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Chevalier, Casimir; Anastasi, Auguste-Paul-Charles [Ill.]
Naples, le Vésuve et Pompéi: croquis de voyage — Tours: Alfred Mame et fils, éditeurs, 1886

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https://doi.org/10.11588/diglit.57603#0240
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UNE PROMENADE AUX ENFERS

y abordaient de toutes les parties du inonde; plus loin, l’arc triomphal
de Cumes, les deux mers, le mont Gaurus, Baia, Misène et l’île d’ischia;
et tout près, pour rappeler la menace sans cesse suspendue sur ces beaux
lieux, la solfatare et ses mugissements.
L’amphithéâtre de Pouzzoles appartient aux meilleurs temps de l’art;
car il était bâti sous Auguste. Ce prince, au témoignage de Suétone, y
célébra des jeux, et, mécontent du désordre qu’il avait vu régner dans la
distribution des places, il fit une loi, la loi des théâtres, pour ordonner
qu’à l’avenir chaque ordre de personnes occuperait un cuneus distinct,
c’est-à-dire un de ces compartiments de sièges, limités par deux esca-
liers, lesquels allaient, en s’élargissant en forme de coin, de l’arène au
sommet des gradins. Néron y donna aussi une grande fête quand il se
rendit à Pouzzoles au-devant de Tiridate, roi d’Arménie. Le spectacle
fut si magnifique, que le roi barbare, venu en Italie pour recevoir le
diadème des mains de l’empereur, en fut émerveillé. Dion Cassius, à qui
j’emprunte ce trait, ajoute que les dépenses de la fête furent entièrement
supportées par l’affranchi Patrobius, d’origine éthiopienne, qui pendant
un jour entier ne laissa entrer dans l’amphithéâtre que des Africains. Le
prince arménien, pour faire montre de son habileté à tirer de l’arc, et
aussi pour honorer le magnifique affranchi, frappa et tua d’un seul coup,
du haut du podium, deux taureaux furieux. A ces spectacles, déjà si
sauvages et si cruels par eux-mêmes, les supplices des chrétiens ajou-
tèrent bientôt un nouveau caractère de barbarie. C’est ici que saint Jan-
vier fut exposé aux bêtes, et l’on montre encore dans le corridor circu-
laire de l’amphithéâtre, sous les grandes arcades qui supportent la rangée
supérieure des gradins, la petite cellule où le pieux évêque fut enfermé
avec ses compagnons : cette cellule a été convertie en oratoire. Aban-
donné pendant huit siècles comme un monument inutile, l’amphithéâtre
de Pouzzoles fut complètement enseveli en 1198 sous les débris de l’érup-
tion de la solfatare : ce n’est que depuis 1848 qu’il a été déblayé et rendu
à la curiosité des touristes sous la direction du savant archéologue Mi-
chèle Ruggiero.
Nous descendons la colline par l’antique voie Antiniana, et nous tra-
versons les rues de la ville, autrefois si bruyantes et si animées, aujour-
d’hui presque désertes et silencieuses. Le calme n’est troublé que par
une bande de gamins de huit à dix ans, entièrement nus, sauf une mé-
daille suspendue à leur cou, qui jouent sur la place. Cet usage choquant
était général, m’a-t-on dit, il y a peu d’années, à Naples et dans toute
l’Italie méridionale; mais les mœurs publiques deviennent plus sévères,
et l’on commence à vêtir les enfants dès leur bas âge. C’était la première
fois que nos yeux étaient offensés par une nudité aussi complète. Quelques-
 
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