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Chevalier, Casimir; Anastasi, Auguste-Paul-Charles [Ill.]
Naples, le Vésuve et Pompéi: croquis de voyage — Tours: Alfred Mame et fils, éditeurs, 1886

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https://doi.org/10.11588/diglit.57603#0144
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ASCENSION DU VÉSUVE

abîme affreux, hérissé de rochers noirâtres et de blocs calcinés, et tout
sillonné de courants de lave : l’image la plus exacte de l’horreur et
de la désolation. Aucune verdure n’égaye cette région de la mort; aucun
oiseau n’y fait entendre ses chants joyeux; c’est le domaine incontesté du
volcan, et personne n’est assez hardi pour lui en disputer l’empire. Au
nord se dresse en demi-cercle une haute colline, la Somma, débris du
vaste cirque qui formait le cratère primitif au temps de Strabon, avant
la naissance du cône actuel du Vésuve. Ce cirque, brisé par la convulsion
de l’année 79, s’est écroulé sur deux points : à l’est, vers Pompéi; à
l’ouest, vers Herculanum et Naples. C’est là le côté terrible et grandiose
du tableau, le repoussoir du paysage. Au delà de la montagne se déploie
la nature la plus riche, la plus riante, la plus gracieuse qu’on puisse
rêver. A l’occident, la ville de Naples s’étage en amphithéâtre sur ses
collines, baignée par les flots d’une lumière splendide, tout illuminée
des rayons du soleil matinal. On en aperçoit très distinctement (car nous
n’en sommes guère qu’à dix kilomètres en droite ligne) les monuments,
les palais, les églises, et l’on comprend sans peine qu’à cette faible
distance le Vésuve est pour elle une menace et un danger permanents.
Devant nous, au midi, le golfe arrondit amoureusement ses contours,
et caresse de ses eaux admirables les îles d’ischia et de Capri. Au
levant, c’est le promontoire de Sorrente avec ses montagnes; c’est Cas-
tellamare , paresseusement couchée au bord de la mer; c’est surtout
Pompéi, dont on aperçoit, à huit kilomètres, la masse inerte et sombre.
Nos yeux ne peuvent se détacher de ce point obscur, où pas un mou-
vement ne se trahit.
Mais il est temps de songer à descendre; car déjà le soleil, quoiqu’il
soit à peine neuf heures du matin, nous dévore de ses rayons brûlants.
Nous nous arrachons avec peine à cette horreur sublime; et, jetant un
dernier regard sur le cratère, sur Naples, sur le golfe, sur le cadavre
de Pompéi, nous prenons la route de l’ermitage. On ne descend point
par où l’on a monté : la descente, sur ces blocs roulants, serait extrê-
mement périlleuse; mais au nord, en face de la Somma, une pente de
cendres offre au touriste la voie la plus facile et la plus rapide; les pieds
pénètrent sans effort dans cette couche pulvérulente; on glisse plutôt
qu’on ne marche, et en sept ou huit minutes on est au pied de ce
même cône, pour l’escalade duquel il avait fallu près d’une heure. Nous
arrivons ainsi, par une course folle et désordonnée, pleine de rires
joyeux et d’incidents comiques, dans l’Atrio del Cavallo, où nous re-
trouvons nos chevaux.
En faisant l’ascension du grand cône, nous avions pu croire, à son
aspect extérieur, qu’il n’était qu’une masse de matériaux incohérents,
 
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