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https://doi.org/10.11588/diglit.1113#0009
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VOYAGE PITTORESQUE
DE LA GRÈCE.
CHAPITRE TREIZIEME.
Jr l u s de vingt ans se sont écoulés depuis que j'osai publier le premier
volume du Voyage pittoresque de la Grèce. Cette entreprise étoit une té-
mérité de mon âge. Quel éclat de talens, et en même temps quelle maturité
de réflexion,n'eût-il pas fallu pour parler dignementde ces régions, enchan-
tées par la Fable et consacrées par l'Histoire ; de tous ces lieux jadis si célè-
bres, si riches de souvenirs , si imposans encore dans leurs ruines ! je les
avois parcourus et contemplés avec l'enthousiasme de la jeunesse, et c'étoit
sur-tout des illusions de cet enthousiasme qu'en écrivant j'avois à me dé-
fendre. Heureusement je ne tardai pas à le reconnoître. Prêt à retracer cette
foule d'impressions diverses dont le sentiment étoit en moi si présent et
si vif , je craignis qu'on ne m'accusât tour - à - tour d'exagérer ce que
j'avois vu, et de parler avec légèreté de ce que je n'avois pas su voir. Cette
crainte, si bien fondée , ne me fut pas inutile : elle me laissa bien toute
ma foiblesse , mais au moins elle me sauva de plus d'une erreur , de celle
Tome II. i
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VOYAGE PITTORESQUE
DE LA GRÈCE.
CHAPITRE TREIZIEME.
Jr l u s de vingt ans se sont écoulés depuis que j'osai publier le premier
volume du Voyage pittoresque de la Grèce. Cette entreprise étoit une té-
mérité de mon âge. Quel éclat de talens, et en même temps quelle maturité
de réflexion,n'eût-il pas fallu pour parler dignementde ces régions, enchan-
tées par la Fable et consacrées par l'Histoire ; de tous ces lieux jadis si célè-
bres, si riches de souvenirs , si imposans encore dans leurs ruines ! je les
avois parcourus et contemplés avec l'enthousiasme de la jeunesse, et c'étoit
sur-tout des illusions de cet enthousiasme qu'en écrivant j'avois à me dé-
fendre. Heureusement je ne tardai pas à le reconnoître. Prêt à retracer cette
foule d'impressions diverses dont le sentiment étoit en moi si présent et
si vif , je craignis qu'on ne m'accusât tour - à - tour d'exagérer ce que
j'avois vu, et de parler avec légèreté de ce que je n'avois pas su voir. Cette
crainte, si bien fondée , ne me fut pas inutile : elle me laissa bien toute
ma foiblesse , mais au moins elle me sauva de plus d'une erreur , de celle
Tome II. i