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Claretie, Jules
Histoire de la Rev́olution de 1870-71 (Band 1): Chute de l'empire, la guerre, le gouvernement de la défense nationale, la paix, le siège de Paris, la Commune de Paris, le gouvernement de M. Thiers — Paris, 1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.13402#0106
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§2 HISTOÏRB bIS LA RÉVOLUTION DE Î870*7i.

ment, que ses intérêts ne courent aucun risque,
est-ce que vous croyez qu'elle continuerait à don-
ner ce triste exemple? (Non! non!)

passer du pis au mieux, la France entière vous
donnera les mains.
Et pour prouver que vous saurez gouverner, il

Mais qu'y a-t-il donc à faire? Montrer que vous 1 faut dès aujourd'hui vous gouverner vous-mêmes,

n'êtes pas ses ennemis. La réforme politique con- Le parti démocratique doit avoir une discipline

lient en germe les réformes sociales. Je dis les, car démocratique. Qu'il ait une avant-garde, un corps

cette unité que l'on appelle la question sociale d'armée et même des traînards, rien de mieux ;

n'existe pas. 11 n'existe que des besoins multiples
qui sont tantôt l'accession à la propriété, tantôt
l'accession au travail, tantôt l'accession à l'asso-
ciation.

A côté de ces besoins sociaux d'une partie de la
masse électorale, il est des droits légitimes qui ne
sont pas opposés aux vôtres et qu'il faut rassurer.

mais il faut que tout forme une seule phalange mar-
chant vers l'avenir.

Si Paris donnait ainsi l'exemple d'une démo-
cratie disciplinée, rangée en bataille, écoutant les
conseils de ses chefs, répudiant toute anarchie, la
France se verrait en face d'un régime déterminé,
d'un système précis, et la confiance en nous renaî-

II faut leur dire et leur prouver dès à présent, par trait,
la sagesse de votre conduite, qu'avec vous la pro- j La discipline est surtout nécessaire sur le
priété ne court aucun péril, tandis qu'elle en court j champ de bataille, qui est la Chambre. Sur ce
de sérieux avec les guerres, les dépenses et le favo- ; point, un progrès a été fait; il existe maintenant
ritisme, inséparables du système monarchique. ; une vraie gauche, fermée à tout député qui n'est
Il faut prouver que vous n'êtes pas le parti des j pas républicain. D'un autre côté, le plébiscite a

conspirations, puisque vous vous déclarez contre
l'homme dont trois conspirations ont fait la for-
tune. (Applaudissements.)

Mais gardons-nous de récriminer contre le suf-
frage universel, parce qu'il se trompe. Même dé-
naturé, n'oublions pas qu'il est notre principe. Et

provoqué la formation du comité où les représen-
tants de la presse sont unis aux députés. La cam-
pagne que l'on vient de tenir a prouvé que, de
ce côté, on était capable d'entente et de discipline.

Si chacun consent à accepter la direction con-
seillée à tous, si les chefs ne se divisent pas entre

moi qui suis un homme de paix, je professe un tel eux, ce sera la réalisation d'un gouvernement, et
respect pour cette souveraineté légitime, que je
n'hésiterais pas à faire appel à la force, si l'on vou-
lait y porter la main ! Le suffrage universel est l'ac-
cession de chaque conscience, de chaque raison au
gouvernement de la nation ; c'est l'ancre du salut !
Nous avons tout à en attendre et j'affirme qu'avant
longtemps notre attente sera justifiée. (Oui ! oui !)

Que sont pour l'empire ses sept millions de
voix? Ce sont autant de créanciers. On l'accepte,
soit; mais on lui dit: Nous voulons être gouvernés
et non pas exploités. Nous, députés, revêtus parle
suffrage universel d'un mandat aussi vigoureux,
aussi valable que l'empire, nous serons là pour ré-
clamer, au nom des sept millions de créanciers, les
réformes principales qui sont leurs droits primor-
diaux. J'en cite deux : l'instruction gratuite et obli-
gatoire et le droit d'association.

Ces deux réformes, on les fera réclamer, s'il le
faut, par un immense pétitionnement que le conseil
d'État n'arrêtera pas, parce que le courant empor-
terait la digue. Si l'on cède alors, on accordera à
la démocratie ses satisfactions essentielles : les
moyens d'émancipation du suffrage universel ; si
l'on résiste, la démocratie se satisfera toute seule.

Mais la tâche importante , c'est de délivrer la
bourgeoisie et la province de cette peur de l'in-
connu dont je parlais. Comment? En leur montrant
du connu. On a peur qu'après avoir défait un gou-
vernement, on ne sache rien mettre à la place. Il
importe peu à la France d'être gouvernée par tel
ou tel; ce qu'elle veut, c'est la certitude d'être bien
gouvernée.

Il faut donc lui prouver que vous êtes imparti
capable de remplacer ce que vous jugez mauvais
par quelque chose de meilleur. Alors la peur de
i'incop^u disparaît, et dès qu'il ne sJagira que de

ce sera en même temps la preuve qu'avec nous on
ne court pas le risque d'être mal gouverné.

Cette modération et cette discipline vaincront
l'indécision et dissiperont les terreurs sans fonde-
ment de ceux dont les cœurs sont depuis longtemps
avec nous ; car s'il est un point où l'on nous donne
raison ; c'est la sublimité de notre idéal et l'excel-
lence de nos principes. (Applaudissements prolon-
gés.) »

N° 2.

VOTES DE L'ARMÉE EN 1852 ET EN 1870

1852 1870

Ain........................ 1,232 7,005

Aisne....................... 4,367 22,930

Allier....................... 433 7,417

Alpes (Basses-)............... 160 6,097

Alpes (Hautes-).............. 306 3,828

Alpes-Maritimes............. 340 5,780

Ardèche.................... 729 16,703

Ardennes.................... 2,753 4,443

Ariége..................... . 292 5,632

Aube....................... 2,355 13,829

Aude...................... 576 12,192

Aveyron.................... 883 4,327

Bouches-du-Rhône........... 2,555 52.775

Calvados.................... 3,615 10,993

Cantal...................... 323 2,858

Charente.................... 1,252 7,057

Charente-Inférieure........... 2,069 15,925

Cher....................... 1,103 16,077

Corrèze.................... 409 3,400

Corse...................... 27 4,675

Côte-d'Or.................. 2,549 28,497
 
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