CHAPITRE VIII
LORENZO TIEPOLO
En feuilletant les dessins de l’e'cole vénitienne, à l’Albertine de
Vienne, nous avons fait rencontre d’une tête, au crayon noir, de l’art le
plus délicat : le portrait de Goldoni, par Lorenzo Tiepolo. C’était tout
un jour sur la personnalité du second fils de Giambattista. On aurait dit
un Ficquet, mais plus gras de facture. L’œuvre avait dû s’exécuter sous
l’œil du père, en famille, aux bonnes heures données par le grand
comique vénitien à sa fréquentation très amicale chez les Tiepolo. C’était,
d’ailleurs, un dessin à destination précise, car il fut gravé en tête de
l’édition des Œuvres de Goldoni, faite en 1761 par Marco Pitteri.
Mais, depuis cette rencontre à l’Albertine, nous avouons n’avoir
rien vu de lui, ni peinture, ni croquis, et nous serions tentés de l’appe-
ler l’homme d’un seul dessin, comme il y a l’homme d’un seul livre. Sa
vie est, en effet, une énigme.
Né le 8 août 1736, cadet de près de dix ans de Domenico, Lorenzo
Tiepolo n’a pas d’histoire. Fut-il heureux pour cela ? On ne sait. En tous
cas, l’ambition ne le rongea point, et son unique étude fut, semble-t-il,
de porter honorablement le nom de la famille. Toute sa jeunesse se
passa dans le rôle d’exécutant anonyme des travaux paternels. A vingt-
six ans, il suit Giambattista en Espagne et continue de le seconder, tou-
jours modeste, et sans aucun de ces intervalles plus personnels par où
Domenico, lui, essayait du pastiche de son père. Et cette réserve ne peut
nullement s’attribuer à l’absence de talent, car les rares gravures de lui
prouvent, au contraire, une bonne mesure d’atavisme. 11 est, en eflet.
connu d’un tout petit nombre d’amateurs d’estampes, comme aquafor-
LORENZO TIEPOLO
En feuilletant les dessins de l’e'cole vénitienne, à l’Albertine de
Vienne, nous avons fait rencontre d’une tête, au crayon noir, de l’art le
plus délicat : le portrait de Goldoni, par Lorenzo Tiepolo. C’était tout
un jour sur la personnalité du second fils de Giambattista. On aurait dit
un Ficquet, mais plus gras de facture. L’œuvre avait dû s’exécuter sous
l’œil du père, en famille, aux bonnes heures données par le grand
comique vénitien à sa fréquentation très amicale chez les Tiepolo. C’était,
d’ailleurs, un dessin à destination précise, car il fut gravé en tête de
l’édition des Œuvres de Goldoni, faite en 1761 par Marco Pitteri.
Mais, depuis cette rencontre à l’Albertine, nous avouons n’avoir
rien vu de lui, ni peinture, ni croquis, et nous serions tentés de l’appe-
ler l’homme d’un seul dessin, comme il y a l’homme d’un seul livre. Sa
vie est, en effet, une énigme.
Né le 8 août 1736, cadet de près de dix ans de Domenico, Lorenzo
Tiepolo n’a pas d’histoire. Fut-il heureux pour cela ? On ne sait. En tous
cas, l’ambition ne le rongea point, et son unique étude fut, semble-t-il,
de porter honorablement le nom de la famille. Toute sa jeunesse se
passa dans le rôle d’exécutant anonyme des travaux paternels. A vingt-
six ans, il suit Giambattista en Espagne et continue de le seconder, tou-
jours modeste, et sans aucun de ces intervalles plus personnels par où
Domenico, lui, essayait du pastiche de son père. Et cette réserve ne peut
nullement s’attribuer à l’absence de talent, car les rares gravures de lui
prouvent, au contraire, une bonne mesure d’atavisme. 11 est, en eflet.
connu d’un tout petit nombre d’amateurs d’estampes, comme aquafor-