Le courier politique et galant (1720)

Cn vifyue dit-on au Cnmmerce
Mais rien n'efl d craindre pour nous 3
Si ce n'eft qu'en faifant les joux }
Notre Bouteille ne renverje.
lei du Pdis de Cocagne ,
Nous avons la realite ;
Buvons d la prosperite ,
Qui dans ces lieux nous accompagne.
Bwvtns , rions , faifons ripaille ;
Puisqu'en dormant nos Mclions }
Nous produifent des Millians 3
A quoi sert-il que Von srctvaille.
Cette Lettre a ete ecrite, Sc cettc Chanson a etc
faite , sans doute avant la publication de l’Arret
pour la diminution du Papier, qui n’aura pas tenu
le coeur des perdans en joye. Mais Messieurs les
Millionnaires seront encore assez heureux , que
leur Bien ne diminiie que de moitie , qu’ils retran-
chent aussi la moitie de leurs depenses , ils en fe-
ront encore plus que de raison : Ceux qui n’ont
rien gagne voudroient bien etre a leur place.
Comme depuis cet Arret, qui porte que les
Billets de Eanque seront recüs pour leur valeur fin-
tiere au Bureau des Rentes viageres ordonne'es par
Arret du Conseil du 16. Mai a 4. pour cent, plu-
iieurs personnes domiciliees ici avoient desTein de
faire acquisition de ces Rentes, il est a propos d’a-
vertir qu’il n’y a que les Sujets de Sa Majeste de-
meurans atluellement dans le Royaume qui peuvent
en acquerir. S’ilestvrai, comme quelques nou-
veiles le portent , que Mr. Demewves , Banquier
de Paris , ait donne plus de deux Millions pour
delivrer des prisonniers detenus pour dettes , cette
action lui fera plus d’honneur parmi les gens cen-
sez , que n’auroient fait les plus grandes Allian-