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Le charivari — 53.1884

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https://doi.org/10.11588/diglit.23868#0993
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177

JOHN BULL, TRÈS ÉMU DU BOMBARDEMENT DE FOU-TCHÉOU, PROFITE DE SON SÉJOUR EN ÉGYPTE POUR

PRENDRE DES LEÇONS DE LARMES

roux... » vous voyez; c’est à moi que reviennent les
loyers échus.

— Mais le propriétaire s’appelle Armand et votre père
Amand.

— Armand, Amand, c’est tout un ; le copiste a mis
un r de trop, voilà tout.

Et le faux Leroux s’en fut chez le pépiniériste, qui
compta la somme à son nouveau propriétaire. Celui-ci
de courir alors à la mairie :

— J’ai un terrain en bordure sur la rue Béranger
qu’on va créer; je viens signer la pétition.

Dont acte. Le faux Leroux va chez le notaire, qui
lui délivre copie du procès-verbal d’adjudication, puis
il s’adiesse à un agent d’affaires qui vend le terrain
quatre ou cinq mille francs à un M. Guillemard.

Cependant, le vrai Leroux, s’éveillant un beau matin,
s’écrie subitement :

— Il fait un temps superbe 1 Si j’en profitais pour
aller toucher mes petits loyers à Malakoff? Cela doit
faire aujourd’hui un petit sac assez rondelet.

Le digne homme se met en route, il arrive et, jugez
de sa surprise, il a toutes les peines du monde à se
faire reconnaître pour le vrai Leroux; mais il produit
son acte de vente et s’adresse enfin à la justice.

Cette affaire bizarre a été plaidée très spirituellement
par Me Flamand, avocat, devant la 5° chambre.

Le tribunal a ordonné que le terrain soit rendu à son
véritable propriétaire, et il a condamné Guillemard et
Leroux fils solidairement à 800 francs de dommages-
intérêts.

* #

Aimé de son concierge 1 Sous ce titre, Eugène Cha-
vetie a publié un fort joli roman dans lequel il prouve
et démontre que tous les bonheurs imaginables vous
pleuvent sur la tête quand on a su capter l’amitié de
son portier.

Cette assertion n’est point une fiction d’écrivain;
c’est une vérité flagrante qui vient d'êire exposée une
fois de plus devant la 11° chambre.

Or, M. Rhond, marchand de chaussures, était adoré
par Runié, son pipelet. Celui-ci, chaque matin, retirait
les volets de la boutique, balayait le magasin, mettait
de l’eau fraîche dans la fontaine et rendait mille petits
services au dehors.

Touché d’un tel dévouement, M. Rhond dit un jour
à son concierge :

— Mon cher ami, je suis vieux, éreinté, décati ; j’ai
souvent besoin d’aller respirer l’air pur de la campagne.
Quittez votre loge ; je vous ai meublé au cinquième
une jolie petite chambre. Vous surveillerez ma bouti-
que pendant mes absences, et je vous supplie de con-
sidérer ma maison comme la vôtre.

Runié accepte, s’installe, et M. Rhond part.

Mais si le bonhomme est chéiif, malingre, Mm0 Rhond
en revanche est une personne superbe, aux formes
plantureuses, aux yeux pleins d’ardeur, qui dit énergi-
quement ; « Je suis femme, monsieur, et femme avant
tout ! » Celai1 crâne.

De son côté, l’ex-concierge n’était pas trop mal bâti.
L’habitude de frotter les escaliers développe singulière-
ment les forces musculaires. Les physiologistes approu-
veront cette sagace observation. Gomment cela se fit-
il ? Je n’en sais rien; vous m’en demandez trop.

« Vous êtes chez vous », avait dit le mari. Runié
n’avait donc pas à se gêner. Le matin, quand la petite
bonne servait le chocolat à Mma Rhond, encore couchée,
elle apportait deux tasses, l’une pour la maîtresse, l’au-
tre pour l’ex-eoncierge. Entre amis, ces privautés n’ont
rien d’extraordinaire. Et cependant, une nuit, le com-
missaire de police, se présentant tout à coup sans se
faire annoncer, se montra fort surpris de trouver des
chaussettes d’homme dans la chambre à coucher de Mms
Rhond, un pantalon au milieu de ses robes, et Runié
lui-même, revêtu du linge le plus intime du mari, ea-
ché dans une armoire, comme les héros de l’école ro-
mantique.

Quand on devient vieux, on a tort de rompre les an-
ciennes amitiés. Qui sait si les liaisons nouvelles no
vous causeront pas des déceptions plus amères?

M. Rhond a rompu pourtant ; il n’aime plus son por-
tier si dévoué, et il le traîne en correctionnelle.

La plantureuse épouse est condamnée à deux mois de
prison, et Runié à quinze jours de la même peine.

Et, pendant ce temps, qui retirera les volets du ma-
gasin ? qui balaiera la boutique ? qui remplira la fon-
taine ?

O amitié 1 vain mot I

A. POTHEY.
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