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Claretie, Jules
Histoire de la Rev́olution de 1870-71 (Band 1): Chute de l'empire, la guerre, le gouvernement de la défense nationale, la paix, le siège de Paris, la Commune de Paris, le gouvernement de M. Thiers — Paris, 1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.13402#0739
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HISTOIRE DE LA REVOLUTION DE 1 870-7 1.

cier d'artillerie, qui signe enfin de son nom et de
ses titres (Bargella, lieutenant-colonel d'artillerie,
aide de camp du général liossef', ministre de la guerre))
se laisse aller à un accès d'épilepsie littéraire qu'il
est peut-être bon de placer sous les yeux du lec-
cur :

« Vous, bourreaux ébQntés, ignobles polirons,
ramollis abjects, bourgeois fétides, idiots féroce:?,
qui l'avez tué sournoisement, notre BosseU uprès
l'avoir supplicié durant qnni.re-vingt-dix jours et
quatre-vingt-dix nuits, vous, Martel, président de
l'infâme Commission des grâces; vous, PiéHi vice-
président; vous, Bastard, secrétaire ; Vous, Voisin;
vous, Batbie; volts, Maillé; vous, Duebate}; vous,
Peltcreau-Villenouve; vous,Lacaze; vous, Tail-
band; vous, Quinsonas; vous, Bigot; VOUS, Mer-
veilleux-TJuvigncaux ; vous, Paris; vous, Corne,
vous verrez, sachez-le, se dresser un matin et pour
vous tous, les potences de Moidfaucon. Mais ce
sera place de la Concorde. A ces gibets énormes,
ou s'accroebaient jadis les misérables indignes de la
hache et du billot, on vous accrochera. Et vous se-
rez là, pendus, la face convubée, la langue grosse,
toute bleui°. et 1rs yeux jaillissants. Et vous y reste-
rez nuit et jour, au soleil, à la pluie, jusqu'à pour-
riture complète de Votre sale cadavre, qui, lam-
beaux par lambeaux, s'en ira dans la poussière ou
dans la boue de la place publique. »

On mê pardonnera d'avoir cité cette horrible
page. La plume, en la transcrivant, me tombe des
mains. Ne faut-il pas, cependant, montrer ou en
sont ces espiits affolés qui, émigrés de la guerre
civile, n'ont rien appris, ni rien oublié?

Écoutez au moins M. Gambon, qui, dans une
brochure intitulée la Dernière révolution, malgré
sa colère, garde sa raison, cl bse du moins parler
de travail et de probité :

a Au Peuple de Paris, héroïque défenseur de la
Commune,,— de la Fédération, — de la République
universelle ;

((Aux glorieux martyrs de la sainte cause du

travail ;

«Aux citoyens et citoyennes qui ont eu te courage
■3 refuser l'impôt aux oppresseurs;
« Je dédie ces lignes.

« Et je les soumets fraternellement à l'examen
do Y Association iutt-rnaiionâte des Travail1 eurs et
de tous les hommes de bien qui veulent la paix et
la liberté dans le monde. D

Et il ajoute î

«L'heure de la vengeance, s'écrie-t-il, non,
l'heure de la jUslico a sonné. La Révolution, trahie
par la bourgeoisie, vaincue pnr l'étranger, frappée
par des fils égarés, insultée chaque jour par des

écrivains à gages, sj'sté^atiquement calomniée par
le prêtre dans quarante mille tribunes, condamnée
et exécutée froidement par les soldats de Versailles,

exige de nous une revanche : il la faut éclatante,
décisive.

« Si le peuple veut, demain la liberté se lè-
vera radieuse sans une tache au front et triom-
phante sur tous les points du globe. C'est au travail
à prouver sa souveraineté en gagnant la dernière
bataille, en exécutant à son tour les exécuteurs, —
tloffie, Versailles et Berlin. Il peut d'un coup tuer
tout à la fois pape, empereur, monarchie, féoda-
lité allemande ou bourgeoisie française, frapper
tous les despotismes, tous les privilèges, toutes les
aristocraties de naissance, de la terre et du capital,
pour élever sur ces ruines la seule aristocratie lé-
gitime et durable, celle du travail et de la probité.

« Mais que la conscience publique, déjà trop
Irnublée, se rassure. Pour obtenir cette victoire,
nous ne renouvellerons ni les tueries du 24 juin 48,
ni les assassinats de 51, ni les massacres de 71;
nous n'aurons recours ni au bombardement de
M. Thicrs, ni aux fusillades des femmes et des en-
fants par Mac-Mahon, ni au peloton d'exécution
Gallifet, ni aux conseils de guerre des Versaillais, ni
àCayenrie, ni à la déportation, avec ou sans en-
ceinte fortifiée de Bonaparte, ni aux galères, ni à
la guillotine des bourgeois : ce sont des procédés
que nous abandonnons à MM. les royalistes, aux
honnêtes et modérés de la politique de la guerre.
Nous, nous nous en tiendrons à la tradition tout
humaine delà politique de l'avenir, de la politique
de la paix et de la liberté.

« La révolution sociale, différente des révolu-
tions politiques, ne peut se faire que par des pro-
cédés scientifiques, économiques, qui donneront à
la vieille société, née de la force, une base nouvelle,
le droit, )>

Reste à savoir (nous y reviendrons) si cette
odv use bourgeoisie française a achevé son œuvre, et
si, mue au peuple, elle ne peut pas, elle ne doit pas
encore sauver une fois la France. Mais comment
faire entendre cette vérité à des sourds, la montrer
à des aveugles volontaires? Maudite soit la haine
qui obscurcit tontes les questions, divise, creuse
des fossés, rend toute transaction impossible !

Une autre brochure, ayant pour titre : la Revan-
che de la France et de la Commune, par un représen-
tant du peuple de Puris, réhabilite la Commune et
injurie l'armée :

« L'armée française n'est plus qu'un troupeau
de barbares se vengeant sur ses frères de sa chute
devant l'étranger. »

Passant ensuite à l'examen des actes dfi la Com-
mune, l'auteur fait un long panégyrique de cette
administration, et déclare qu'elle a décrété « la li-
berté absolue de la presse, et que si elle suspendit
quelques journaux, cela tint à l'état de guerre.

« Elle abolit le secret et les prisons cellulaires.

« Eile supprima la police et la préfecture.
 
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