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ESSAI HISTORIQUE.

Une institution entre autres dont le nom revient sans eesse dans les lois romaines
cl dans les inscriptions est celle des corporations ou collèges d'ouvriers : étranges
associations, dont les anciens ont malheureusement négligé de nous transmettre eux-
mêmes les détails, et dont il faut reconstituer l'histoire par un rapprochement
pénible de documents épars. Tantôt une concession de privilèges, tantôt une loi sur
les contributions publiques, nous met sur la trace de leurs immunités ou de leurs
servitudes; telle inscription nous laisse entrevoir, sous des listes de litres obscurs
autant que multipliés, une hiérarchie complexe établie dans chacun de ces collèges :
telle autre nous révèle par des fragments textuels une série de statuts librement
acceptés dans les corporations, et qui réglaient les rapports de leurs différents
membres. — Ce sont en somme des documents bien incomplets; mais, malgré le
vague regrettable de quelques-uns d'entre eux, une vue générale jetée sur l'ensemble
laisse dans notre esprit une impression d'une certaine netteté : un l'ait capital parai I
ressortir de ces témoignages partiels, c'est l'existence d'une société ouvrière profon-
dément distincte du reste de la sociélé romaine, et placée par une organisation
hiérarchique et par un système de privilèges et de servitudes, entre les mains des
empereurs.

Du reste, cette organisation est de date récente. Avant de devenir un instrument de
la centralisation impériale, les collèges ouvriers eurent longtemps à lutter pour faire
reconnaître leur existence et sanctionner leurs franchises : la lutte s'engagea dès
les premiers temps de Rome, pour se prolonger avec des chances diverses pendant
une durée de près de huit siècles ; et ce fut seulement sous Hadrien que les corpora-
tions prirent leur rang définitif parmi les institutions régulières, et commencèrent à
jouer ce rôle important qui devait leur rester dans l'économie intérieure de l'Empire.

Les premières origines des corporations ouvrières se confondent pour ainsi dire
avec celles de la nation romaine ; peut-être même faut-il compter la création des
collèges parmi les nombreux emprunts faits à l'Etrurie pendant la période d'organi-
sation pacifique à laquelle les historiens ont attaché le nom de Numa. Puis, quand les
préoccupations des liomains se tournèrent de nouveau vers les entreprises guerrières,
on vit l'institution un instant ébranlée se relever sous une forme nouvelle : l'influence
passa presque tout entière aux corporations capables de concourir par leurs services
aux travaux militaires, à l'équipement des armées, à la confection et à la manœuvre
des machines de guerre; et enfin, lors du classement du peuple par centuries, l'im-
portance de ces corporations était devenue assez grande, pour qu'elles fissent à elles
 
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