descends un peu plus, dans
le cœur de Paris?

— Quartier du travail et dü petit commerce, Saint-
Martin, Saint-Denis 1 Ce sera bien une autre histoire 1
La clientèle est plus raffinée par là et mieux payante,
mais elle veut qu’on la sollicite en lui jetant de la pou-
dre aux yeux. Il est nécessaire d’avoir un loyer de trois
ou quatre mille francs; le pourrez-vous? En dehors de
cela, il y aura à faire le charlatan en exhibant au pla-
fond du cabinet un crocodile empaillé ou même un
squelette humain. Seconde servitude, vous aurez à
faire la cour aux femmes des soixante-quinze pharma-
ciens de cette zone et à jouer, tous les hivers, la bête
hombrée avec les maris. Cependant si, au bout de six
ans, vous n’ètes pas richement marié ou décoré, on vous
jettera là comme un paquet de linge sale pour aller à
un nouveau venu.

— Eh bien ! cher maître, si je prends du premier bond

essor pour aller dans la Chaussée-d’Antin, au mi-
lieu des gants blancs et des artistes?

— Emre nous, Ernest, vous n’êtes pas dégoûté ; mais
il y a beau temps que toutes les places sont prises et
que cent cinquante surnuméraires s’occupent à faire la
queue en attendant le remplacement par suite de décès.

D’ailleurs, c’est bien le cas de le dire, tout ce qui re-
luit n’est pas or, et les médecins de ce brillant com-
partiment de la capitale ne sont pas des coqs-en-pâte,
allez! Pour réussir, du faubourg Montmartre à la Nou-
velle-Athènes, ce qu il faut, c’est moins le savoir que
vous avec acquis qu un air de désinvolture et d’élégant

bohème que vous n’aurez jamais. A un docteur de cet
arrondissement, on demande d'être un bon musicien,
un tireur de fleuret de premier ordre, un danseur déter-
miné, capable de bien Conduire le cotillon, un viveur très-
érudit sur la gamme des vins français et étrangers.Est-ce
vous qui possédez non pas tout cela, mais une seule chose
de tout cela ? Et ce n’est encore rien. Un médecin de ces
parages doit connaître et même tutoyer à peu près tous
les mathadors de la presse, grande et petite. Les jour-
nalistes, mon cher enfant, la mode veut qu’on en dise
beaucoup de mal, mais, d’abord, ils valent cent fois
mieux que leur réputation, et, en second lieu, il n’y a
pas moyen de faire un petit bout de chemin sans eux.
Ce sont ces messieurs-là qiû font la réputation, par-
tant la fortune de tout le monde. Les avoir, c’est le
diable à confesser. Je ne parle pas de sacrifices d’ar-
gent. Ils ne demandent pas d’argent, mais que de fan-
taisies! que ne piques d’amour-propre! que de visites
pour eux et pour leurs aboutissants! Au surplus, eux
aussi aiment volontiers les noms tout faits et, suivant
toute apparence, le vôtre sera longtemps obscur. Et
puis quelle drôle de monnaie que celle des artistes.

— Sujétion pour sujétion, pourquoi, n’irais je pas
dans le quartier des ambassadeurs et des colonies étran-
gères ?

— Quartier de la Madeleine, faubourg Saint-Honoré,
boulevard Maleslierbes? Y pensez -vous, mon pauvre gar-
çon? Premier point, le beau monde exotique a une manie
dominante. S’il aime la cuisine française, il n’a de goût que
pour la médecine internationales Russes, Anglais, Scan-
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